Aïdara Diop, coordonnateur de l’intersyndicale de la Sonatel : « Dès l’entrée en vigueur du décret les tarifs vont baisser »
lundi 7 mai 2012
Aïdara Diop, coordonnateur de l’intersyndicale de la Sonatel, réagit à la décision de l’Etat d’abroger le décret portant surtaxe sur les appels entrants au Sénégal
Comment avez-vous accueilli la décision de l’Etat d’abroger le décret portant surtaxe sur les appels entrants ?
« On l’a accueillie avec un grand soulagement et une grande fierté. Pour dire que notre mobilisation n’a pas été vaine. Nous en remercions le président de la République et son gouvernement. Il confirme un engagement qui n’était pas électoral, mais un engagement qu’il a pris avant d’aller en campagne électorale ».
Avec cette mesure, quelles doivent être les attentes des Sénégalais par rapport à la Sonatel ?
Pas seulement par rapport à la Sonatel, mais au secteur des télécoms, en général. Notre bataille n’était pas seulement focalisée sur la Sonatel. Mais c’est vrai que Sonatel est leader du secteur, et en tant que tel, il tire le secteur vers le haut ou vers le bas. Cette mesure avait plombé le secteur. Dans la dernière période de la lutte, tous les opérateurs, à l’unanimité, se sont retrouvés contre cette mesure. Les mêmes analyses en termes d’impacts négatifs, faites par la Sonatel, sont les mêmes que Tigo a faites, avec les mêmes proportions en termes d’impacts. Les attentes que nous avons, c’est surtout une régulation beaucoup plus transparente, orientée vers la stabilité du secteur, non une régulation orientée vers la recherche de recettes pour l’Etat. Les opérateurs sont suffisamment imposés, il y a l’impôt sur les sociétés ; la Contribution au développement des télécoms (Codete), qui alimente pour 95% le fonds de l’énergie ; la Redevance pour l’utilisation des services de télécom (Rutel), qui est passée de 2 à 5 %. Il faut réguler le secteur pour stabiliser les coûts et faire engager au niveau des opérateurs, des politiques qui permettent un accès facile aux services des télécoms. Aussi bien du point de vue du coût que de la qualité des services. On attend le régulateur.
Est-ce que la mesure sera ressentie dans la facturation ?
Le régulateur doit travailler à ce que les opérateurs mettent le paquet en termes d’accès et de coût. Pour qu’il y ait des tarifs beaucoup plus à la portée des clients. Le premier impact de la mesure d’abrogation, c’est la diminution des tarifs. Les tarifs internationaux entrants avaient augmenté de près de 60%. Avec l’abrogation du décret, les tarifs vont revenir à 60%, moins cher que pendant l’application de la surtaxe. Heureusement, ça ne va pas se faire automatiquement. Les opérateurs vont baisser, mais le marché va rester un, deux à trois mois avant de se stabiliser. C’est aussi ça le danger de déstabiliser un marché sur lequel on n’a pas de prise. A partir du Sénégal aussi le tarif avait augmenté d’à peu près 46% vers les pays africains, en particulier les pays de l’Uemoa. Là, ce sera moins compliqué, parce que ce sont en général des relations entre opérateurs, qui vont circuler dès l’entrée en vigueur du décret et automatiquement, les tarifs vont baisser dans les dix à quinze jours. Mais ce ne sera pas le cas pour le trafic international : de l’Europe vers le Sénégal, ou des Etats Unis vers le Sénégal.
Latir Mané
(Source : L’Observateur, 7 mai 2012)