Accusé de corruption passive et de népotisme par Le Nouvel Economiste : Karim Wade re-blanchi en appel
mardi 29 juin 2004
Heureux qui, comme Karim Wade, este en justice aux bords de la Seine ! Dans sa dernière livraison du 27 juin au 3 juillet 2004, sous la rubrique Confidentiel, l’hebdomadaire Jeune Afrique/L’intelligent (JA/I) révèle que Karim Wade, le fils et conseil personnel de son père, le président Abdoulaye Wade, a remporté, en appel le 23 juin, son procès en diffamation contre le journal français Le Nouvel Economiste. C’est l’épilogue d’un procès que Karim Wade avait intenté contre l’hebdomadaire français. Le fils du président Wade avait pu gagner la première manche de son procès en diffamation, après le jugement rendu le 6 février 2004 par la 17ème Chambre du tribunal de grande instance de Paris. Un jugement qui avait valu au directeur de publication de l’hebdomadaire français et de l’auteur de l’article, Laurent Hirsh, d’être condamnés pour diffamation publique à l’égard de la personne de Karim Wade.
Les coupables du délit de diffamation à l’égard du fils de Me Wade avaient alors interjeté appel. Mais depuis le 23 juin 2004, comme le révèle JA/I, « la 11e Chambre de la Cour d’appel de Paris, a, en effet, confirmé les peines d’amendes prononcées le 6 février à l’encontre du directeur de publication de l’hebdomadaire français et du journaliste auteur de l’article paru dans l’édition du 17-30 janvier 2003 ». L’article en question avait mis « gravement en cause le fils (et conseiller personnel) du président sénégalais dans une opération de création de centres téléphoniques à Dakar », précise le journal de Béchir Ben Yahmed. Mais la Cour parisienne a également, dans ce procès en appel, corsé l’addition du jugement du tribunal correctionnel en ordonnant la publication d’un communiqué judiciaire dans deux journaux dont l’un sera français, l’autre sénégalais. Or, lors du procès rendu le 6 février dernier, ce « tribunal correctionnel de Paris (...) n’avait requis qu’une seule insertion », selon JA/I.
Le premier jugement confirme
En effet, au lendemain du premier jugement, sous le titre « Affaire des Calls-centers de Dakar : Karim Wade blanchi par le Tribunal de Paris », Le Quotidien du 7 février 2004, sous la plume de Mamadou Biaye, était revenu sur les péripéties de ce procès en diffamation qui venait « d’être vidé par la 17ème Chambre du tribunal de grande instance de Paris », suite à une assignation en justice du directeur de publication du journal Le Nouvel Economiste et du journaliste, auteur de l’article incriminé : « L’âge de raison des calls-centers », paru dans la livraison de l’hebdomadaire français du 17 au 30 janvier 2003. L’article ci-dessus mentionné mettait en cause Karim Wade, dans une opération de création de centres d’appels téléphoniques, tout en y dénonçant ce qu’il considérait comme des pratiques de corruption passive, de clientélisme et de népotisme. Karim avait donc remporté le procès contre ses accusateurs, reconnus coupables de diffamation publique et qui s’étaient vus en conséquence infliger une amende de 35 000 euros (environ 22 960 000 F Cfa), assortie d’une publication judiciaire dans la presse. « En outre, écrivait Mamadou Biaye, Karim Wade, qui avait demandé à titre de dommages et intérêts un euro symbolique, a vu sa demande satisfaite. » A l’époque, lorsque le premier jugement avait été connu, un communiqué avait été servi pour informations sur cette affaire.
Dans ce communiqué, il avait été précisé notamment que « le Tribunal a rejeté l’exception de bonne foi qui avait été plaidée par le Nouvel Economiste en relevant que la gravité de l’imputation exigeait une enquête préalable et contradictoire par l’auteur de l’article ; Karim Wade, convient-il de le préciser, n’ayant jamais été ni questionné, ni approché par l’auteur de l’article lors de son enquête sur les centres d’appels téléphoniques. » « Le Tribunal a relevé que les extraits de la presse Sénégalaise et de l’ouvrage de Abdou Latif Coulibaly invoqués par les prévenus pour établir les prétendues pratiques de corruption, de népotisme et de clientélisme ne leur étaient d’aucun secours en estimant que leur teneur ne pouvait pas corroborer leurs allégations concernant Karim Wade », indiquait le communiqué.
Des sources proches du fils du président de la République avaient aussi révélé, à l’époque, que le diffamé, Karim Wade, « aurait refusé les demandes de règlement à l’amiable formulées par les prévenus ». Karim, disait-on, tenait à ce que l’affaire aille jusqu’à son aboutissement pour être lavé blanc comme du kaolin par le tribunal de Paris. Karim Wade a donc gagné en appel qui clôt ce dossier.
Karim pourrait bien se dire : « Après tout, la scène aura été saine sur les bords de la Seine. ».
Soro DIOP
(Source : Le Quotidien 29 juin 2004)