Acquisition de la 4G : La Sonatel décaisse 32 milliards
mercredi 22 juin 2016
Tête de file des frondeurs de la 4G il y a quelques mois, la Sonatel a changé de musique. Aujourd’hui, elle vient d’allonger 100 milliards de francs Cfa pour acheter une licence 4G et renouveler son contrat de concession bientôt arrivé à expiration. Une volte-face qui permet à l’opérateur d’être le premier à commercialiser la 4G.
Sur la ligne de départ de la 4G, la Sonatel est en pole position. Le premier opérateur de téléphonie du Sénégal vient en effet d’acquérir une licence pour la somme de 32 milliards de francs Cfa. Il s’y ajoute que l’opérateur dont le contrat de concession arrive bientôt à expiration, a rallongé cette somme de 68 autres milliards pour une nouvelle aventure de 17 ans. Selon le Directeur général de l’Autorité de régulation des télécommunications et des postes (Artp), Abdou Karim Sall, qui a fait face à la presse hier, la commercialisation de la 4G au Sénégal va démarrer très bientôt. « La Sonatel vient d’acquérir la 4G (…) en payant 32 milliards pour obtenir une bande 20 Méga (10 M dans la bande 1800 et 10 dans la bande 800) avec l’obligation de débuter sa commercialisation dans deux mois au plus tard à compter de la date d’assignation des fréquences », précise-t-il. Selon le Dg de l’Artp, cette licence 4G octroyée à la Sonatel s’accompagne de quelques réaménagements par rapport à l’offre initiale. Il s’agit, indique-t-il, de la réduction de la durée qui passe de 20 ans à 17 ans, de l’augmentation du taux de couverture qui passe de 65 à 70% en 5 ans à 85 à 90% en 10 ans ainsi que de la réduction des quantités de fréquence. Pour la convention de concession qui est renouvelée par l’Etat du Sénégal, de nouvelles spécifications sont inscrites dans le cahier des charges. Ces spécifications impliquent l’atteinte d’un taux de couverture de 90% de la population en 3 ans. De plus, « en termes de couverture de territoire, le concessionnaire doit couvrir d’ici 5 ans, l’ensemble des zones frontalières habitées au Sénégal dont le nombre d’habitants est supérieur à 200 », souligne M. Sall. En outre, les routes nationales 1 à 7 ainsi que les deux autoroutes du pays devront être totalement couvertes dans un délai d’un an et demi. Pour ce qui est de la qualité des services de la téléphonie, l’Artp annonce qu’elle fixera dans les prochains jours, les nouvelles exigences.
L’Etat et la Sonatel enterrent la hache de guerre
En a croire M. Sall, c’est le « pragmatisme » qui a prévalu dans ces négociations après l’échec patent du premier appel à concurrence lancé par l’Artp pour l’attribution d’une licence 4G au prix de 30 milliards de francs Cfa. Une offre tout simplement boudée par les opérateurs et qui de ce fait, n’avait pas enregistré d’enchérisseur. Dans la foulée, Sonatel avait même motivé son offre par le fait que la licence ne pouvait guère valoir plus de 14,5 milliards de francs Cfa. Une situation qui avait conduit l’Artp à menacer ces derniers de poursuites après ce qu’elle a qualifié « d’entente illicite » entre les trois opérateurs du pays. Quelques mois plus tard, toute ambiguïté semble levée entre l’Etat du Sénégal et l’opérateur Sonatel. Mieux, Orange va débourser quasiment la même somme, 70 milliards, qu’elle avait déboursée il y a 20 ans en 1997 pour une concession de 10 ans. Cela, alors même que la compagnie a gagné en puissance financière et logistique le même temps. Prime sur le gâteau, l’entente conclue entre l’Artp et la Sonatel permet à celle-ci d’acquérir la licence 4G au prix qu’elle a dédaigné il y a seulement quelques mois.
Du côté de l’Artp, Abdou Karim Sall explique cette entente providentielle par le fait qu’en réalité, le coût de la licence dépend de la quantité de fréquence. Il explique que le Sénégal s’étant rendu compte qu’elle donnait trop de fréquences aux opérateurs a décidé de garder la bande de fréquence 700 dite bande en or pour la mettre aux enchères d’ici un an et demi. Il poursuit en prenant l’exemple de la Côte d’Ivoire. Selon Abdou Karim Sall, si ce pays a pu recueillir une centaine de milliards dans la vente de sa licence 4G, c’est parce que ce pays a vendu plus de bandes que le Sénégal. « Ils ont donné, rien que pour la bande 2. 6, 20 Méga et 10 Méga dans la bande 1800 ». Mais au final, indique M. Sall, « nous avons le même coût que la Côte d’Ivoire ». Du côté de la Sonatel, l’on promet d’apporter des éclairages incessamment.
La porte reste ouverte aux autres opérateurs
Pour autant, la porte n’est pas fermée aux autres opérateurs. Abdou Karim Sall annonce que les discussions se poursuivent en effet avec Tigo et Expresso pour leur permettre d’acquérir la 4G dans les mêmes conditions que leur aîné. De même, le Dg de l’Artp précise que la présente entente ne « fait pas obstacle à ce que le Gouvernement du Sénégal attribue de nouvelles licences pour les réseaux de génération à venir notamment la 5G, la 6G, etc. ».
Mame Woury Thioubou
(Source : Le Quotidien, 22 juin 2016)