« Aux voleurs ! » est une dégoutante insolence qui me mettait dans un état second. J’en avais toujours le visage sombre et les deux yeux rouges de colère. C’est à peine que j’étouffais une envie irrépressible de dézinguer. Mais à force de tinter dans mes oreilles c’est devenu une sorte de jingle doux, une pique presque bénigne qui fait plus pouffer de rire que fâcher réellement. En vérité voir son entreprise couverte de méprisables caricatures et constamment mise sur la sellette, toujours sommée de justifier sa rentabilité est tout de même un supplice très pénible pour tout travailleur. Même si, comme une espèce de sédatif, la légèreté de telles incriminations dispense raisonnablement de répliquer ou de se fendre en dénégations.
Non qu’il faille s’emmurer dans un stoïcisme muet et pusillanime en attendant le coup d’assommoir final ou s’encagouler et raser les murs pour échapper aux âcres persifflages. Pas vraiment : nous ne froisserons pas pour autant notre prestigieuse bonhommie, nous optons pour la hauteur, marchons droit, la tête haute, les hommes torse bombé, les femmes majestueuses, Marie Madeleine-queue-de-cheval aux firmaments, avec en bandoulière cette fierté d’appartenir à l’entreprise la plus utile au pays.
Chut ! On bosse ! N’est-ce pas la seule réponse lapidaire qui vaille en ces temps de tourments où les coups tordus viennent de toute part ? Une question alors me brule les lèvres : comment on en est arrivé là, dans ce pays à l’idée triviale que tout fortuné est un voleur crapuleux, toute réussite est d’amblée suspecte, jusqu’à à chercher cyniquement des voluptés dans le lynchage du « du riche » et que tous les ingrédients senteurs piquantes y compris poivre et piment rouge de Cayenne sont assemblés pour pulvériser le « champion ».
L’information toxique est dévastatrice
Soyons clairs, tremper sa plume acérée dans l’encrier de la cruauté pour bousiller d’un trait la réputation d’une entreprise de référence internationale est une horrible voyouterie, un rituel affreux mais dont on se délecte malheureusement sans retenue dans ce pays. A la limite, on peut se tromper de jugement, prendre même un ange bienveillant pour un monstre hideux, cela relève d’une méprise de bonne foi vite corrigée lorsque que l’on a la bonne information. Mais si l’on met sciemment tout son génie, tout son talent pour concocter savamment de croustillants mensonges dans l’unique dessein de bourrer les têtes candides de belles extravagances dans les apparences de la vérité, cela relève d’une répugnante et déstabilisatrice mauvaise foi.
Je ne peux imaginer même pas dans l’instantané d’un cauchemar que l’on traite de « voleur » ou de « fraudeur fiscal » une Société cotée en bourse avec surtout l’effet réducteur que cela peut avoir sur la confiance des actionnaires et les perturbations désastreuses sur le marché. L’esprit citoyen même respectueux de la liberté de la presse et de droits d’expression chèrement acquis ne peut comprendre que l’on s’attaque avec tant de véhémence et de férocité au Groupe Sonatel, dont l’ignoble « péché » n’est pas d’un autre ordre que d’être performante. Pis, tous ces virulents hackers font fi éperdument de de toutes les conséquences fâcheuses sur son image et le cortège de malheur que cela peut entrainer sur ses propres filiales à l’étranger.
Tout observateur attentif, affranchi de tous préjugés sait que cette affaire dite de la « 4G et toute la tempête médiatique qu’elle a suscitée n’est en définitive que le bout apparent d’un gigantesque iceberg. A croire même que des sentiments moins purs en constituent assurément la toile de fond. Examiné avec lucidité, le « non » guttural de Sonanatel ne procède que d’un refus vertueux de tordre le coup au rigide « business plan » au profit d’une logique despotique de « sers-moi par force ou bien j’ouvre le feu ».
