4e licence en Guinée : Le Pm guinéen remet Sonatel en pole position
vendredi 23 décembre 2005
La 4e Licence de téléphonie mobile en Guinée continue de faire couler beaucoup d’encre et de salive dans les chaumières. Après les nombreuses péripéties qui ont émaillé cette affaire d’appel d’offres dans laquelle la société sénégalaise des télécommunications, Sonatel, a été mêlée (Lire Le Quotidien n°834 du mercredi 5 octobre et 872 du mardi 22 novembre 2005, entre autres), les autorités guinéennes, par la voix du Premier ministre, viennent enfin de faire connaître leur position dans cette affaire. Le Premier ministre, Cellou Dalein Diallo, au cours d’une conférence de presse tenue il y a deux jours, s’est enfin exprimé sur l’imbroglio qui continue de diviser le monde des affaires en Guinée.
Pour le chef du gouvernement guinéen, comme le rapportent nos confrères de l’hebdomadaire guinéen La Nouvelle tribune dans leur édition d’hier, la compagnie sénégalaise est toujours alignée dans la course à l’attribution définitive de la fameuse quatrième licence de téléphone, malgré les apparences qui donnent sa concurrente, libano-luxembourgeoise, Investcom, victorieuse. M. Diallo a notamment affirmé, s’agissant de la licence accordée à Investcom, que « le Président de la République, devant moi et devant des témoins, a dit au ministre des Ptt d’annuler l’attribution signifiée à Investcom. Il a aussi envoyé son secrétaire général pour lui dire d’annuler, il a envoyé son directeur de cabinet particulier pour lui transmettre les mêmes ordres. Pour moi, c’est terminé. Je pense qu’il va annuler, il est en train de prendre les précautions, puisque si le président donne des instructions on ne peut pas ne pas le faire. »
GRAIN DE SABLE MINISTERIEL
M. Diallo a rappelé au cours de la même conférence de presse, les circonstances dans lesquelles la première compagnie de téléphone au Sénégal s’est retrouvée plongée dans la mare au caïmans en Guinée. La Nouvelle tribune rapporte qu’il a expliqué qu’« il y avait la 4ème licence pour laquelle un appel d’offres avait déjà eu lieu avant que je ne sois Premier ministre. A l’issue du dépouillement, je crois qu’il (Le ministre des Ptt, M. Jean-Claude Sultan, Ndlr) avait déclaré l’appel d’offres infructueux. Il y avait la séparation avec TeleKom Malaysia qui avait annoncé son départ. » Le secteur de la téléphonie, autant fixe que mobile, en Guinée Conakry, est l’un des plus défectueux, et cela, en dépit de la présence de 3 opérateurs qui se partagent le marché. Pour donner une idée du potentiel existant, il faut savoir que ces trois compagnies se partagent un marché de 200 000 abonnés au téléphone mobile, pour une population de 8 millions d’habitants. Il faut rapprocher ce chiffre aux deux millions d’abonnés au mobile au Sénégal, et que les spécialistes trouvent encore insuffisants par rapport aux capacités du pays.
Le Pm guinéen a poursuivi sa conférence de presse en expliquant que le dépouillement a montré que l’offre de la Sonatel était de loin la meilleure, à partir de critères objectifs : « Le comité technique a estimé que sur les sept offres que le ministère des Postes et télécommunications avait mis à leur disposition, la meilleure offre était celle de Sonatel. La base des critères objectifs d’appréciation à l’époque : Qu’est-ce que vous cherchez d’abord dans un dépouillement comme celui-là ? C’est d’abord la capacité de l’opérateur à faire le travail. Cette capacité est reflétée par son expérience, son standing. Est-ce qu’il a les ressources techniques, humaines, et technologiques pour faire le travail ? Ensuite, en pareil cas, quel était le prix qu’il propose et quel est le programme d’investissement qu’il s’engage à réaliser ? Sur le plan des références, puisque Sonatel, ce n’est pas un secret, c’est France Telecom qui contrôle à environ 45%. Ils sont au Sénégal, la question est réglée. Ils ont une licence au Mali, et au Burkina Faso, ils sont en train de négocier. Le comité a estimé que la meilleure offre parmi les offres examinées est Sonatel qui proposait pour acheter la licence, 21 millions de dollars, payables tout de suite dès la signature de la convention. Le deuxième, qui venait dans l’offre première, c’était 3 millions de dollars payables en trois ans. Mais ce chiffre était monté à 8 millions de dollars lorsqu’on a déclaré le gré à gré. »
Tout aurait été parfait dans le meilleur des mondes guinéens, s’il n’y avait pas eu le grain de sable ministériel. Poursuit M. Diallo : « A l’issue du tour de table, on dit bon, on tire la conclusion. Il faut notifier à la Sonatel qu’elle est l’adjudicateur provisoire, parce que dans l’appel d’offres, il y a toujours des petits détails qu’il faut négocier. Donc, invitons-les à la négociation. On les a invités, ce qui a été fait par le président de la commission.
La notification a été faite, Sonatel a été invitée et ils ont commencé les négociations. Entre temps le ministre des Postes et télécommunications a lancé un appel d’offres. Tout le conflit est là. Tout le dérapage, c’était là. Il y a eu des développements, on s’est retrouvé en conseil ici, tous les membres du gouvernement se sont prononcés et ont dit, il faut annuler cet appel d’offres. ». Et le Premier ministre de Guinée de se convaincre que cela est une question de jours, au vu de l’implication des autorités jusqu’au niveau de la Présidence de la République.
Mohamed GUEYE
(Source : Le Quotidien, 23 décembre 2005)