Affaire GLOBAL VOICE : Et si le Président Wade avait raison ?
jeudi 23 septembre 2010
Dans une démarche qui s’est voulue consensuelle, une nouvelle loi portant « Code de la presse » va bientôt voir le jour : une fausse bonne idée d’un ordre professionnel avait été agitée un moment qui a vite été remisée aux oubliettes.
La loi n’est pas une panacée, loin s’en faut, grâce à laquelle tous les problèmes du monde de la presse vont trouver une solution d’un coup de décret : la loi définit un cadre légal et réglementaire qu’il appartiendra au magistrat, aux acteurs du monde de la presse, au politique d’améliorer parce que tout ne sera pas « nickel » dès son application. Il faudrait même s’attendre que cette loi « s’essuie les plâtres » sur quelques acteurs et organes avant de se bonifier.
Il n’est pas utile de revenir sur l’impérieuse nécessité de porter la plus haute attention à la presse parce qu’elle est l’expression d’une valeur fondamentale de la société des Hommes : « la liberté d’expression associée étroitement à la liberté de la presse par les journalistes » et toujours pour plagier un grand patron de presse, sans occulter celle-là « reconnue aux entreprises de presse, la liberté de presse ».
Dans un discours de haute facture politique - dans le sens noble du terme -, le patron du groupe Sud, pour ne pas le nommer, signalait, lors de l’inauguration du siège du groupe Walf, le « risque que le libre marché économique l’emporte, dans une large mesure sur le libre marché des idées... ». Parce que reconnaissait-il, sans ambages, « les contraintes économiques ne sont pas sans influences sur les politiques rédactionnelles des médias ».
La nouvelle loi portant « Code de la presse » contribuera-t-elle à lever ces contraintes ?
Au cours de la phase « Pré-concertation nationale sur la presse » sur le financement des médias, un atelier avait recommandé que « les ressources générées par une redevance... adossée sur les flux des télécommunications... pourraient alimenter le fonds d’aide et de garantie de la presse ». Et si le fameux décret instituant un système de contrôle et de tarification des communications téléphoniques internationales entrant en République du Sénégal s’était invité dans le financement des médias ?
En effet, le Président Wade a simplement anticipé en prenant ce décret qui, n’en déplaise aux opérateurs internationaux, permet de tirer des ressources budgétaires supplémentaires de ce que sont devenus aujourd’hui les réseaux de télécommunications, n’en déplaise une fois de plus aux mêmes, d’immenses pompes à finances qui font la prospérité (insolente !!!) des opérateurs de télécommunications.
L’UIT, organisation du système des Nations-Unies chargée des télécommunications, comme émue par les énormes ressources dégagées par le secteur au grand profit des opérateurs internationaux, a produit une recommandation relative « au paiement de primes d’externalité de réseau ». Pour faire court, la notion d’externalité de réseau réfère au bénéfice que procure le développement des réseaux de télécommunications notamment ceux à l’immense potentiel d’expansion des pays en développement.
La recommandation de l’UIT6T répertoriée D.156 recommande qu’une « prime soit payée sur le tarif international entrant des pays développés vers les pays en développement, ... qu’elle soit payée sur la taxe de terminaison/taxe de répartition ». Et la recommandation poursuit : « que les fonds provenant de la prime d’externalité de réseau soient destinés exclusivement à l’extension des réseaux dans les pays en développement et à l’organisation de campagnes de sensibilisation, y compris, mais sans s’y limiter, les cours afférents aux médias et à la publicité... ».
Il faut croire que Pape Atou Diaw du ministère de la communication qui était le coordonnateur de l’atelier sur le financement des médias a lu cette recommandation de l’UIT.
Momar Gassama
Cadre retraité de l’OPT et de la SONATEL
Dakar
(Source : Le Populaire, 23 septembre 2010)