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Abou Lô, nouveau ministre de la Communication : "Je suis venu apporter le pragmatisme des Allemands"

samedi 7 avril 2012

Son téléphone portable ne cesse de grésiller. Dans une des suites d’un hôtel de la place où on le retrouve, Abou Lô, le nouveau ministre de la Communication, ne s’emballe pas outre-mesure. Vêtu d’un costume sombre, cet homme au physique filiforme est un Mathématicien de formation basé en Allemagne. Il évoque pour la première fois, son parcours, son soutien au Président Macky Sall, les tâches qui l’attendent dans son département ministériel très exposé.

Abou Lô, vous êtes un des inconnus du nouveau gouvernement de Abdoul Mbaye. Qui est êtes-vous ? Quel est votre parcours personnel et professionnel ?

Abou Lô est un expatrié sénégalais qui est né au Sénégal et qui connaît bien le pays pour y avoir grandi et fait ses études primaires et une partie de ses études secondaires. Je suis né en 1963 dans un village qui s’appelle Sinthiou Garba dans l’actuelle communauté rurale de Ogo, dans la région de Matam. (Son téléphone sonne, il s’excuse, puis reprend) J’ai fait mes études primaires à Sinthiou Garba et après mon Entrée en sixième, j’ai fréquenté le lycée Faidherbe de Saint-Louis de la 6e à la Terminale. J’ai eu le Bac C et après, je suis allé à l’Université de Dakar. J’ai fait des études en Mathématiques et Physique jusqu’en Maîtrise et après je suis allé à Berlin (Allemagne). J’ai continué mes études de Mathématiques à l’Université de Humboldt de Berlin et c’est là-bas que j’ai eu mon Master option Statistique et Actuarielle. Il s’agit des Mathématiques appliquées aux Assurances. Après mes études de Mathématiques, j’ai fait des études d’informatiques à l’Université technique supérieure de Berlin. Et après ses études, j’ai commencé à travailler d’abord dans le domaine des statistiques. Par la suite, j’ai intégré le monde des assurances, en travaillant comme expert consultant en assurances, c’est-à-dire dans le développement des compagnies d’assurance, et ensuite comme expert dans le développement des logiciels pour les assurances. J’ai fait beaucoup d’entreprises d’abord comme consultant et j’ai eu un intermède dans un fond de pension où j’ai travaillé comme chef du département Mathématique. Ensuite, je suis retourné dans le monde de la consultance dans lequel j’ai été avant d’être nommé ministre. Ou plus précisément jusqu’à hier (l’entretien s’est déroulé hier vendredi après sa nomination comme ministre, Ndlr).

Quand avez-vous commencé à faire de la politique ?

J’ai commencé à faire de la politique avec l’avènement de l’Apr (Alliance pour la République). Avant même que l’Apr ne soit mise sur pied, j’avais déjà une sympathie pour le Président Macky Sall. J’ai trouvé injuste ce qu’on lui a fait à l’Assemblée nationale. J’ai été peiné par cela : décrédibiliser les institutions pour des intérêts personnels. Ma fibre patriotique m’a mené vers le Président Macky Sall. L’Apr a été mis sur pied le 1er décembre 2008 et, dès le lendemain, je me suis engagé avec un groupe d’amis. Nous avons créé ce qu’on appelle la Délégation des Sénégalais de l’extérieur (Des) de l’Apr. J’ai eu l’honneur de diriger jusque-là cette coordination.

Comment avez-vous battu campagne pour Macky Sall durant l’élection présidentielle ?

Vous savez en Allemagne, la situation est autre. L’Allemagne n’est pas un pays d’immigration de masse. Si bien que la campagne se faisait essentiellement sur l’Internet. Nous n’avions pas besoin de nous déplacer pour faire des meetings. Nous nous réunissions via le Net ou par téléphone. C’était une campagne qui n’était pratiquement pas difficile. Comme j’ai des camarades très engagés, très bien organisés, qui savent utiliser ses moyens, j’ai jugé nécessaire de venir au Sénégal appuyer le Président Macky Sall, surtout dans la région de Matam. Je suis venu au premier tour d’abord pour battre campagne dans la région de Matam, essentiellement dans la commune où j’avais en face de moi de gros calibres du Pds comme le ministre de l’Education (Kalidou Diallo), le député milliardaire, Abdoulaye Dieng, et dans une certaine mesure aussi Diakaria Diaw. Pour la petite histoire, Diakaria et moi avons les mêmes origines, son village vient du mien et nos liens de parentés sont très poussés.

Etes-vous des cousins ?

(Il enchaîne) Disons que les liens entre les villageois sont très poussés, si bien qu’il est considéré comme un enfant du terroir, tout comme moi. Donc, lui aussi a battu campagne chez moi avec l’apport d’un émigré du nom de Abdou Diallo qu’on surnomme Diallo Bali qui était à l’Apr. Le Pds qui pensait qu’il était le financier de l’Apr l’a récupéré et il était contre moi. Mais avec la détermination des populations qui étaient engagées à nos côtés, nous avons pu les battre au premier tour. Mais après le premier tour, je suis retourné en Allemagne et nous avons continué le second tour jusqu’à la victoire finale.

