ART : bien mais doit faire plus
dimanche 30 novembre 2003
Dans le courant du mois de novembre 2003, l’Agence de régulation des télécommunications (ART) s’est signalée en poussant un coup de gueule dans lequel elle s’est inquiétée de la « dégradation de la qualité de service de la téléphonie mobile en particulier dans l’agglomération dakaroise ». Cette prise de position, qui intervient peu après son entrée en scène dans la mini-crise soulevée par la décision de la Sonatel Mobiles de faire payer son service de SMS jusque là gratuit et le lancement d’un appel d’offres destiné à acquérir l’équipement technique nécessaire à l’accomplissement de sa mission, atteste de l’opérationnalité progressive de l’ART qui fêtera ses deux années d’existence en janvier 2004. Cela étant, compte tenu des enjeux liés au développement du secteur des télécommunications d’une part et de la situation de quasi monopole qui voit la Sonatel imposer ses services, ses tarifs et ses pratiques souvent peu orthodoxes aux particuliers, aux entreprises comme aux autres opérateurs du secteur, il est temps que l’ART passe à la vitesse supérieure. En effet, le climat relativement malsain dans lequel vit actuellement le secteur a eu entre autres conséquences la disparition de plusieurs fournisseurs de services Internet et l’apparition d’un quasi monopole de fait au profit de la Sonatel Multimédia dans un créneau pourtant soumis au régime de la libre concurrence ; la faillite de plusieurs promoteurs de téléservices ; l’arrêt de l’activité des opérateurs de terminaison d’appel, le renoncement de gros investisseurs étrangers qui avaient projeté de s’installer au Sénégal ; l’imposition de conditions léonines aux exploitants de télécentres ou encore la fourniture de liaisons spécialisées de piètre qualité à des clients n’ayant pas d’autre choix que de se les procurer auprès de la Sonatel. Si l’ART veut gagner en crédibilité et surtout contribuer à l’assainissement de l’environnement des télécommunications, elle doit désormais jouer pleinement son rôle de garant de l’intérêt collectif, de protecteur des consommateurs et d’arbitre veillant au strict respect d’une saine et loyale concurrence entre les acteurs économiques.
Amadou Top
Président d’OSIRIS