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Afrique : Les applications locales de VTC à l’assaut de Uber

lundi 28 août 2017

Il y a peu de temps encore, les transports publics au Caire, à Freetown, à Lagos, à Nairobi et dans d’autres villes africaines étaient chaotiques et dangereux. La fiabilité douteuse des taxis n’a pas amélioré la situation. Mais l’arrivée d’Uber pourrait changer la donne.

Uber, la société mondiale de covoiturage lancée aux Etats-Unis en 2009 qui s’appuie sur les smartphones pour le paiement des trajets, est devenue l’alternative la plus répandue en raison de ses prix équitables, de ses normes de qualité et de sa commodité.

En juin dernier, Uber opérait dans 15 grandes villes africaines, avec quelques 60 000 chauffeurs en Egypte, au Ghana, au Kenya, au Maroc, au Nigéria, en Afrique du Sud, en Tanzanie et en Ouganda.

Son ambition est de dominer les transports en Afrique, mais elle se heurte à une forte concurrence des entreprises locales. Sans le vouloir, Uber a déclenché la propagation de la technologie mobile et de la cartographie par la collecte des données géospatiales à partir d’un véhicule. Désormais, et grâce au savoir-faire croissant de l’Afrique, des entreprises locales créent leurs propres applications proposant des produits et services adaptés aux clients de différents pays voire de différentes villes, bénéficiant ainsi d’une certaine avance sur les services étrangers.

Localisation de la technologie

L’application Little Cab lancée au Kenya en 2016 par l’opérateur de téléphonie mobile Safaricom, propose un service de covoiturage qui fonctionne comme Uber, sauf qu’il accepte en plus le système de paiement mobile MPesa. Uber ne payant cependant pas de frais de stationnement et d’autres charges citadines, ses tarifs sont moins élevés.

60 000 chauffeurs travaillent pour Uber dans 15 grandes villes africaines en Egypte, au Ghana, au Kenya, au Maroc, au Nigéria, en Afrique du Sud, en Tanzanie et en Ouganda.

Pourtant, 94% des Kenyans préfèrent MPesa à d’autres moyens paiements. Selon le rapport annuel 2016 de Safaricom, Little Cab a réussi à ralentir la pénétration sur le marché par Uber.

En Afrique du Sud, Africa Ride local, qui offre une variété d’options de paiement comme des plans de paiement hebdomadaires, mensuels et via les applications de portefeuilles mobiles, gagne en popularité. La société est active au Cap, à Johannesburg et à Rustenburg, trois des plus grandes villes du pays, et permet aux particuliers, aux entreprises, aux ONG et aux ministères de créer leurs propres comptes.

Uber reste néanmoins déterminée à reprendre le dessus et s’associe à des entreprises locales pour accroître son attractivité. Au Nigéria, elle s’est associée à la plateforme de paiement Paga, une application de portefeuille électronique qui facilite également les paiements avec les cartes de débit locales et en espèces pour ses 6,4 millions d’utilisateurs.

« Le partenariat avec Paga permet à davantage de Nigérians d’avoir accès à Uber, nombre d’entre-eux n’étant pas encore à l’aise avec l’utilisation de leurs cartes de débit ou de crédit », a déclaré EbiAtawodi, Directeur général d’Uber Nigeria.

Une concurrence saine

Au total, l’Afrique accueille près de soixante services de covoiturage dans 21 pays. Certains ont tenté de s’adapter aux réalités socio-économiques locales, mais n’y sont pas toujours parvenus. Bodapp, lancé en 2016 à Nairobi, a fermé son service de taxis et moto-taxis (boda bodas) après seulement deux mois. La société a déclaré dans un contexte de concurrence féroce qu’elle se concentrerait sur son activité coeur de métier, la logistique.