Est-ce que le fait de vous engager dans la politique aux côtés de Macky vous a rapproché plus des préoccupations des gens de votre terroir ?

Depuis que j’étais élève et étudiant, j’étais très engagé dans le mouvement associatif. Cela veut dire que je connais bien les problèmes de notre terroir. A l’époque, il n’y avait pas d’électricité, ni de poste de santé, comme c’était le cas dans les années 1980. Donc, je connais bien la situation. J’ai été engagé, mais avec mes activités professionnelles qui ne me laissent aucun répit, je m’étais désengagé. Mais je connaissais leurs problèmes. Naturellement, comme je suis à l’étranger, je n’étais pas aussi imprégné, comme je le suis aujourd’hui après cette campagne. Mais, j’étais toujours proche des populations. J’ai aussi battu campagne, lors des élections Locales de 2009 à distance. Mais cette fois-ci, j’ai été dans les hameaux les plus reculés. J’ai vu les difficultés auxquelles les gens sont confrontés. Je crois que ces difficultés relevaient du passé. Parce que j’ai vécu vingt-deux ans en Allemagne, je me disais que ces problèmes n’existaient plus. Un exemple très simple, il nous arrivait d’aller dans un village, mais le problème principal c’était d’avoir un puits. Pour moi, c’était imaginable.

Combien de temps êtes-vous resté à l’étranger sans venir au Sénégal ?

Je viens de manière périodique au Sénégal, mais j’allais rarement dans la région de Matam. J’avais une périodicité comprise entre trois à quatre ans, quand je venais au Sénégal. Cela s’expliquait par le fait que ma famille restait au Sénégal vivait à Thiès. Alors si je venais au Sénégal, je me contentais de rester à Thiès. Maintenant, les choses ont changé, car ma grande famille est au Fouta et si je viens au Sénégal, je vais directement au Fouta. Mes dernières visites au Sénégal, c’était en 2009, 2010, en 2011 je suis venu deux fois.

Comment avez-vous accueilli la victoire de Macky Sall ?

J’ai accueilli la victoire de Macky Sall avec joie et fierté. Mais cela ne m’a pas surpris. Parce que je sais le travail de fond qui a été fait, par les militants du parti et surtout par le Président Macky Sall. Au moment où les gens de l’opposition restaient dans les salons dakarois et que d’autres étaient dans les médias, nous étions sur le terrain. C’est ce qui a fait la grande différence. Dans la diaspora, nous avons d’abord réussi à implanter le parti partout.

Entre 2009 et 2010 vous êtes revenu au Sénégal. Comment avez-vous trouvé l’environnement de la presse dans ce pays ?

Il y a beaucoup de journaux au Sénégal, beaucoup de télévisions et beaucoup de sites d’informations. Je crois que c’est une bonne chose, il y a des choses à dire, mais je préfère me réserver le temps d’observer avant de porter des jugements. Je sais que nous avons des journalistes très professionnels. Nous avons des patrons de presse très responsables qui sont patriotes. Nous avons la chance d’avoir une pluralité d’opinion et c’est bien que cela se reflète à travers la presse.

Quand avez-vous été pressenti pour figurer dans le premier gouvernement de Macky Sall ?

Je pense que cette question, il est préférable de la poser au Premier ministre ou au Président de la République. Parce qu’en militant simple et discipliné, mon rôle était de venir aider le parti et aider le Président Macky Sall à conquérir les suffrages des Sénégalais et après cela retourner à mes préoccupations, sans aucune prétention.

Quand avez-vous été consulté pour faire partie du gouvernement ?

Le Président Macky Sall a prêté serment le 2 avril. Entre-temps, comme tout Sénégalais, j’attendais de connaître la composition du gouvernement. Naturellement, on m’a appelé pour me consulter.

Quand vous a-t-on appelé pour la consultation ?

Comme beaucoup, j’ai été appelé après la prestation de serment du Président Macky Sall et qu’il ait fini de nommer le Premier ministre.

Vous a-t-on consulté pour vous proposer le poste de ministre de la Communication et des Nouvelles technologies, ou vous a-t-on proposé un autre ministère ?

Je pense que ce n’est pas très important. Le plus important, c’est que le président de la République et le Premier ministre m’ont fait l’honneur de me choisir parmi les membres du gouvernement. Ils m’ont proposé un grand ministère qui est pour moi un challenge. Comme je l’ai dit, je suis hors du pays depuis des années, mais je pense qu’avec mon expérience dans mon domaine et avec le pragmatisme des Allemands que j’apprécie beaucoup, avec l’aide de Dieu, une bonne collaboration avec les gens du ministère et tous les acteurs qui sont sous la tutelle de ce ministère, nous arriverons à faire de bons résultats.

Le secteur des télécommunications est en plein essor dans ce pays. Quel regard portez-vous sur ce secteur ?

