OSIRIS

Observatoire sur les systèmes d’information, les réseaux et les inforoutes au Sénégal

Show navigation Hide navigation
  • OSIRIS
    • Objectifs
    • Partenaires
  • Ressources
    • Société de l’Information
    • Politique nationale
    • Législation et réglementation
    • Etudes et recherches
    • Points de vue
  • Articles de presse
  • Chiffres clés
    • Le Sénégal numérique
    • Principaux tarifs
    • Principaux indicateurs
  • Opportunités
    • Projets

Accueil > Ressources > Points de vue > 2014 > APE régional CEDEAO : un défi et des pièges pour l’Afrique

APE régional CEDEAO : un défi et des pièges pour l’Afrique

vendredi 21 février 2014

Point de vue

Après plus de dix ans de négociations, le commissaire attitré de l’UE et les deux présidents des commissions de la Cedeao et de l’Uemoa ont trouvé un consensus en vue de la signature d’un accord de partenariat économique dit APE.

Consensus obtenu en moins d’une semaine après quelques mois de négociations discrètes, et d’aucuns d’y voir une performance de la diplomatie sénégalaise ou le “grand leadership” du chef de l’Etat sénégalais chargé de la supervision des négociations par ses pairs. Il y a dix ans, son prédécesseur avait réussi à mobiliser rien moins que la société civile africaine contre l’APE proposé par l’UE et de militer pour un APD, un accord de partenariat pour le développement. Dans sa contribution, le Pr Ely Madiodio Fall évoque un « problème des APE » alors que l’ancien ministre Kalidou Diallo parle de « pré accord partiel ». En fait, il s’agit d’un « APE régional » à valider non pas par la commission de l’UA face à l’UE, mais par la CEDEAO, le « diviser pour mieux négocier » a prévalu. Par ailleurs, les observateurs bien avertis parlent d’un accord “pas des meilleurs” ou “à minima” tout en appelant à la vigilance parce que obtenu dans l’urgence pour éviter une multitude d’accords, entrave possible à l’intégration régionale ouest africaine. Eveilleur de consciences devant l’éternel, le Pr Ely Madiodio Fall, décortiquant « le problème de l’APE » et celui de la relation Afrique-Europe, y va d’un cours magistral à l’adresse des négociateurs de l’UEMOA et de la CEDEAO, cas d’école à l’appui : conseils avisés d’un « Magum kër » qui redoute surtout « les pratiques habituelles de l’Europe en Afrique » (sic). « Les pratiques habituelles de l’Europe en Afrique » ne sont-elles pas la vraie problématique du sous-développement de l’Afrique ? N’étant pas diplomate, le Pr Fall aurait pu, sans faire dans le diplomatiquement correct, parler de relations Europe-Afrique empreintes de ce que l’autre a appelé « le fardeau de l’homme blanc ». Le syndrome de « l’oncle Tom » fera le reste : plus de trois siècles de honteuse domination sur plus de dix générations, cela marque et durablement… L’Afrique n’a pas refusé le développement et ne refuse pas le développement, le cliché inacceptable renvoie en fait à l’anormalité présupposée de « l’africain pas assez entré dans l’Histoire ». L’Afrique n’a jamais eu le choix ; le développement a simplement été refusé au continent. Pour tranquillement profiter de ses richesses ? Allez savoir. Il ne s’agit surtout pas de faire du racisme anti-blanc, ce serait contre-productif : il s’agit de déconstruire un système pervers qui enferme un continent des plus riches et son milliard d’individus, indigènes chez eux et ailleurs, un système qui instaure le
misérabilisme et la résilience de ses populations comme une norme spécifique.

En l’occurrence, c’est une construction qui a pollué tous les esprits et fini par coloniser les consciences surtout africaines ; le sous-développement n’est pas une fatalité. Le développement est bien de l’ordre du possible, à condition de savoir déjouer les pièges « des pratiques habituelles de
l’Europe en Afrique » : voilà le véritable défi pour un APE favorable au développement du continent ou APD.

La belle épopée de Sonatel, l’opérateur historique sénégalais, est une illustration parfaite de ce développement possible : une réussite fulgurante dans un domaine de pointe d’un monde à advenir.

C’est une échappée en tête de course qui aura permis à l’aventure sénégalaise de prospérer. Quelqu’un a qualifié la première décennie de Sonatel « période des années pionniers ». S’en suivront des pratiques d’un autre âge pour s’approprier un patrimoine construit grâce à la confiance en
l’expertise locale mais encore au renoncement à son dividende par l’Etat d’un bénéfice toujours consolidé d’une entreprise dont il était seul propriétaire.

