Affaire Sonatel - Etat du Sénégal : Momar Ndao a -t-il tort ?
mercredi 24 août 2011
Momar Ndao devra répondre le 15 septembre prochain de l’assignation en justice que lui a servi l’avocat de la Sonatel. Dans la sommation, le patron de l’Ascosen (Association des consommateurs du Sénégal) est invité à éclaircir ses propos où il prétendait en substance que la Sonatel s’est livrée à de l’arnaque sur les consommateurs et à des mensonges sur l’application de la surtaxe sur les appels entrants. Dans la bataille que se livre actuellement l’Etat du Sénégal et la Sonatel sur la surtaxe des appels entrants, le patron de l’Ascosen apparaît comme le trait d’union désigné. Crayonné dans cette affaire comme le pion de l’Etat, Momar Ndao s’est vu reprocher par la Sonatel de renier son rôle de défenseur des intérêts des consommateurs sénégalais. Arguments en mains, Momar Ndao, ancien membre du Conseil d’administration de la Sonatel, multiplie plateaux télés et interviews pour dénoncer les « tares » de la société nationale de télécommunications. Dans cette affaire, Momar Ndao a-t-il vraiment tort ? Ou joue-t-il un mauvais rôle ?
Les accusations de Momar Ndao à l’endroit de la Sonatel sont suffisamment graves pour lui valoir une citation directe. « C’est un scandale qu’une société qui a 600 milliards de chiffre d’affaires soit en train de demander 100 millions de francs Cfa pour laver ses manœuvres, c’est-à-dire demander encore de l’argent pour défendre des choses qui sont complètement démontées par nos affirmations », a-t-il lâché. Puis : « C’est absolument faux, Sonatel ne perd pas d’argent sur les appels entrants ; elle y gagne de l’argent. Sonatel avait dit que si on applique les appels entrants, elle va perdre de l’argent. Elle n’a rien perdu, au contraire, les appels entrants ont augmenté de 13,9 milliards de francs Cfa au plan global et de 11,4 milliards pour Sonatel Sénégal et de 51% pour Orange Guinée. » Engagée dans une bataille d’opinions contre l’Etat du Sénégal pour faire infléchir le président Wade dans sa volonté de surtaxation des appels entrants, la Sonatel n’avait pas besoin du réquisitoire du patron de l’Ascosen. Dans les coursives de la Société de télécom, on est persuadé que les attaques de Momar Ndao peuvent nuire aux intérêts de la Sonatel. Mais que faire face aux attaques d’un Momar Ndao qui semble très renseigné sur les dessous de cette affaire ? Qui plus est, le patron de l’Ascosen est le bras armé du pouvoir dans ce dossier.
Ce qu’affirme Momar Ndao est très simple : la Sonatel gagne chaque année beaucoup d’argent sur le dos des Sénégalais alors que ses pratiques laissent à désirer. L’Etat sénégalais le pense aussi mais pour des raisons autrement plus stratégiques. Le patron de l’Ascosen n’a de cesse aussi de dénoncer les « largesses » octroyées à France Telecom dans son partenariat avec la Sonatel. S’il ne met pas toujours les formes dans ses attaques en plus de ses écartèlements dans sa défense des intérêts des consommateurs, on ne peut pas dire sur ce coup que Momar Ndao n’ait pas raison. Reste à la Sonatel, vache laitière qui profite malgré tout à tout le monde, à profiter des intentions actuelles de l’Etat du Sénégal pour revoir son système de redistribution de ses nombreux profits annuels. Sinon, bon nombre de consommateurs sénégalais risquent de rallier le camp de Momar Ndao.
(Source : Xamlé, 24 août 2011)