Je pense que, comme tous les secteurs des nouvelles technologies, la Télécommunication au Sénégal est très avancée. Nous avons de grands experts et de grandes sociétés. Nous avons des professionnels et le secteur est en avance par rapport à d’autres pays. Je pense que c’est un acquis positif pour le Sénégal. Pour le moment, je ne peux pas trop m’avancer sur le sujet. J’attends la passation de service pour faire l’état des lieux.

« Je suis une victime de la surtaxe des appels entrants »

Vous êtes un expatrié qui a suivi la surfacturation des appels entrants, allez-vous revenir sur cette mesure de l’Etat Wade ?

Naturellement, en tant qu’expatrié, je suis une victime de la surtaxe des appels entrants. Mais il est trop tôt pour moi de donner un avis sur la question.

Quel est votre avis personnel sur ce sujet ?

Non, les avis personnels d’un ministre sont synonymes d’avis officiels. Je vais les garder pour moi pour le moment.

Vous êtes mathématicien de formation, est-ce que vous n’avez pas d’appréhensions sur ce secteur de la communication ?

Je pense qu’il y a des techniciens et des collaborateurs qui sont très outillés dans ce secteur des Télécommunications. Mon rôle, ce n’est pas d’être forcément un praticien des télécommunications. Mon rôle, c’est d’aider le gouvernement à concrétiser la vision du Président Macky Sall.

Vous avez affaire à un ministère très exposé, est-ce que vous appréhendez les difficultés qui vous attendent, car vous ne connaissez pas les réalités pour n’avoir jamais travaillé dans ce pays ?

Si j’ai de telles appréhensions, je pense qu’il n’est même pas nécessaire que je revienne au Sénégal. Parce que dans mon propre domaine, si je me mettais à enseigner les Mathématiques, j’aurais toujours les mêmes problèmes. Je pense que c’est un challenge pour moi et je suis avant tout Sénégalais formé dans la culture sénégalaise, je peux m’adapter à toutes les situations.

Quel souvenir gardez-vous des médias sénégalais avant votre départ en Europe ?

Je garde de très bons souvenirs. C’est vrai qu’à l’époque, il n’y avait pas cette prolifération de journaux. Je pense qu’il y avait Le Soleil, d’autres journaux comme Le Cafard Libéré, Le Témoin que j’appréciais très bien, Le Sopi, Sud Quotidien… Naturellement, il n y avait pas l’Internet comme aujourd’hui, mais il y a eu une évolution très positive.

Le secteur de la presse traverse une crise comme partout dans le monde, avez-vous décliné des priorités pour aider un peu à sa remise à flots ?

Je préfère m’expliquer ultérieurement sur ces questions.

La nomination de Youssou Ndour a déchaîné des passions au Sénégal après la formation du gouvernement, comment avez-vous accueilli ce nouveau collègue ?

Je me félicite de la nomination de ce nouveau collègue. Youssou Ndour est une fierté pour tous les Sénégalais. Je vis à l’étranger, j’ai été frappé par l’ampleur que la déclaration de candidature de Youssou Ndour a suscitée à l’étranger. Youssou Ndour est une star internationale connue, qui peut nous apporter beaucoup de choses. Rien que du point de vue visibilité et de l’image de notre pays, je me réjouis de sa nomination. N’ayons pas le complexe des diplômes. Je peux vous donner deux exemples très simples. Au Brésil, il y a un chanteur (Gilberto Gil) qui a été ministre de la Culture dans le gouvernement de Lula (Luis Ignacio Lula, ancien président Brésilien). Haïti est dirigé par un chanteur (Michel Martelly) et en Allemagne, le meilleur ministre des Affaires étrangères a été Joschka Fischer. Pourtant, il n’a pas le Bac. Aujourd’hui, il donne des cours à l’université américaine Harvard (Université réputée sélective). Il ne faut pas avoir le complexe du diplôme. Si Youssou Ndour arrive à faire de bons résultats, nous ne pourrons qu’applaudir.

Quels sont vos liens avec Harouna Dia, le bailleur qui a contribué financièrement à la campagne de Macky ?

J’ai des liens fraternels avec Harouna Dia. Nous sommes issus du même terroir, nous échangeons beaucoup et nous nous apprécions mutuellement.

On vous a présenté comme le ministre représentant Harouna Dia dans le gouvernement, est-ce le cas ?

Non. Je représente dans le gouvernement les intérêts du peuple sénégalais. Je suis là, parce que l’on m’a confié une mission et je suis fier de représenter les nombreux militants de la diaspora.

Est-ce que votre nomination n’est pas une forme de caution Hal Pulaar du gouvernement ?

Je ne raisonne pas comme ça. Le peuple a démontré que ce débat est dépassé. En tant que statisticien, si vous regardez la région qui vient en premier au deuxième tour, c’est la région de Fatick avec 74%. Après c’est la région de Dakar (73%), après c’est la diaspora (environ 72 %) et on ne peut pas dire que ce sont les Hal Pulaar.

Mor Talla Gaye

(Source : L’Observateur, 7 avril 2012)

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