Accusé d’être de connivence avec l’Etat : Momar Ndao dément et contre-attaque
lundi 6 juin 2011
Critiqué vertement par les syndicalistes de la Sonatel, qui l’accusent de faire le jeu du pouvoir, Momar Ndao est monté au front pour dire ses vérités. Selon lui, sa présence en France s’explique par le fait qu’il veut apporter la bonne information aux immigrés au sujet des appels entrants, qu’il considère comme une « arnaque » de la Sonatel et France télécom.
L’affaire Global Voice est très têtue. A chaque fois qu’on a cru que cette affaire était enterrée définitivement, elle ressurgit. Avec de nouveaux acteurs à la clé. Mais dans cette affaire, c’est la présence remarquée de Momar Ndao aux côtés de Pape Diop, président du Sénat et du ministre de la Communication, Moustapha Guirassy pour vendre le projet Global Voice, nouveau format, aux immigrés de France, qui a intrigué plus d’un. D’ailleurs, il a eu à être critiqué sévèrement par les syndicalistes de la Sonatel. Qui l’accusent de faire le jeu du pouvoir.
Momar Ndao a-t-il retourné sa veste au contact du pouvoir ? « Non », rétorque l’intéressé. Qui monte sur ses grands chevaux en indiquant à qui veut l’entendre qu’il demeure toujours le vaillant chevalier des consommateurs, prêt à mourir au front. « Je suis toujours engagé à côté des consommateurs. Je les défendrai quelles que soient les puissances d’argent qui sont en face », lâche-t-il. Indiquant au passage que sa présence aux côtés du Président du Sénat se justifiait à plus d’un titre. D’abord, en sa qualité de membre du Conseil économique et social (Ces), mais aussi en sa qualité de président de l’Association nationale des consommateurs (Ascosen), pour apporter la bonne information aux immigrés établis en France au sujet des appels entrants.
A ce sujet, Momar Ndao accuse les opérateurs de télécoms, Sonatel et France télécom, de se livrer à une vraie « grosse arnaque ». Selon lui, ces opérateurs font leur beurre dans les pays en voie de développement comme le Sénégal. Et c’est en voulant mettre un terme à cette « injustice » que l’Etat du Sénégal a fait appel à Global Voice, pour gérer de façon plus transparente les appels entrants. « L’Etat, considérant que la marge des opérateurs est très élevée, les a invités à la baisser pour en retour financer le développement », informe-t-il. Le refus de Sonatel s’explique selon lui, par le fait que la boîte faisait des sous-déclarations à l’Etat sur les appels, pour payer moins.
« Si Sonatel s’est battue à mort pour qu’on ne mette pas ces compteurs, c’est que Global Voice allait débusquer ces agissements. Et par conséquent, la boîte allait subir inéluctablement un redressement fiscal », tacle Momar Ndao.
Détaillant la trame de cette affaire, il poursuit en indiquant que quand un « Sénégalais de l’extérieur appelle en direction de son pays, on lui taxe 0,56 euro et France télécom reverse à Sonatel une quote-part de 0,14 euro. Intrigué par cette situation défavorable pour les pays africains, l’Etat a décidé de taper sur la table en enjoignant à Sonatel de faire passer son tarif de 0,14 à 0,221 euro. Les recettes générées allaient servir au financement de projets, mais aussi à créer un fonds d’habitat pour ceux qui souhaitent construire au pays et, d’autre part, à lever un fonds de retour pour d’autres qui décident de rentrer pour investir.
Et comme France télécom est majoritaire dans la boîte, elle n’a fait qu’activer les travailleurs de la Sonatel pour semer la panique. Et par ricochet, contrer la mesure. « Si on applique ce tarif, Sonatel ne perd rien au change. C’est un gros mensonge s’ils disent le contraire », jure Momar Ndao. De même, dans sa ligne de défense, la Sonatel a prétexté le fait que si on augmente les tarifs, les services offerts seront onéreux et la boîte risque d’être moins compétitive. Un argument peu convaincant aux yeux du président de l’Ascosen. « Sonatel a menti sur toute la ligne. Sonatel demeure un réseau très performant en matière de fibres optiques », dit-il.
Avant de démentir les informations selon lesquelles ils ont eu à passer un mauvais quart d’heure avec les Sénégalais. Selon lui, la vérité est qu’il y avait des militants infiltrés de l’opposition, qui huaient les membres de la délégation non au sujet des appels entrants, mais par rapport à la mort de Malick Bâ de Sangalkam.
Papa Ismaila Keïta
(Source : L’As, 6 juin 2011)