Afrique du Sud/Cours à distance : Menace de boycott des étudiants
dimanche 19 avril 2020
En Afrique du Sud, alors que le confinement est en place depuis trois semaines, les universités continuent, en conséquence, leurs cours en ligne. Une décision pas toujours bien vécue par de nombreux étudiants qui ont de la peine à se connecter à Internet.
Les étudiants de l’université de Johannesburg menacent l’établissement de boycott à partir de lundi 20 avril. En effet, certains n’ont pas Internet chez eux et le coût des données mobiles décourage beaucoup de jeunes à suivre leurs classes en ligne.
L’Afrique du Sud est le deuxième pays le plus cher au monde pour Internet et le deuxième pays le plus cher d’Afrique pour l’achat de données mobiles. Étudier à distance est un cauchemar pour beaucoup en Afrique du Sud.
Lunathi est étudiant en photographie et ne peut assister qu’à un quart de ses cours en ligne par semaine.
« Le problème c’est que je ne peux pas acheter de données mobiles sur mon portable. Nous sommes beaucoup à la maison. On doit faire un choix. Est-ce que l’on sacrifie l’argent pour m’acheter des données mobiles ou bien on sacrifie l’argent pour faire les courses ? Le choix est vite fait », dit-il.
Le confinement accroît les inégalités d’accès à l’éducation. L’un de ses professeurs, Jabulile Dhlamini, peut en témoigner.
« La moitié seulement de mes étudiants a pu m’envoyer les images de leurs examens. Certains ont même dû aller dans des bâtiments publics comme les bibliothèques par exemple, dans l’espoir de trouver une connexion Internet mais c’est interdit en période de confinement », explique-t-il.
Alors quand le « système D » ne suffit plus, c’est la panique. Hendricka a 19 ans et étudie le journalisme à l’université de Johannesburg.
« A partir de lundi, les cours seront entièrement en ligne. C’est une mesure qui va condamner beaucoup d’entre nous. Ça va me pénaliser car je ne peux pas les suivre. Je vais sûrement être exclue ou alors redoubler », redoute-t-elle.
Un syndicat étudiant annonce un boycott, lundi, à Johannesburg et au centre de ses exigences : pas de sanctions ni de redoublement ainsi que l’envoi de données mobiles aux étudiants pour qu’ils puissent se connecter à Internet gratuitement.
(Source : RFI, 19 avril 2020)