Achat de Tigo : Qui est derrière Wari ? Ce que l’on sait déjà sur cette nébuleuse...
dimanche 19 février 2017
Wari SA société de droit togolais est une entreprise de transfert d’argent et de services créée en 2008, « mais depuis 2016 Wari a complètement changé de nationalité en s’inscrivant au registre du commerce togolais en ayant son siège à la à la Rue des Sarrasins Above à Lomé » nous apprend une source. Et, notre interlocuteur de renchérir : « C’est face aux dénonciations sur l’extorsion de près de 7 milliards annuellement et à la problématique liée à la réglementation, la sécurité et la couverture des risques dénoncés par le Réseau national des prestataires du transfert d’argent (Renapta) que Wari a décidé de plier bagage et en s’installant à Lomé ».
Car, argumente notre informateur, il convient de reconnaitre qu’il était de plus en plus difficile pour Wari de continuer d’exercer au Sénégal où les instruments de contrôle l’avaient à l’œil suite à de nombreux dysfonctionnements imposées par l’instruction n° 013-11-2015 de la BCEAO relative aux modalités d’exercice de l’activité de transfert rapide d’argent en qualité de sous-agent dans la zone Uemoa et concerne donc tous les opérateurs, banques et leurs réseaux de distribution,qui stipule également que « aucune structure ou établissement ne peut exercer les activités de transfert d’argent sans avoir été dument agréée ou autorisée par une banque », et ce qui n’était pas le cas pour Wari.
« Mais, car il y a un mais. Au Togo où Wari s’est installé depuis, de forts relents de prête noms sont agités depuis que Kabirou Mbodji PDG de Wari a décidé d’acheter l’opérateur téléphonique Tigo/Sénégal filiale du géant Millicom » fait savoir la source.
D’autres canaux de renseignements activés, au parfum de ce qui se trame un peu partout en Afrique, bref sur l’échiquier international, Wari serait en fait la propriété du milliardaire togolais Gervais Koffi Djondo ancien ministre et fondateur du Groupe Ecobank et de la compagnie aérienne ASKY.
En attendant d’y revenir, il y a quelques jours, Kabirou Mbodje et Millicom annonçaient l’achat de Tigo par Wari pour un montant de 129 millions de dollars (environ 80 milliards de francs Cfa).
L’Etat du Sénégal a fait savoir qu’il a appris l’existence de cette transaction à travers la presse et que la transaction n’a aucune valeur juridique. L’on cite le Code des télécommunications qui dispose en son article 23 que dans une telle opération, l’Etat du Sénégal doit non seulement être informé, mais il doit être associé aux négociations. L’article 27 du même Code dispose, par ailleurs, que les licences délivrées sont personnelles.
L’on soutient que la convention qui lie Millicom à l’Etat du Sénégal stipule que la concession de la licence est strictement personnelle et ne peut être cédée sauf accord du concédant (l’Etat du Sénégal). Millicom ne peut donc pas vendre sa licence sans au préalable avoir l’accord des autorités sénégalaises, qui peuvent s’opposer à la vente.
L’acte additionnel de la Cedeao datant de janvier 2007 indique, dans le même esprit, que la licence est délivrée en personne au demandeur et ne peut être cédée qu’avec consentement de l’Etat.
Les autorités sénégalaises, qui n’ont pas encore été saisies d’une telle transaction, dit-on, attend d’être saisi officiellement sur la question pour s’exprimer de la manière la plus forte et dénoncer le procédé.
Vendredi dernier, le Directeur général de l’Autorité de régulation des télécommunications et des postes (Artp), Abdou Karim Sall, avait soutenu à Saly, que ces services ne sont pas officiellement saisis. « Je ne me prononcerai pas sur cette question étant donné que je n’ai reçu aucune correspondance officielle de Tigo me parlant de son intention de céder ses actifs à Wari », avait-il répondu à la question d’un journaliste. Il ajoutait que « la condition sine qua non d’une cession de concession, c’est l’approbation de l’Etat du Sénégal ».
Toutefois, il faisait remarquer que si rachat il y a, le Code des télécommunications dispose de moyens permettant à l’Artp de valider cette opération si elle a l’accord des autorités.
Affaire à suivre...
(Source : Dakar Poste, 19 février 2017)