Au fond, même si on refoule le terme ignorance parlant de ces pourfendeurs lui préférant son succédané plus doux la méconnaissance des règles implacables de gestion d’une entreprise responsable, je pense sincèrement que toute recherche de la vérité doit être poursuivie par un désir permissif de justice qui ne se laisse pas corrompre par le parti pris et la déraison. Seulement voilà, on en désole mais c’est tout ce qui arrive lorsque le discours véridique s’essouffle, ravalé par la déraison et les théories érudites et fallacieuses.
Dans ces conditions comment échapper à la manipulation des consciences, au rouleau compresseur d’un implacable matraquage propagandiste animé par des agitateurs obscurs à la vertu douteuse, assiégeant la toile et les réseaux sociaux, manquant si cruellement d’arguments pertinents à charge mais misant insidieusement sur le manque d’informations des sénégalais, pour leur faire gober de monstrueuses inepties et susciter leur fureur ? Tout est analysé à travers le prisme déformant de l’émotion et de la fibre patriotique, dans un simplisme bon marché, se détournant comme par subtile esquive de la rigueur et de l’éthique que suggère le traitement de l’information.
Inutile de préciser que ces médias ventraux et subversifs, sont sous la coupole de commanditaires nourrissant secrètement le funeste dessein de voir Sonatel choir pour jubiler avec liesse sur ses ruines encore fumantes. Difficile donc de ne pas tressaillir face aux coups de boutoirs de puissants gladiateurs étant entendu que Sonatel quoique solide ne se berce pas dans un confort douillet et non plus n’est pas une imprenable forteresse, loin sans faut. Elle est aussi assise sur des paramètres fuyants des NTIC qui remodèlent sans cesse et très fortement le paysage des télécoms.
Mais hélas, comme toujours, c’est le sénégalais lambda qui trinque. Couillonné, balloté dans tous les sens, relégué dans l’impasse obscure de l’ignorance, il ne comprend ni les tenants et aboutissants sous-jacents d’un bras de fer entre Sonatel et l’ARTP encore moins les enjeux colossaux qu’il catalyse et pour lesquels il est souvent sondé à opiner. Pris en otage dans un tourbillon politico médiatique, il lui est incapable de distinguer le vrai du faux, le héros du traitre encore moins le preux patriote du nuisible renégat.
Sonatel un oasis dans un désert à préserver
Une question se pose inévitablement : quel crime odieux cet opérateur a-t-il commis au point d’essuyer autant de rafales nourries ? Pourtant, Sonatel est de loin la plus performante du pays, le plus grand contributeur, le seul joyau à avoir échappé aux mauvaises mains. Voilà un Groupe sous régional de référence profondément attaché au dogme de la bonne gouvernance qui a achevé de faire du Sénégal un hub nodal du trafic international, un acteur essentiel des NTIC en Afrique. En toute objectivité, son expansion fulgurante, ses bénéfices qui font saliver, sont redevables à un leadership de qualité, capable de projection dans le temps, qui a eu le flair heuristique de penser une croissance externe en créant des filiales à l’étranger et ainsi rapatrier les dividendes d’une croissance externe soutenue (plus de cinquante milliards par année). Pour la beauté de la métaphore Sonatel parait à bien des égards à un point lumineux dans une sombre grisaille.
Tenez-vous bien, « Sonatel est sous la solde d’intérêts étrangers » est une grosse fable trentenaire. Est-il donc besoin, pour éclairer la lanterne des sénégalais de marteler d’une voix fauve aux accents yankee des détraqués du hip hop que Sonalel n’est pas une Filiale de France Telecom.