La Sonatel est née, et c’est la vérité historique, grâce aux cadres des télécommunications de l’ex-Opt qui ont réussi à convaincre leur ministre de tutelle de l’époque, Djibo Kâ, de l’intérêt pour le pays de regrouper Télécommunications nationales de l’Opt et Télécommunications internationales de Télésénégal… Le secteur connaissait des bouleversements institutionnels majeurs aux Etats-Unis dans la ligne desquels le Sénégal s’est inscrit très tôt donc et grâce à une gouvernance vertueuse, « le difficile n’était plus le chemin » selon le beau mot du président Abdou Diouf…

Au bout de dix ans, rien moins que la conquête de l’Afrique était dans le champ du possible et l’ambition affichée. Le secteur national allait vers la libéralisation, c’était la mode. Le capital de Sonatel sera ouvert à un opérateur de rang mondial pour accompagner la marche vers les sommets de l’Afrique mais aussi pour juguler tout risque de la part de politiques aussi prédateurs qu’on ne pouvait le soupçonner d’un partenaire stratégique. Piège non déjoué.

Confiante dans son avenir, l’entreprise constituée en groupe allait se déployer dans l’arrière-pays constituant la zone d’acheminement de son centre de transit international tel que défini par l’UIT, instance internationale en la matière… France Télécom, le partenaire stratégique, avait les mêmes ambitions d’Afrique… « Every where you go », c’est l’opérateur sud-africain MTN qui le fera au coude-à-coude avec Orange pendant que Sonatel restait sur le quai.

Il faut entendre la complainte de l’intersyndicale qui a produit un « Mémorandum du démantèlement du groupe Sonatel », un véritable répertoire « des pratiques habituelles de l’Europe en Afrique », ici
l’ancienne tutelle coloniale par son opérateur historique de télécommunications. L’intersyndicale de Sonatel est déjà engagée dans le défi pour déjouer les pièges de ces pratiques évoquées et la liste
est longue :

  • cession en catimini en 1998 de 9 % du capital, surement dans un moment d’égarement d’un régime pris à la gorge, par l’Etat à France Télécom qui devient actionnaire majoritaire avec 42,33% pour ensuite faire payer à Sonatel l’utilisation de la marque commerciale Orange ;
  • tentative déjouée de délocaliser le hub téléphonique international en France comme sous la colonie : 30% du chiffre d’affaires de Sonatel serait passé hors contrôle sans compter la quote-part transit de la taxe de répartition qu’elle aurait à payer à France Télécom pour chaque minute taxée ;
  • usurpation de la licence Sonatel Niger estampillée ensuite Orange Niger ;
  • tentative avortée de rachat à l’Etat d’un autre paquet d’actions qui aurait donné à France Télécom le contrôle total de Sonatel ;
  • Sonatel et ses filiales filialisées, des expatriés sont derrière tous les projets : Sonatel est-elle encore une société nationale ? ;
  • impossibilité pour Sonatel de se déployer dans la sous-région, Cap-Vert et Mauritanie, la zone de transit naturelle de Dakar.

Sûr de son fait, Orange ne compte pas s’arrêter en si bon chemin qui envisage d’externaliser à tour de bras les grandes fonctions de la société nationale avec l’objectif déclaré de réaliser le maximum de profit possible. C’est la grande mode en occident, tout faire pour satisfaire les grands actionnaires, ici France Télécom :

  • couper dans les charges quitte à supprimer des postes de travail, il n’y aura plus d’expertise à Sonatel ;
  • l’enrôlement d’un opérateur d’infrastructures du cru de France Télécom confinera les sous-traitants de Sonatel au rôle de sous-traitants de sous-traitant : l’éco système économique né autour de Sonatel directement menacé mais aussi une opération comptable très intéressante au bilan financier.

On peut aussi bien imaginer dans la même veine l’externalisation du réseau commercial de Sonatel : c’est à terme une dématérialisation qui attend l’opérateur national. Et on comprend pourquoi Orange n’était pas emballé par la construction du nouveau siège de Sonatel sur la VDN qui, au final, risque d’être peu peuplé. Avec de telles pratiques managériales, Orange peut ambitionner de réaliser le chiffre d’affaires mirifique de 7 milliards d’euros sur les trois parties du monde que couvrent ses filiales. Aussi vrai qu’Orange était venu chercher en Afrique les relais d’une croissance en panne en Europe notamment en France, aussi vrai, l’APE régional qui sera signé risque d’être taillé pour ménager les intérêts d’une Europe plus frileuse que jamais à ses frontières. Le plus affligeant, c’est qu’elle trouvera de fervents alliés dans ses positions de défense dans la conscience des négociateurs d’en face comme Orange aussi dans celle de collaborateurs zélés de ses filiales. Et aussi « dans les pratiques habituelles de l’Europe en Afrique » évoquées.