Pour perdurer face aux concurrents, de nombreuses entreprises ont mis en place des incitations pour les passagers et les conducteurs. Réagissant aux plaintes sur la rémunération des chauffeurs Uber en Afrique du Sud, Africa Ride a annoncé que plus de 500 chauffeurs recevraient une participation plus importante dans l’entreprise.

« Nos chauffeurs sont co-propriétaires. Ils constituent un groupe d’administrateurs qui détient un certain pourcentage de l’entreprise », a déclaré Thabo Mashale, fondateur d’Africa Ride, à Disrupt Africa qui diffuse l’actualité des start-ups.

En 2017, la start-up sud-africaine WhereIsMyTransport a lancé l’application Transport for Cape Town, qui fournit des informations sur les déplacements en temps réel, y compris les horaires, les incidents, et les sites à visiter. Le programme devrait s’étendre à six autres villes sud-africaines en 2017 : Bloemfontein, East London, Durban, Ekurhuleni, Johannesburg et Tshwane.

Cartographie des villes

Le projet Digital Matatus, une initiative conjointe de la société de développement Groupshot aux États-Unis, de chercheurs de l’Université de Columbia et de l’Institut de Technologie du Massachusetts (MIT), avec l’Université partenaire de Nairobi, a recensé dans une base de données à l’aide de smartphones et de GPS les routes pour les minibus (Matatus) de Nairobi,

La compilation a été publiée en 2014 sous forme de carte complexe qui a été adoptée par les designers et les développeurs. Les plateformes de co-voiturage permettent aux clients d’accéder à la carte digitale Matatus via un SMS. Le projet a été salué pour sa contribution à l’amélioration du système de transport public de Nairobi, sans horaires ni itinéraires fixes.

Bien que le covoiturage ne soit pas entièrement nouveau en Afrique puisqu’il existe avec des modes de transport traditionnels tels que les minibus, les taxis brousse et les voitures partagées, le modèle unique d’Uber, qui associe transport et technologie, a stimulé l’imagination et inspiré des initiatives innovantes.

Les Défis

Les chauffeurs de taxi traditionnels ne voient pas d’un bon oeil ces développements, et craignent de perdre leurs emplois ou leurs revenus. « Uber détruit notre métier au Nigeria avec des tarifs moins chers », a déclaré Tony Oyesoya, chauffeur de taxi à Lagos, au Nigeria. M. Oyesoya a déclaré que, même si les tarifs Uber sont moins élevés, la compagnie applique souvent des surcharges dès qu’il y a des embouteillages. Il a ajouté que les syndicats de taxis à Lagos pensent à évoquer le problème avec le gouvernement.

Comme leurs homologues au Nigéria, les taxis sud-africains se plaignent de pratiques anticoncurrentielles de la part d’Uber. En mars, ils ont manifesté en bloquant les routes de l’aéroport, tandis que les chauffeurs Uber au Kenya ont été agressés et leurs voitures incendiées. L’association de taxis South Africa Meter a répondu cette année en développant sa propre application, Yookoo Ride, qui relie les passagers aux chauffeurs de taxi traditionnels.

De nombreux gouvernements africains semblent avoir été surpris par la tournure des évènements et s’empressent de mettre en place des politiques réglementaires. L’année dernière, le Ghana est devenu le premier pays d’Afrique à se doter d’une Norme de Compréhension (SOU) signée entre le Ministère des Transports et Uber énonçant les grandes lignes de conduite pour les activités de taxi. Elle encourage l’utilisation de la technologie tout en la réglementant pour les passagers, les conducteurs et les entreprises.

D’après les experts, les approches innovantes augmenteront malgré les régulations, notamment avec une hausse potentielle des smartphones en Afrique.

Uber a peut-être pris les devants en Afrique, mais les entreprises innovantes locales de transport bénéficiant d’une meilleure connaissance des réalités socioéconomiques, pourraient exploiter encore longtemps leur filon dans ce secteur hautement compétitif.

Eleni Mourdoukoutas

(Source : Africa Renewal, 28 août 2017)

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