twitter facebook rss
Imprimer Texte plus petit Texte plus grand

Affaire Seneporno ou les limites de l’application de la loi dans le cyberespace

mercredi 31 janvier 2018

En ce mois de janvier 2018, le site pornographique Seneporno a encore défrayé la chronique jusqu’à ce que les autorités décident de prendre des mesures visant à en bloquer l’accès sur le territoire sénégalais. Propriété d’un Sénégalais établi au Canada et connu sous le pseudonyme de Kocc Barma, ce site Web spécialisé dans la publication de contenus provenant du Sénégal a été lancé en janvier 2017. Dès son lancement, il a fait scandale a été dénoncé par certains au nom de la « protection des bonnes mœurs » et de la défense des « valeurs culturelles sénégalaises ». Il a néanmoins connu un rapide succès auprès de nos compatriotes au point de figurer à la 38ème place dans le Top 50 des sites les plus visités par les Sénégalais selon des données recueillies par Alexa, l’outil de comparaison de sites mis en place par Amazon. Son « succès » repose pour l’essentiel pour un modus opérandi consistant à publier des photos, des vidéos et des bandes audio à caractère pornographique, mettant en scène des célébrités comme des particuliers, photographiés, filmés ou enregistrés à leur insu ou dont les données à caractère personnel sont rendues publiques sans leur consentement ou de manière délibérée. Les administrateurs du site ne cachent d’ailleurs pas leur démarche puisqu’ils appellent les internautes à contribuer à l’alimentation de la rubrique « La vidéo scandale » en leur disant ouvertement : « Si vous rencontrez des photos indécentes, des fuites, des nus, des sextapes ou des vidéos, envoyez-les nous. Essayez de partager le post pour que vos amis y aient également accès. Ce faisant, cela nous aidera à payer les frais d’hébergement de Seneporno afin que nous puissions toujours vous apporter des secrets cachés et les actions « thiaga » qui se déroule derrière les portes closes ». Tour à tour, une danseuse, des lutteurs, un promoteur de combats de lutte, des particuliers et même des « hautes autorités », si l’on se réfère au communiqué publié par la Commission de protection des données personnelles (CDP), ont été victimes de ces pratiques particulièrement abjectes. En décembre 2017, une trentaine de personnes ont porté plainte et la Division des investigations criminelles (DIC) a arrêté un étudiant présenté comme « le fournisseur » de Seneporno. Ce dernier avouera vendre les vidéos qu’il se procurait à des prix variant en fonction de leur qualité (Sic !) mais apparemment, cette arrestation n’a pas suffi pour endiguer le phénomène. Dès lors, la CDP est monté au créneau, de manière quelque peu pathétique il faut bien l’avouer, en saisissant les services du Premier ministre afin qu’ils bloquent l’accès du site au Sénégal et en demandant à l’administrateur du site de « se rendre à la justice » ! En effet, l’affaire est particulièrement complexe et démontre, s’il en était encore besoin, toute la difficulté à faire respecter une législation nationale dans le cyberespace. Tout d’abord, le site n’étant pas hébergé au Sénégal, les autorités nationales n’ont pas la possibilité de le faire fermer sur la base d’une décision administrative ou juridique voire en utilisant des moyens de pression ou de coercition « non conventionnels ». Le blocage de l’accès au site sur le territoire sénégalais, qui n’est par ailleurs pas effectif, ressemble fort à un pis-aller puisqu’il suffit d’utiliser un réseau privé virtuel (VPN), qui masque l’origine de votre adresse IP et rend donc impossible votre localisation géographique, pour contourner cette mesure. Dès lors, il ne faudrait pas être surpris de voir des éléments en provenance de ce site circuler via les réseaux sociaux ou être mis en ligne sur d’autres sites. Enfin, les poursuites judiciaires contre l’administrateur du site sont, si ce n’est impossible du moins particulièrement difficile à mettre en œuvre puisqu’il n’est pas connu, réside hors du Sénégal et possède la double nationalité, ce qui lui permet de narguer les autorités en s’exprimant dans la presse en cachant simplement son identité sous un pseudonyme. Comme on le voit, au final la société est quelque peu désarmée pour lutter contre ces atteintes à la protection des données personnelles comme elle l’est, d’une manière générale, pour lutter efficacement contre les différentes formes de cybercriminalité. Au-delà, il importe de sensibiliser et de former les citoyens afin qu’ils ne se livrent pas à des pratiques, sur lesquelles nous nous garderons bien de porter un quelconque jugement moral, mais qui sont susceptibles de les fragiliser, de les mettre dans des postures difficiles voire d’avoir des conséquences tragiques comme le montrent certaines affaires révélées par la presse étrangère.

Alex Corenthin
Secrétaire aux relations internationales

Mots clés

Inscrivez-vous a BATIK

Inscrivez-vous à notre newsletter et recevez toutes nos actualités par email.

Navigation par mots clés

INTERNET EN CHIFFRES

- Bande passante internationale : 172 Gbps
- 4 FAI (Orange, Arc Télécom, Waw Télécom et Africa Access)
- 19 266 179 abonnés Internet

  • 18 595 500 abonnés 2G+3G+4G (96,58%)
    • 2G : 12,95%
    • 3G : 24,60%
    • 4G : 62,45%
  • 334 642 abonnés ADSL/Fibre (1,71%)
  • 334 875 clés et box Internet (1,71%)
  • 1162 abonnés aux 4 FAI
  • Internet fixe : 1,74%
  • Internet mobile : 98,26%

- Liaisons louées : 3971

- Taux de pénétration des services Internet : 106,84%

(ARTP, 30 septembre 2023)

- Débit moyen de connexion mobile : 23, 10 Mbps
- Débit moyen de connexion fixe : 21, 77 Mbps

(Ookla, 31 janvier 2023)


- 9 749 527 utilisateurs
- Taux de pénétration : 56,70%
(Internet World Stats 31 décembre 2021)


- + de 10 000 noms de domaine actifs en .sn
(NIC Sénégal, décembre 2023)

TÉLÉPHONIE EN CHIFFRES


Téléphonie fixe

- 3 opérateurs : Sonatel, Expresso et Saga Africa Holdings Limited
- 382 721 abonnés
- 336 817 résidentiels (88,01%)
- 45 904 professionnels (11,99%)
- Taux de pénétration : 1,67%

(ARTP, 30 septembre 2023)

Téléphonie mobile

- 3 opérateurs (Orange, Free et Expresso)
- 21 889 688 abonnés
- Taux de pénétration : 123,34%

(ARTP, 30 septembre 2023)

FACEBOOK

3 050 000 utilisateurs

Taux de pénétration : 17,4%

- Facebook : 2 600 000

- Facebook Messenger : 675 200

- Instagram : 931 500

- LinkedIn : 930 000

- Twitter : 300 000

(Datareportal, Janvier 2023)

PRÉSENTATION D’OSIRIS

batik