Momar Gassama, retraité de l’OPT et de Sonatel Dakar

(Source : SNTPT, 21 février 2014)

Fil d'actu

  • TIC ET AGRICULTURE AU BURKINA FASO Étude sur les pratiques et les usages Burkina NTIC (9 avril 2025)
  • Sortie de promotion DPP 2025 en Afrique de l’Ouest Burkina NTIC (12 mars 2025)
  • Nos étudiant-es DPP cuvée 2024 tous-tes diplomés-es de la Graduate Intitute de Genève Burkina NTIC (12 mars 2025)
  • Retour sur images Yam Pukri en 2023 Burkina NTIC (7 mai 2024)
  • Quelles différences entre un don et un cadeau ? Burkina NTIC (22 avril 2024)

Liens intéressants

  • NIC Sénégal
  • ISOC Sénégal
  • Autorité de régulation des télécommunications et des postes (ARTP)
  • Fonds de Développement du Service Universel des Télécommunications (FDSUT)
  • Commission de protection des données personnelles (CDP)
  • Conseil national de régulation de l’audiovisuel (CNRA)
  • Sénégal numérique (SENUM SA)

Navigation par mots clés

  • 2459/2735 Régulation des télécoms
  • 231/2735 Télécentres/Cybercentres
  • 1897/2735 Economie numérique
  • 1023/2735 Politique nationale
  • 2735/2735 Fintech
  • 324/2735 Noms de domaine
  • 1041/2735 Produits et services
  • 908/2735 Faits divers/Contentieux
  • 473/2735 Nouveau site web
  • 2708/2735 Infrastructures
  • 1083/2735 TIC pour l’éducation
  • 127/2735 Recherche
  • 168/2735 Projet
  • 1773/2735 Cybersécurité/Cybercriminalité
  • 1092/2735 Sonatel/Orange
  • 934/2735 Licences de télécommunications
  • 263/2735 Sudatel/Expresso
  • 566/2735 Régulation des médias
  • 748/2735 Applications
  • 633/2735 Mouvements sociaux
  • 939/2735 Données personnelles
  • 100/2735 Big Data/Données ouvertes
  • 367/2735 Mouvement consumériste
  • 244/2735 Médias
  • 417/2735 Appels internationaux entrants
  • 1013/2735 Formation
  • 81/2735 Logiciel libre
  • 1213/2735 Politiques africaines
  • 592/2735 Fiscalité
  • 123/2735 Art et culture
  • 360/2735 Genre
  • 877/2735 Point de vue
  • 602/2735 Commerce électronique
  • 1066/2735 Manifestation
  • 235/2735 Presse en ligne
  • 102/2735 Piratage
  • 138/2735 Téléservices
  • 583/2735 Biométrie/Identité numérique
  • 205/2735 Environnement/Santé
  • 228/2735 Législation/Réglementation
  • 215/2735 Gouvernance
  • 1038/2735 Portrait/Entretien
  • 103/2735 Radio
  • 441/2735 TIC pour la santé
  • 195/2735 Propriété intellectuelle
  • 50/2735 Langues/Localisation
  • 642/2735 Médias/Réseaux sociaux
  • 1176/2735 Téléphonie
  • 134/2735 Désengagement de l’Etat
  • 591/2735 Internet
  • 82/2735 Collectivités locales
  • 267/2735 Dédouanement électronique
  • 772/2735 Usages et comportements
  • 635/2735 Télévision/Radio numérique terrestre
  • 350/2735 Audiovisuel
  • 1886/2735 Transformation digitale
  • 231/2735 Affaire Global Voice
  • 107/2735 Géomatique/Géolocalisation
  • 200/2735 Service universel
  • 415/2735 Sentel/Tigo
  • 135/2735 Vie politique
  • 908/2735 Distinction/Nomination
  • 35/2735 Handicapés
  • 433/2735 Enseignement à distance
  • 477/2735 Contenus numériques
  • 382/2735 Gestion de l’ARTP
  • 129/2735 Radios communautaires
  • 1045/2735 Qualité de service
  • 273/2735 Privatisation/Libéralisation
  • 105/2735 SMSI
  • 317/2735 Fracture numérique/Solidarité numérique
  • 1598/2735 Innovation/Entreprenariat
  • 858/2735 Liberté d’expression/Censure de l’Internet
  • 39/2735 Internet des objets
  • 98/2735 Free Sénégal
  • 337/2735 Intelligence artificielle
  • 235/2735 Editorial
  • 11/2735 Yas

2025 OSIRIS
Plan du site - Archives (Batik)

Suivez-vous