Affaire des appels entrants : Ndongo Diaw et Moustapha Yacine Guèye en garde à vue à la SU
mardi 26 juin 2012
« Appels entrants : Deux DG aux portes de Rebeuss ». Tel était l’un des appels à la Une de votre quotidien à propos de la suite de l’affaire des appels internationaux entrants. EnQuête avait vu juste car l’ex-Directeur général de l’Autorité de régulation des télécommunications et des postes (ARTP) et le PDG de « Magal Holding Limited » (MTL) sont sur le point de rejoindre Amadou Kane Diallo à la citadelle du silence. En effet, Ndongo Diaw et Moustapha Yacine Guèye, convoqués hier au Parquet , ont été mis à la disposition de la Sûreté urbaine (SU) du commissariat central de Dakar. Ils sont accompagnés, dans leur garde-à vue par Mamadou Bâ, Inspecteur du Trésor et Agent comptable particulier de (ACP) de l’ARTP.
Ceci est l’œuvre du substitut du procureur Cheikh Dieng qui, après nos sources, pilote ce dossier qui fait suite à une plainte contre X introduite par l’actuel directeur général de l’ARP, Thierno Alassane Sall, pour détournement de deniers publics, complicité de détournement de derniers publics, escroquerie portant sur des deniers publics, complicité d’escroquerie sur les deniers publics et accessoirement concussion. Dans ce dossier d’ailleurs, il faut préciser que bon nombre de personnes ont eu à défiler devant les enquêteurs. C’est le cas de la présidente du collège de régulation, Fatou Blondin Diop Ndiaye. D’après nos sources, l’ex-ministre des Télécommunications a répété aux enquêteurs, ce qu’elle avait déjà déclaré le 30 mai dernier, lors de la conférence de presse du directeur général de l’ARTP. A savoir que le Collège de régulation (le Conseil d’administration, en quelque sorte) n’était pas informé des transactions financières entre la direction générale de l’ARTP et MTL.
« Le collège de régulation intervient dans le sens d’acquérir ou de ne pas acquérir un bien en mettant tout un processus de garde-fou pour sa réalisation. Quant à la question de l’exécution du projet, on voit bien que tout a été fait en dehors du cadre observable de l’ARTP », avait déclaré Fatou Blondin Diop. Ajoutant d’ailleurs : « Toute la structure administrative de l’ARTP, au niveau de la direction générale, n’était pas impliquée. Toute la partie juridique, auprès des notaires, qui est la base d’une transaction financière, n’est pas respectée, encore moins l’inscription à l’ordre du jour de ces financements, de ces transactions pour pouvoir statuer et discuter au sein du collège ». En plus de cela, elle fait savoir qu’il y a « à la base, des décrets, quand bien même, il y a des discussions au sein du collège. Il y a le décret présidentiel qui vient donner une force exécutoire à cette décision. Ce qui met le collège en dessous de la possibilité de mettre en question le financement ou l’exécution de tel ou tel projet ».
Pour rappel, après l’échec de Global Voice, Ndongo Diaw avait contracté, le 15 décembre 2010, un contrat avec MTL de Moustapha Yacine Guèye pour le contrôle et la supervision du trafic international entrant au Sénégal. Ce, en contrepartie de l’apurement du différend qui opposait le régulateur des télécoms à GVG qui continuait à réclamer 14 milliards pour rupture abusive de contrat. Aussi, MLT se retrouve-telle avec 39 puis 42% des recettes attendues de cette surtaxe à la suite de deux avenants qui ont aussi changé la base de rémunération, toujours à l’avantage de la société de Yacine Guèye. Ce qui a permis le paiement injustifié de 3,07 milliards de francs Cfa pour les seuls mois de décembre 2011 et janvier 2012. Une affaire qui n’a certainement pas fini de faire parler d’elle puisqu’il y a beaucoup d’efforts collatéraux qui sont attendus.
(Source : EnQuête+, 26 juin 2012)
Mamadou Bâ, une victime ?
Mamadou Bâ, Inspecteur du Trésor et Agent comptable particulier (ACP) de l’Autorité de régulation des télécommunications et des postes (ARTP), placé en garde-à-vue tout comme Ndongo Diaw et Moustapha Yacine Guèye, serait-il une victime dans l’affaire des appels entrants ? En effet, l’ACP de l’ARTP « a longtemps résisté » face aux manœuvres illégales de Ndongo Diaw, selon ses proches. L’on évoque même une pile de correspondances dans lesquelles il aurait notifié son opposition à payer certaines factures qu’il jugeait non conformes aux procédures. Ce qui repose une fois de plus la responsabilité des agents comptables souvent à la merci de leur hiérarchie.