Abdou Latif Coulibaly déplore les faiblesses de la libéralisation de la télévision
samedi 29 août 2009
Le journaliste écrivain Abdou Latif Coulibaly a déploré samedi à Dakar l’inexistence d’un document stratégique de planification de la libéralisation de l’audiovisuel au Sénégal.
‘’Il n’a jamais existé chez nous un document stratégique précédant la mise en œuvre de la libéralisation du secteur de la télévision. Pour la radio, il y a eu un semblant de programme pour encadrer le mouvement de libéralisation. Mais je ne suis pas au courant de l’existence d’un tel document pour la télévision’’, a-t-il indiqué.
M. Coulibaly animait le même jour une conférence sur le thème : ‘’libéralisation, concurrence et régulation de la télévision au Sénégal’’, organisée par la Convention des jeunes reporters (CJRS).
‘’La régulation, a-t-il dit, est un instrument au service d’une politique. Il s’agit de savoir si on a une politique initialement définie. A mon humble avis, elle a été instituée au Sénégal à la suite de fortes pressions des partis d’opposition qui dénonçaient l’accaparement des médias publics par le gouvernement dans les années 1990’’.
‘’La régulation est donc un moyen de réponse à des préoccupations urgentes et le gouvernement, en partant de ce constat, a créé le Haut conseil de la radio et de la télévision (HCRT)’’, a-t-il souligné.
Pour le directeur de l’Institut supérieur des sciences de l’information et de la communication (ISSIC), ‘’(au Sénégal), on règle les rapports entre l’Etat et les radios commerciales. Mais le gouvernement n’a jamais clarifié les rapports entre les chaînes de l’audiovisuel en général et entre la chaîne de télévisons publique et les télévisons privées’’.
‘’L’Etat ne donne pas assez de financement à la chaîne de télévision publique pour lui permettre de faire face à la concurrence. Et elle n’a pas de moyens. La Radiodiffusion télévision sénégalaise (RTS) est obligée de faire la même chose que les chaînes privées’’, a-t-il par ailleurs fait remarquer.
‘’L’Etat, a-t-il déploré, a failli à sa mission d’assurer la survie du service public pour que la RTS échappe à cette politique commerciale qui l’empêche de jouer pleinement son rôle. Résultat : on assiste à floraison de folklore de peur d’être dépassée par ses concurrents’’.
Selon lui, ‘’on devrait aussi savoir qu’il y a une différence entre une chaîne de télévision publique et une chaîne de télévision privée. Si aujourd’hui on appliquait le même cahier de charges de la radio à la télévision, toutes les chaînes de télévision seraient fermées’’.
‘’Ce cahier de charges, a-t-il rappelé, oblige les radios commerciales à réserver dans leurs programmes, 70 pour cent à la production locale. Il n’y a même pas une politique de différenciation entre le public et le privé’’.
‘’Une télévision, a-t-il fait valoir, c’est des moyens nécessitant 5 ans pour équilibrer les comptes et décider de poursuivre ou de fermer après 10 ans de fonctionnement. Le marché ne vous donne jamais les moyens’’.
‘’Il faut que les gens réfléchissent à une stratégie de regroupement de façon à avoir une seule chaîne de télévision privée aux côté de la chaîne publique. Ces deux seules chaînes suffisent pour le Sénégal’’, a-t-il estimé.
(Source : APS, 29 aout 2009)