A Dakar, des mourides adoptent la radio pour communier avec Touba
jeudi 12 janvier 2012
Les stations de radios FM sénégalaises accompagnent les talibés mourides restés à Dakar, jeudi, jour du Magal ou commémoration à Touba (198 Km) du 117ème anniversaire du départ en exil vers le Gabon de Cheikh Ahmadou Bamba, fondateur du Mouridisme.
Au marché Sandaga et ses alentours, malgré l’éloignement, les disciples de Serigne Touba suivent de près les moments forts du Magal à travers les médias, principalement la radio, pour satisfaire la nostalgie.
Trouvé devant un des magasins fermés à cause de l’évènement, un groupe de jeunes, silencieux, oreilles collées à un poste radio, écoutent avec attention l’animateur d’une radio de la place qui fait le direct du Magal.
‘’C’est notre manière de rester connectés sur ce qui passe à Touba, les moments forts, les recommandations du marabout (le Khalife général, Serigne Sidy Makhtar Mbacké)’’, consent à dire Bamba Ndiaye, vendeur de meubles d’occasion à Parc Lambaye, sur l’avenue Lamine Guèye.
‘’Tout cela nous intéresse, ce sont des moments importants que nous sommes en en train de rater de comme ça’’, dit-il. ‘’J’ai un certain sentiment de regret de n’avoir pas effectué le déplacement à Touba’’, se désole-t-il.
Pour lui et ses condisciples, le maître-mot reste le Magal de Cheikh Ahmadou Bamba (1853-1927). Ils ont du mal à supporter leur absence de la capitale du Mouridisme. ‘’En tant que mourides, ne pas être à Touba le jour du Magal devient difficile à accepter.’’
‘’En ce jour de commémoration de l’exil de notre guide, Serigne Touba Mbacké, toutes mes pensées vont à Touba’’, confie Mbaye Diouf, lui aussi vendeur, depuis six ans, à Parc Lambaye.
Pour lui et ses camarades d’infortune, la bande FM comble leurs désirs de fidèles. La radio communautaire mouride Lamp Fall FM, qui émet à Dakar, ‘’est presque la plus écoutée sur place’’, selon Mbaye Ndiaye, 40 ans de présence dans ce lieu de brocante.
Lui aussi, comme beaucoup de ses collègues, n’a pas fait le déplacement pour la célébration du Magal. Pour cause, il invoque des raisons financières. ‘’Cette place est ma seule source de revenus, il serait difficile donc pour moi d’aller à Touba’’, affirme-t-il.
‘’Mais, je participe à ma manière à la célébration de ce grand jour car j’envoie à chaque instant des prières là-bas’’, dit M. Ndiaye, en relevant son chapelet qu’il ne cesse d’égrener en guise de témoin.
(Source : APS, 12 janvier 2012)