Affaire Global Voice : Venue visiter les installations techniques de la Sonatel : Une délégation de l’Artp éconduite
lundi 13 septembre 2010
L’Agence de régulation des télécommunications et des postes (Artp) a encore perdu une manche dans le combat qui l’oppose à la Sonatel dans l’affaire dite de Global Voice. Les travailleurs de la société de télécommunications ont, à nouveau, empêché l’accès à leurs installations techniques situées à l’agence Médina, à une délégation de l’Artp. Face à la pression des « sonatéliens », les visiteurs sont retournés sur leurs pas. Par ailleurs, les travailleurs ont invité les responsables de l’agence à répondre aux dernières révélations de l’hebdomadaire « La Gazette ».
Dans le différend qui les oppose à la Sonatel, les agents de l’Agence de régulation des télécommunications et postes (Artp) devront repasser pour espérer accéder aux installations techniques de ladite société de télécommunications. La délégation composée de quatre personnes de l’Artp envoyées sur place, a été éconduite par les agents de la Sonatel qui les attendaient à la porte de l’agence située en face de l’avenue El hadji Malick Sy. Attendus à 11 heures, les émissaires de l’Artp sont arrivés sur les lieux vers 11 heures 35 minutes. Pendant ce temps, les délégués et travailleurs de l’entreprise s’étaient déjà massés devant la porte pour leur barrer l’accès à l’intérieur des locaux de la boîte. Dès qu’ils sont sortis du véhicule immatriculé AD 14533 qui les transportait, les membres de la délégation de l’Artp ont été accueillis par le responsable juridique de la Sonatel, M. Sidibé. Le temps d’échanger quelques mots, les travailleurs de la Sonatel ont commencé à titiller leurs nerfs, par des expressions d’avertissement du genre « entrer ici c’est votre sécurité qui est en jeu », « pas de dialogue, vous n’entrerez pas », leur lançaient-ils. L’un des émissaires de l’Artp de répondre : « nous n’entrerons pas dans ces conditions ». Sur ces entrefaites, les nerfs s’échauffent pendant qu’un des membres de la délégation de l’Artp refusait de se faire filmer par les téléphones portables des agents de la Sonatel. M. Thiam en l’occurrence s’en est d’ailleurs pris à l’un d’eux. Dès lors, les huées fusent de la foule amassée-là et menaçant les hommes de Ndongo Diaw, directeur général de l’Artp, en donant du « aux voleurs », « vous n’êtes pas des patriotes », ou encore « répondez à Latif », faisant ainsi allusion à la dernière édition de l’hebdomadaire « La Gazette » qui faisait cas du dossier Global voice et parlant de « 14,8 milliards de francs Cfa sécurisés dans un compte séquestre ».
Devant la résistance des agents de la Sonatel, la délégation de l’Artp qui, visiblement, craignait pour sa sécurité, choisit de battre en retraite et rejoindre leur véhicule que les travailleurs n’ont pas manqué de tambouriner. Après cet épisode, les travailleurs se sont retrouvés pour une assemblée générale dans l’enceinte de la société.
Au cours de cette rencontre, les autorités de l’Artp et Momar Ndao en ont eu pour leur grade. D’emblée, Mamadou Aïdara Diop, secrétaire général du syndicat des travailleurs de la Sonatel, a lancé un appel « pour consolider la grande offensive pour la résistance contre l’arnaque ». Faisant toujours allusion à la manchette de l’édition de la Gazette de cette semaine, les travailleurs se sont sentis consolidés dans leur position, rajoutant que : « Ceux qui ont orchestré cette affaire ont pris une avance, Ndango Diaw et Laurent Lamotte ont été exfiltrés vers Miami où, ils ont reçu de fortes sommes ». Et M. Diop de révéler que le décret et le contrat dans cette affaire Global Voice ont été rédigés par Laurent Lamotte et sur le même modèle que les autres qui ont été signés par Global Voice au Togo, au Gabon etc.
Aussi, les travailleurs de la Sonatel demandent-ils également à Ndongo Diaw de faire la lumière sur la gestion des 07 milliards versés par la Sonatel et qui ont été utilisés à l’achat d’un immeuble alors qu’ils étaient destinés à être investis dans le secteur des télécommunications. Mieux, ils réclament la justification des 39 milliards que la Sonatel a versé pendant 04 ans à l’Artp. Selon ces travailleurs, Ndongo Diaw percevrait « une commission sur chaque facture payée à Global Voice, le modus operandi consistant à présenter la facture au niveau de la banque où est logé le compte séquestre des 14,8 milliards, pour encaisser sa commission. »
Mais selon les travailleurs qui refusent de laisser piétiner leur secteur par des « architectes et des entrepreneurs qui ne s’y connaissent pas », les auteurs de cette « arnaque » ne perdent rien pour attendre, car estiment-ils, d’ici à lundi ou mardi, « le jour se lèvera sur le dossier et les arnaqueurs seront démasqués. »
Quant à Momar Ndao, les travailleurs pensent qu’il leur en veut pour avoir postulé et raté le poste de directeur de la STE (sénégalaise des télécom), société mise en place par les travailleurs au moment de la privatisation pour gérer leur portefeuille. Il a été battu après audition par Mme Ndeye Maalé Gaye.
Les travailleurs accusent Momar Ndao de ne pas avoir digéré ce revers c’est pourquoi « il se met sur tous les plateaux pour les accuser d’être manipulés par France télécom ». Ensuite, les travailleurs d’inviter le président de l’Association des consommateurs sénégalais (Ascosen) à se prononcer sur la hausse inexplicable de la Rutel (redevance d’utilisation des téléphones) au moment où l’Etat fait des exonérations aux entreprises. Pour eux, « il a là un chantier à travailler au lieu de s’épancher à longueur d’ondes sur des sujets qu’il ne maitrise pas ».
Par ailleurs les travailleurs de la Sonatel exigent le départ de Ndongo Diaw dont, selon eux, « la présence à la tête de l’Artp est négativement chargée ».
Daouda Guèye
(Source : Sud Quotidien, 13 septembre 2010)