Abdou Kane, Directeur général Waw Telecom : « Prouver aux Sénégalais que nous offrons un service de qualité »
lundi 16 juillet 2018
Un des trois nouveaux fournisseurs d’accès Internet (FAI) au Sénégal, Waw Télécoms, qui vient de démarrer ses activités, se veut une « marque 100 % africaine et ‘Made in Sénégal’ ». De l’octroi de la licence à la phase de déploiement du service, en passant par le lancement par l’autorité de régulation du dégroupage de la boucle locale cuivre de Sonatel, le directeur général, Abdou Kâne, revient également, dans cet entretien exclusif, sur le processus qui a accouché de son entreprise dont le nom signifie « Oui », en wolof.
Selon vous, qu’est-ce qui a été déterminant dans votre dossier de candidature et qui vous a valu votre licence de FAI ?
Premièrement nous nous sommes attelé à respecter textuellement les dispositions établies par le dossier d’appel d’offres. Douze entreprises ont candidaté, au départ. Ensuite nous avons soumis la meilleure offre, qui a pris en compte tous les aspects technico-financiers pour assurer un service efficace et pérenne.
Vous savez, Waw Telecom a été créé en fin 2016, et a démarré ses activités cette année, en mars 2018. Cela nous a pris une année pour mettre en place notre infrastructure pour la 4G à Dakar, et construire notre réseau de fibre optique. En gros, de la création à la réalisation du service de fourniture d’accès Internet, notre plan de déploiement a pris trois années. Aujourd’hui, en tant que FAI, nous ne dépendons d’aucuns operateurs en matière d’infrastructures. Nous avons un dispositif autonome au même titre que n’importe quel FAI du pays. Présentement, nous n’offrons pas le service de la vois (la téléphonie, Ndlr). Nous opérons dans le service des données (Accès à Internet, Ndrl). Waw est une marque 100% africaine et « Made in Sénégal ». Et nous sommes en train de prouver aux Sénégalais que nous offrons un service de qualité.
Aujourd’hui Waw est un FAI à part entière et a commencé à déployer son offre de service, quelle est la prochaine étape ?
En plus de l’offre d’accès à Internet, chez Waw Telecom, nous disposons d’un éventail de services à valeur ajoutée que nous aimerons intégrer. Nous pensons offrir, dans les années à venir, le service de la télévision sur Internet ou Internet Protocol-TV (IP-TV). Comme vous le savez, dans le secteur technologique, tout est en train de basculer vers le IP-Internet Protocol (Voice over IP, TV IP, Security as a service (Sas), etc.). Nous prévoyons tous ces services, même si, pour le moment, la principale activité et le cœur de métier de Waw Télécoms reste la fourniture d’accès Internet.
De la phase de projet à celle actuelle du déploiement de votre offre de service, à combien s’élève le montant de votre investissement ?
Nous avons beaucoup investi dans notre infrastructure technologique. Notre plan de déploiement s’élève actuellement à 16 milliards de francs CFA (25 millions de dollars) pour 2018-2019.
Qui compose la clientèle de Waw ?
Notre clientèle est constituée de particuliers et d’entreprises. Nous gérons, par exemple, l’accès à la fibre optique pour des entreprises opérant dans le nouvel aéroport International Blaise Diagne, à Diass. Par exemple Delta Air Lines, la compagnie aérienne américaine, nous fait confiance pour le bon fonctionnement de son système informatique.
J’aimerai également rappeler le processus qui a précédé le lancement officiel de notre offre. Nous avons démarré par un pilote fermé pour expérimenter le réseau que nous avons bâti. La 4G n’est plus une technologie nouvelle, mais il fallait tester tous les processes. Dans un premier temps, nous avions donc ciblé 500 clients, à Dakar, pour la phase-test du réseau avant de l’ouvrir intégralement, il y a un peu plus de deux mois. Maintenant que nous nous sommes lancé sur le marché, nous proposons des packages de 4 et 10 Mo.
Où en êtes-vous avec le respect du cahier des charges, qui exige de vous déployer dans cinq régions du pays (Thiès, Diourbel, Tambacounda et Kédougou), outre seulement à Dakar, la capitale ?
Nous venons de couvrir Mbour. Dans les semaines à venir, la région de Thiès le sera également. Nous sommes dans les temps et procédons de manière réfléchie et progressive. Rassurez-vous, d’ici fin 2019, nous allons couvrir les cinq régions qui nous sont assignées dans le cahier des charges. Cela a été une bonne décision des autorités d’octroyer des licences à de nouveaux FAI. La mesure a favorisé la réduction des prix de l’accès à Internet jusque chez les fournisseurs traditionnels.
L’objectif que nous partageons avec les pouvoirs publics consiste à augmenter le taux de pénétration de l’Internet au Sénégal. Nous sommes en train de mettre en place une nouvelle infrastructure qui favorisera l’accès à internet dans les zones reculées. C’est en ce sens que Waw a signé un partenariat avec un operateur satellite émirati pour nous permettre de couvrir toutes les zones blanches.
Notre objectif, je le répète, est de bâtir un réseau performant qui contribuera de manière effective à la réduction de la fracture numérique sur tout le territoire national ; que cela soit dans les zones urbaines, péri-urbaines ou rurales.
S’agissant du débit de l’internet au Sénégal, les utilisateurs se plaignent souvent de sa faiblesse, sa lenteur. Avez-vous pris en compte cette réclamation au sein de Waw ?
Pour ce qui concerne Waw, nous offrons la 4G et non l’ADSL. Donc, nous offrons deux fois plus de débit que l’ADSL, une vitesse de 30 à 150 Mégabits, avec un rapport qualité-prix très compétitif.
L’Agence de régulation des télécommunications et des postes vient de procéder au dégroupage partiel de la boucle locale cuivre de l’opérateur historique, Sonatel. Une bonne mesure pour les opérateurs alternatifs comme Waw Telecom ?
Il s’ait d’une bonne mesure qui permet de démocratiser davantage l’Internet. C’est donc un bon début en attendant le dégroupage total, qui permettra aux opérateurs alternatifs notamment les fournisseurs d’accès à internet (FAI) comme Waw de pouvoir offrir de nouveaux services à valeur ajoutée. Je pense, par exemple, à la Triple Play (Internet, TV, téléphonie fixe) ou Quadruple Play (Internet, TV, téléphonie fixe, téléphonie mobile). Plus tard, nous espérons également, que le dégroupage intègre également la fibre optique.
Le régulateur devrait peut-être songer à confier la gestion de ce projet à une entité neutre, qui fixerait les prix de manière consensuelle. L’accès à Internet, la baisse des tarifs et le choix pour le consommateur en seraient grandement favorisés.
Entretien réalisé par Amadou Ba
(Source : Innovafrica, 16 juillet 2018)