Voulant lui faire payer des montants que le petit opérateur privé de service universel de Matam n’est pas en mesure de lui verser, Orange, l’opérateur téléphonique traditionnel, a décidé de lui couper une fois de plus, son signal, et priver les usagers de Matam de leurs appels par ce canal.
L’opérateur dominant a de nouveau frappé ! Et comme il y a quelque mois, Orange s’en est encore pris au plus petit et plus faible opérateur Hayo. Une fois de plus, les deux parties ne s’entendent pas sur les taxes sur les appels entrants. Orange estime que les appels internationaux entrant par le réseau de Hayo et passant par ses canaux devraient être surtaxés, et que la surtaxe lui est due. Or, l’opérateur universel de la région de Matam estime pour sa part que ne gagnant pas d’argent sur les appels entrants, il n’a pas à en verser à celui qui, tout en étant son client, est tout de même aussi, son concurrent. La situation a abouti hier à la suspension du fil international d’Hayo par la Sonatel, en violation de toutes les règles de procédures en la matière. Il faut se rappeler qu’il y a déjà quelques mois, et pour les mêmes raisons, Orange avait coupé le signal de Hayo. Il avait alors fallu l’intervention expresse du ministre des Télécommunications, qui a demandé à l’Artp d’intervenir pour faire entendre raison à Sonatel. Faudra-t-il cette fois encore en arriver là ?
Pour rappel, comme Le Quotidien l’avait déjà écrit, Hayo est titulaire d’une licence de service universel de télécommunications pour la région de Matam. Il faut dire que la Sonatel avait également postulé pour ce même service, qu’elle avait perdu, au profit de ce petit poucet. Est-ce ce dépit qui se manifeste par les avanies que la compagnie du Directeur général Alioune Ndiaye fait connaître à celle dirigée par le Dg Mme Fatmata Agne Ba ? On ne le saura sans doute jamais, mais cela n’empêche pas de poser la question.
Les abus de position dominante de la Sonatel envers Hayo ne se limitent pas qu’à la surtaxe sur les appels entrants, que même l’Etat ne recouvre plus. Même la location des pylônes est plus chère avec Sonatel que ce que Hayo paie à d’autres opérateurs comme la Senelec ou Manantali, par exemple.
Mohamed Guèye
(Source : Le Quotidien, 26 novembre 2015)