Affaire des 20 milliards de commission de la licence Sudatel : Abdou Latif Coulibaly démontre l’implication de Thierno Ousmane Sy et de Kéba Keinde
lundi 6 septembre 2010
Le journaliste Abdou Latif Coulibaly a été le premier à passer devant le Jury citoyen, réuni en audience samedi dernier par le Cadre de concertation de la Société civile (Casc), pour faire la lumière sur l’affaire des 20 milliards de commission révélée par le journal « La Gazette » dans la procédure « nébuleuse » de vente de la 3e licence de téléphonie à Sudatel. Convaincu de l’implication de Thierno Ousmane Sy et du financier Kéba Keinde, ce tribunal populaire enfonce davantage les tenants du pouvoir et exige, dans son verdict, le départ de la tête du ministère de la Justice de Cheikh Tidiane Sy, père de l’un des « impliqués ».
C’est un Abdou Latif Coulibaly très à l’aise dans ses explications qui s’est présenté devant le Jury citoyen réuni en sa première session par le Cadre de concertation de la Société civile (Casc) pour éclairer l’opinion sur l’affaire des 20 milliards de commission que de hautes autorités se seraient partagés dans le dossier Sudatel. Revenant sur les bizarreries qu’il a relevées dans cette opération de vente de la 3e licence de téléphonie à l’opérateur soudanais, M. Coulibaly a expliqué que ce qui intrigue le plus dans cette nébuleuse, c’est qu’aucune des personnalités étatiques au c ?ur de ce dossier n’est en mesure de dire au peuple sénégalais combien Sudatel a payé.
« On ne peut pas vendre une licence à un Soudanais et que ni le président de la République, ni le ministre des Finances, ni l’Artp, qui est supposée vendre, ne soit en mesure de dire aux Sénégalais à combien on l’a vendue. Si ces derniers, qui détiennent l’information, ne parviennent pas s’entendre sur les règles du jeu, sur la vraie information, c’est terrible », a indiqué le journaliste, en relevant que le ministère des Finances a fait état de 89 milliards, la Présidence de 100 milliards, alors que l’Agence de régulation des télécommunications et des postes (Artp) a brandi un chiffre tout à fait différent.
Exhibant des documents bancaires recoupant la traçabilité des deux virements effectués par Sudatel pour disposer de sa licence, le journaliste a démenti les plus hautes autorités du pays qui ont tenté d’expliquer le gap de 20 milliards existant entre le prix de vente réel et la somme encaissée par la variation du taux de change du dollar. « C’est faux de dire que la licence a été payée en dollars. Les versements, ont été faits en euros », a martelé M. Coulibaly.
Des documents bancaires, aux mails compromettants des autorités à la disposition du juge
Mieux, Abdoul Latif Coulibaly, qui compte balancer toute cette paperasse contre les autorités étatiques au juge en charge de son procès, est allé plus loin dans sa démonstration pour prouver la véracité de ses révélations. Il a ainsi étalé devant le Jury citoyen des échanges de mails entre la société facilitatrice de l’opération de vente de la 3e licence à Sudatel, Kéba Keinde, financier établi à Dubaï, et les autorités étatiques du Sénégal. « Et Thierno Ousmane Sy ne le nie pas », a indiqué M. Coulibaly qui ajoute que, par ces mails, le facilitateur qui s’était engagé auprès de l’acquéreur de la licence pour non seulement l’obtenir de manière abordable et avec des avantages fiscaux - ce qu’il a réussi - a écrit aux autorités du Sénégal (vendeur) supposées ne pas connaître ce facilitateur pour qu’elles demandent à l’acquéreur de lui payer sa part du gâteau.
C’est « le partage de Bukki » sans les courtiers soudaniens qui a fait éclater l’affaire
Et c’est quand « le partage du Bukki » s’est fait sans les courtiers soudaniens que ces derniers ont saisi la justice de leur pays. Expliquant au tribunal populaire que Thierno Ousmane Sy et Kéba Keinde ne sont pas les seuls à avoir été impliqués dans cette affaire de commission de 20 milliards, il a démontré, preuves à l’appui, avec des documents écrits en arabe et en anglais, que trois hautes autres autorités sénégalaises ont eu leur part du gain. Si les deux se sont partagé les 5 milliards versés dans une institution financière, un versement de 15 milliards a, auparavant, été effectué sur un compte dans une banque différente et au nom d’une société. « Et aussitôt l’opération effectuée, la société et la banque ont été dissoutes pour qu’il n’y ait plus de trace », a-t-il précisé.
Quid de l’identité des trois autres « bandits » ayant empoché les 15 milliards restants ? Le journaliste se veut prudent. « Tout le monde connaît qui a pris ces milliards. Mais comme nous n’avons pas suffisamment de preuves sur ces trois autorités qui se sont servi des deniers publics, nous nous sommes limités aux deux dont l’implication ne fait l’objet d’aucun doute », a-t-il expliqué.
Convaincu par les preuves du journaliste, le Casc réclame la tête de Cheikh Tidiane Sy
Jugés par contumace, le conseiller en Tic du chef de l’État, Thierno Ousmane Sy et le financier Kéba Keinde devraient se retrouver au banc des accusés, aux yeux du Jury citoyen. Ce dernier a d’ailleurs rendu un verdict accompagné par des acclamations : « Abdou Latif Coulibaly est de bonne foi, il a mis beaucoup d’éléments et ses preuves sont irréfutables », ont tour à tour indiqué Mouhamadou Mbodj du jury et Me Assane Dioma Ndiaye, le modérateur.
Ainsi, convaincu par les preuves apportées par Abdou Latif Coulibaly, le jury citoyen a réclamé le départ du père de Thierno Ousmane Sy, le ministre d’Etat, Cheikh Tidiane Sy, de la tête du ministère de la Justice. « Il y a conflit d’intérêt et le combat démocratique que la Société civile doit mener doit viser la démission de Cheikh Tidiane Sy », ont-ils dit.
Du reste, pour Mouhamadou Mbodj du Forum civil, il convient même de refuser d’aller à ce procès tant que Cheikh Tidiane Sy, le père du plaignant, est à la tête du département de la Justice.
Les preuves de Latif sont irréfutables
Si le ministre d’Etat, garde des Sceaux, ministre de la Justice est démis de ses fonctions, le problème du