Abou Lo, Président du Conseil d’administration de l’aéroport Blaise Diagne, responsable APR
mardi 6 janvier 2015
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Abou Lô se livre. Dans cet entretien accordé à L’Observateur sous forme de protocole d’interview, le responsable politique de l’Apr et ancien ministre de la Communication commente son passage à la tête de l’Autorité de régulation des télécommunications et des postes (Artp) et étale ses différentes réalisations.
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Vous avez fait long feu à l’Artp, qu’avez-vous retenu de votre passage dans cette structure ?
Je me permets de vous rectifier. Je n’ai pas fait long feu à l’Artp, puisque j’ai eu l’opportunité de diriger cette institution de novembre 2012 à mai 2014, soit près de 18 mois. Je remercie tout le personnel de l’Artp, les membres du collège sortant et ceux qui siègent dans cette structure actuellement. De ce passage enrichissant, je retiens avoir été un artisan essentiel pour l’édification d’une véritable économie numérique au Sénégal. Sous ma direction, les efforts de régulation de l’Artp ont fait porter, pour la première fois, le taux de pénétration de la téléphonie mobile au-dessus de la barre de 100%. Il est passé à 103% au mobile en juin 2014, soit quelques jours après mon départ. De même, l’accès à l’Internet s’est démocratisé au Sénégal avec un taux de pénétration atteignant presque la barre des 30% en juin 2014. Ce boom des télécommunications dans notre pays a été accompagné par une volonté ferme d’authentification du ficher des abonnés aux services mobile afin de lutter contre la cybercriminalité. Tous les Sénégalais ont en mémoire la campagne d’identification des abonnés de juin-juillet-août 2013. Campagne ayant permis d’obtenir 100% des cartes SIM identifiées. Par ailleurs, j’ai aussi eu l’opportunité d’instaurer au Sénégal le processus de mise en œuvre de la portabilité des numéros. A mon départ de l’Artp, les lignes directrices avaient été définies. Les équipes techniques, plus précisément la Direction de l’Economie, des Marchés et de la Stratégie (Dems), s’étaient engagées à boucler le processus de mise en place au plus tard en octobre 2014. Toujours sous ma direction, l’Artp avait, pour la première fois depuis sa création, entamé le processus vers l’audit des coûts des opérateurs Orange, Tigo et Expresso. Jamais, aucun Dg auparavant n’avait engagé ce travail d’audit des coûts. La balle est dans le camp de mon successeur pour mener à bout cette opération. Autre réalisation de mon passage à l’Artp : la mise sur pied d’un Centre de contrôle des appels. Ce centre doté de matériel de dernière génération est un système de contrôle couplé à un système de lutte contre la fraude. Il permet, en outre, de localiser de manière physique n’importe quelle carte SIM utilisée chez un des opérateurs et de superviser la qualité de service et la couverture des réseaux de télécommunications. Je ne saurais oublier l’autorisation de tester la technologie 4G que nous avons octroyée, depuis octobre 2013, à l’ensemble des opérateurs de téléphonie mobile. Ces autorisations expérimentales ont permis aux internautes sénégalais d’être parmi les premiers en Afrique au sud du Sahara à tester cette technologie de dernière génération.
A ces activités de régulation, s’ajoutent les actions en faveur des étudiants (instauration du wifi au campus social de l’Université de Dakar), des développeurs de logiciel (financement des activités de l’incubateur Ctic et mise sur pied d’un budget pour installer des centres d’incubateurs dans les régions), d’appui au Cnra pour l’acquisition d’équipements de monitoring des télévisions et des radios etc.
Si nous avons pu réaliser ce travail, c’est grâce au soutien de tout le personnel, à leur professionnalisme et à leur compétence des cadres de la boîte, mais aussi à l’appui et aux orientations du collège de l’Artp.
Vous aviez initié le projet de la portabilité qui défraie la chronique. Qu’est-ce qui, à l’époque, bloquait la mise en route ?
En juillet 2013, l’Artp avait réuni l’ensemble des acteurs (ministère, opérateurs et consommateurs) pour annoncer son intention d’instaurer la portabilité des numéros. Grâce à ce levier, l’utilisateur peut changer d’opérateur sans changer de numéro de téléphone. Sur ce dossier, j’ai favorisé une approche concertée et volontaire. Dès que le Collège a adopté la décision n°0009/2013/ARTP/DG/COL, lançant officiellement le processus de mise en œuvre, j’ai demandé un calendrier détaillé qui fixe l’ouverture commerciale à la portabilité des numéros mobiles en octobre 2014. En mai 2014, le processus de choix devant gérer la plateforme unique suivait un cours rassurant.
Quelles relations aviez-vous avec votre successeur à l’Artp qui semble avoir tourné la page de vos actions ? Etes-vous surpris par cela ?
Le nouveau Dg de l’Artp est un camarade de parti, membre, comme moi, de la Convergence des cadres républicains (Ccr). Je le félicite pour sa nomination. C’est un professionnel du secteur dont la compétence est connue de tous. Je constate, juste que M. Sall essaie de tracer sa propre voie. Ce qui est légitime. Au moment de mon départ de l’Artp, j’avais réussi à mettre sur pied un Centre de contrôle des appels. Malheureusement, un tel outil n’est toujours pas opérationnel. Je constate aussi que la date de l’opérationnalisation de la portabilité des numéros a été reportée. Peut-être que cela est due à des problèmes techniques ou à la lenteur des procédures de passation des marchés. Les incubateurs d’entreprises Tic (Ctic) devraient se déployer hors de la région de Dakar, plus précisément à Ziguinchor, Thiès et Saint-Louis, comme s’était prévu en 2014. Le budget, à cet effet, était déjà disponible. Sinon, je lui souhaite plein succès pour la réalisation des projets qu’il a hérités et ceux nouveaux que son équipe et le collège ont définis dans leur plan d’action.
Aviez-vous d’autres projets pour l’Artp ?
Au moment où je vous parle, l’Artp c’est de l’histoire ancienne. J’estime avoir suffisamment rempli ma mission dans cette structure. Je souhaite plein succès à mon successeur, M. Abdou Karim Sall. Je concentre mon énergie et mes efforts à la nouvelle mission que m’a confiée le Chef de l’Etat.
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Sophie Barro
(Source : L’Observateur, 6 janvier 2015)