Elle est en partenariat avec elle dans le cadre d’une convention de coopération. Autant dire que Sonatel est une entreprise sénégalaise adulée partout et qui porte haut l’étendard du pays de par son aura mondiale. Elle est entre les mains sûres de cadres sénégalais bon teint épris de succès et rétifs à la médiocrité, des bosseurs héroïques qui suent nuit et jour pour la porter au pinacle. C’est justement grâce au génie humain sénégalais, que ce groupe est devenu un modèle performant combinant admirablement vertu économique et responsabilité sociétale. Un tel encrage dans la qualité du management lui a valu à deux reprises une consécration de Top Employer Africa 2014 et 2015 en Afrique du Sud. Et quoi encore ? Voici et voilà pour l’exemple un business model porteur de réponses aux aspirations de bonne gouvernance qui mérite d’être exhibé pour entrainer dans sa spirale ascendante les moins performantes en lieu et place des attaques hargneuses au vitriol.
Le 26 janvier 2016, l’Organisation Internationale de la Douane a décerné à Sonatel le Certificat de Mérite récompensant un partenariat exemplaire contribuant à hauteur de 12 milliards aux recettes de 2015. Loin des délinquants, abonnés aux jeux tortueux de l’évitement fiscal, Sonatel est une entreprise citoyenne qui paie ses impôts, contribue même à coup de milliards au fonds de l’énergie, respecte scrupuleusement ses obligations déclaratives et offre au Sénégal le modèle achevé de civisme fiscal.
Sans oublier une fondation bienfaitrice qui œuvre activement pour les couches défavorisées. Nul doute Sonatel est la société la plus fouillée. Régulièrement vérifiée par des corps de contrôles internes et externes à l’expertise pointue, ses comptes sont passés au laser par des commissaires indépendants, chevronnés et aguerris. Tout cela disqualifie d’un revers de la main les insinuations absurdes et à forte dose de somptueux mensonges colportés contre elle.
ARTP un arbitre gifleur
Dans un combat de lutte avec frappe, lorsque vous tentez un croc-en-jambe que votre adversaire déjoue, alors que vous vous y attendez le moins, un violent coup sur la nuque vous met KO, cela fait très mal mais la douleur est plus insupportable si le terrible uppercut vient de l’arbitre. Pour ainsi dire que l’attitude de samouraï de l’ARTP émeut et inquiète. La verve martiale de son très exquis bosse fait marrer. Voilà un arbitre fouettard qui, tous pectoraux en l’air opte résolument pour les empoignades et les crocs-en-jambe à la place de la concertation ? L’étrangeté ne réside pas seulement dans les inconvenantes civilités d’un régulateur gifleur mais du fait que l’Etat qu’il représente est le deuxième actionnaire de Sonatel (26% du capital).
Un saisissant paradoxe qui effraie plus qu’il n’amuse. A y regarder de près, cette curieuse posture occulte plus qu’elle ne révèle sa capacité à trouver les clés de sortie du processus pervers d’une crise qui perdure et d’inspirer les tactiques opérationnelles appropriées pour permettre à l’Etat de tirer profit des retombées d’un secteur si juteux. A se demander si la Direction de l’ARTP n’est pas finalement une camisole trop large pour ses occupants ? La question est posée sous le prisme des échecs retentissants et scandales putréfiés qui ont jalonné sa jeune existence.
Oui en fin ! l’Etat du Sénégal doit pouvoir tirer grandement profit des retombées du secteur encore prodigieux des télécom mais il s’agit justement que la logique du « sers moi » torde le cou à la rigidité du « business plan » et que cet intérêt supposé soit poursuivi également dans des formes intelligentes, mieux pensées et inspirées par des esprits ouverts et brillants susceptibles de repérer les essentiels d’un dialogue saint pour mettre en œuvre des relations anoblies avec les opérateurs. Telle est la seule issue heureuse, le soulagement espéré de briser le cercle vicieux pour établir une relation gagnant-gagnant. On ne peut se permettre sous peine de nuire aux intérêts du Sénégal, de s’empoigner ici alors que des pays de moindre taille loin derrière le Sénégal en infrastructures arborent leur 4G, le sourire hilare.
Moustapha Dieng, travailleur à la Sonatel
(Source : Social Net Link, 16 février 2016)