Abdoulaye Sow crée une plateforme de recherche de documents perdus
lundi 2 mars 2015
La plateforme « Guiss.net » lancée par Abdoulaye Sow en 2009 aide une personne à retrouver son ou ses document (s) sans se déplacer et en temps réel. C’est une approche innovante si on la compare avec les Dépôts de documents retrouvés dans les pays occidentaux. Cependant, le promoteur doit relever le défi de la constitution d’une bonne base de données. Laquelle exige des ressources humaines et financières.
Abdoulaye Sow ne fait pas partie de ces personnes qui attendent tout de l’Etat. Au contraire. Ce Sénégalais qui est né et a grandi à Bopp, un quartier de Dakar, a créé quelques emplois avec la mise en place de sa plateforme « Guiss.net ». Sa création est motivée par la nécessité d’introduire de nouvelles méthodes de recherche des cartes d’identité, des passeports et d’autres documents perdus. Ses prestataires se rendent dans les lieux publics, commissariats, gendarmeries, mosquées, entre autres endroits où les objets perdus sont souvent déposés, pour ensuite introduire des informations essentielles dans leur base de données. Il suffit au requérant de visiter leur site pour retrouver sa pièce en échange d’identification. « Nous voulons fournir des services publics. Tous les jours, dans les radios et télévisions, il y a des annonces de documents perdus. Les personnes sont souvent désorientées. Mais avec cette plateforme, la personne, quel que soit le lieu où elle se trouve, peut connaître le lieu où se trouve (ent) son ou ses document (s) », justifie Abdoulaye Sow.
Il pose ainsi un acte pour conduire à la centralisation de la recherche des documents. Le promoteur du projet travaille aussi sous le contrôle de la Direction de la protection des données personnelles. « Nous sommes en train de réviser des item, parce que des structures estiment que nous demandions plus d’informations lorsque la personne veut chercher son document », rapporte-t-il.
L’initiateur est inspiré par l’approche de recherche en cours dans les pays de l’Occident où tout ce qui est perdu dans les bus et trains et les métros est acheminé aux points « documents retrouvés ». A travers les Tic, Abdoulaye Sow veut réduire le temps de recherche. « On ne peut pas aller de commissariat en commissariat ou de mosquée en mosquée pour chercher une pièce perdue. C’est une perte de temps. L’innovation réside dans le fait qu’à travers un clic, vous localisez votre document. Je suis la première personne à penser à cette méthode de recherche », souligne-t-il.
Abdoulaye Sow travaille sur cette question depuis 2009. Aujourd’hui, le projet est à la croisée des chemins. Il est conscient qu’il n’aura pas les effets escomptés si le site n’est pas visité. Le retour sur investissement n’est pas attendu dans les prochaines années.
Accompagnement
« Nous fournissons des services gratuits aux Sénégalais. C’est pour cela que nous avons besoin du soutien et de l’accompagnement des autorités. Car ce n’est pas demain que nous allons récolter les fruits de notre investissement », estime-t-il.
Après quelques années de tests et de réajustements, lui et ses collaborateurs pensent procéder à un lancement officiel de cette plateforme. Abdoulaye Sow devrait relever le défi de l’audience s’il veut pérenniser son projet. « Tant que le site n’est pas visité, nous ne pouvons pas avoir des retombées. Nous comptons sur l’audience pour vendre des espaces publicitaires. Ce n’est pas un site d’informations générales, c’est un site de prestations gratuites de services », informe-t-il. Cet ancien du lycée Maurice Delafosse qui a eu à subir des formations sur les Tic estime que les opportunités des nouvelles technologies sont sous-exploitées au Sénégal. Rien qu’avec son projet, il soutient qu’il peut créer une centaine d’emplois à travers le pays. L’ouverture des points de collecte des informations dans les régions est dans son schéma.
« J’envisage de créer une centaine d’emplois avec l’ouverture des points de collecte dans des régions. Nous devons saisir les opportunités des Tic pour lutter contre le chômage », défend-il.
An début du projet, en 2009, le promoteur ne cessait de voir les choses en grand, malgré la pénombre qui voilait son horizon. Abdoulaye Sow parle déjà de son exportation dans la sous-région et de diversification des prestations en y intégrant le rétablissement des liens familiaux et la recherche des enfants perdus. Il part du fait qu’avec les conflits, il y a beaucoup de personnes déplacées, les familles se disloquant. « Il est plus facile de rétablir les contacts entre les membres d’une famille à travers le net. Il est aussi plus facile pour les parents de retrouver un de leurs enfants à travers la toile », théorise l’informaticien. L’idée est réaliste. Mais elle demande plus de ressources humaines et financières que les exigences techniques.
Idrissa Sané
(Source : Le Soleil, 2 mars 2015)