Affaire Global Voice : entre ambigüités et ingratitude, la SONATEL montre son vrai visage au sortir du décret n° 2010-1524 le 19 novembre 2010 suspendant le contrôle des appels entrant au Sénégal
lundi 17 janvier 2011
Dans les relations internationales et géopolitiques, on dit très souvent que « les États n’ont pas d’amis mais plutôt des intérêts ». L’histoire nous montre en permanence que cet adage est devenu la triste réalité dans le concert des nations à l’échelle planétaire. D’autant plus que dans le monde des affaires, il s’applique et se matérialise à la fois de la manière la plus féroce et la plus sournoise.
Le 28 mai 2010, l’État du Sénégal venait d’adopter le décret n° 2010-632 qui allait instituer un système de contrôle et de tarification des communications téléphoniques internationales entrant dans le pays. Sa mise en vigueur en août 2010 fut un véritable traumatisme pour la plupart des Sénégalais surtout ceux qui vivent à l’étranger. Les prix des appels téléphoniques vers le Sénégal avaient tout simplement doublé. Personne ne comprenait la raison de cette hausse. À qui elle profitait réellement ? Beaucoup ont pointé du doigt le Président de la République et ses proches collaborateurs. À l’époque, l’économiste M. Moubarak Lô et l’ingénieur en télécommunications M. Bocar Moussa Bâ et actuel président de la Nouvelle Vision Africaine avaient assimilé et qualifié l’affaire Global Voice de véritable mascarade économique, juridique et financier.
Par ailleurs, la Société nationale des télécommunications (SONATEL) avait été aussi indexée par nombre de concitoyens. Bien qu’elle se soit vivement défendue en manifestant sa désapprobation par des grèves et des concertations avec l’État, la Sonatel s’est trouvée dans une position plus ou moins ambiguë. En effet, beaucoup de Sénégalais se sont posés la question de savoir si cette affaire Global Voice n’est pas venue révéler le vrai visage de la SONATEL en matière d’éthique et par rapport à son statut d’entreprise socialement responsable ? L’avenir nous le dira bien entendu.
Seulement, pendant ce moment crucial de l’histoire de notre pays, le sentiment patriotique faisait que beaucoup de Sénégalais n’ont ménagé aucun effort pour témoigner leur soutien à la SONATEL. De vastes mouvements de dénonciation se sont tenus dans la presse, au pays et un peu partout dans la diaspora, des pétitions sont mises en ligne pour permettre aux concitoyens d’exprimer leur mécontentement, de valeureux fils du pays se sont même rendus à Washington devant l’Ambassade du Sénégal pour manifester et scander leur désaccord et leur indignation contre cette mascarade.
En plus du calvaire quotidien que vivent la plupart des Sénégalais (cherté abusive de la vie, coupures intempestives d’électricité, inondations, etc.) pour juste avoir leur minimum vital aujourd’hui, l’affaire Global Voice venait envenimer l’agitation sociale au pays. Les Sénégalais de la diaspora se sont sentis plus que visés par cette mesure des plus incompréhensibles, et qui était juste considérée par ces derniers comme une manière ostentatoire de leur soutirer de l’argent. La pression était de mise sur l’État du Sénégal. Le mot d’ordre dans la plupart des manifestations et des discours était de rétablir la situation à la normale. La SONATEL a presque bénéficié du soutien de tout un peuple et de sa diaspora. Il fallait, à tout prix, dénoncer cette injustice pour éviter un crime économique et financier sur le dos des Sénégalais meurtris.
Après quelques mois de négociation entre la SONATEL et le pouvoir étatique pendant lesquels on a noté une forte pression et une dénonciation sans faille de la part des fils du pays, l’État du Sénégal finit par lâcher prise en faisant adopter le 28 novembre 2010 le décret n° 2010-1524 qui suspend le décret n° 2010-632 qui avait institué le contrôle des appels entrants dans le pays par une tarification élevée. L’opinion et la SONATEL venaient de triompher en obtenant gain de cause et en faisant reculer le Président WADE sur cette affaire Global Voice.
Seulement, quelques semaines après l’officialisation du décret n° 2010-1524 qui rétablit à la normale la tarification des appels internationaux vers le Sénégal, la Sonatel n’a toujours pas exprimé la moindre gratitude à l’endroit des fils du pays qui l’ont soutenue dans son bras de fer avec l’État. En obtenant gain de cause, la Sonatel gagnerait à saluer les initiatives patriotiques menées par nombre de Sénégalais surtout ceux qui vivent dans la diaspora. Ces derniers se sont donné corps et âme pour aider au rétablissement de la justice et éviter à notre pays une éventuelle tentative d’enterrement de la société à l’image des ICS par exemple, une véritable désillusion asphyxiante.
Aujourd’hui, le décret n° 2010-1524 a bien été adopté et mis théoriquement en vigueur. Seulement, beaucoup de Sénégalais se demandent si les tarifs ont réellement été rétablis à la normale ? La Sonatel gagnerait, à bien des égards, en entreprenant un vaste mouvement de communication à l’endroit des usagers, qu’ils soient sur le territoire national ou à l’étranger, par rapport à cet état de fait en y apportant des explications claires et précises. En s’y engageant, elle va redorer son image et aspirer à devenir pleinement une organisation dite socialement responsable où elle ne va pas seulement compter sur la performance économique et financière.
Le Club de la diaspora
(Source : Seneweb, 17 janvier 2011)