4G : L’Association des utilisateurs des Tics dénonce un bradage de la Licence aux Français
mardi 21 juin 2016
L’Etat du Sénégal a renouvelé la concession de la Sonatel à hauteur de 68 milliards de FCFA. Mais, tous ne sont pas d’accord sur le coût et le processus qui a mené à ce renouvellement. Pour le Président de l’Association sénégalaise des utilisateurs des Tic, d’abord, il n’est pas normal qu’un cabinet français soit recruté pour évaluer des intérêts français.
« Pour évaluer les intérêts français on fait appel à un cabinet français. On se pose des questions. Comment l’Artp, qui dispose des ressources à l’interne peut évaluer une licence de téléphonie globale en faisant appel à un cabinet étranger. Pourquoi on nous amène un cabinet français pour évaluer les intérêts français au Sénégal qui est de 68 milliards », a indiqué Ndiaga Gueye.
Pis, souligne-t-il, le prix actuel révèle un bradage pur et simple d’une ressource rare de notre pays : « En 2007, Expresso a payé 200 millions de dollars pour avoir sa licence. En 1997, France Telecom avait payé environ 70 milliards de FCFA. Aujourd’hui, on nous dit que cette licence vaut 68 milliards de FCFA. On achète il y a 20 ans à 70 milliards, 20 ans après vous achetez à 68 milliards. Nous pensons que cette licence a été sous-évaluée. Cette licence comme d’habitude a été bradée. Et ce n’est pas nouveau. En 2012 déjà, l’Etat avait bradé une licence à 53 milliards de FCFA à Tigo. Les autorités sont toujours dans une logique de bradage de ce pays », dénonce-t-il.
En outre, M. Gueye a dénoncé l’extension de cette concession sur 17 ans, déploré les coûts élevés de ces opérateurs qui ont plombé les affaires de nombres d’activités basées sur les Tic et dénoncé un « parti pris pour l’opérateur Orange en lui octroyant une licence au détriment de Tigo et Expresso ».
Un ensemble d’arguments balayés par le Directeur général de l’Autorité de Régulation des Télécommunications et des Postes. Par exemple, sur le parti pris, « L’autorité de régulation a toujours été à égale distance des opérateurs et sera toujours à égal distance des opérateurs », précise-t-il. Par exemple, explique Abdou Karim Sall, « La 3G, la Sonatel a été la dernière à l’avoir. Et c’est difficilement qu’elle l’a obtenu ». Il a aussi démenti que l’Artp ait engagé un cabinet français pour évaluer la licence : « J’ai dit tout à l’heure ‘‘un groupe de cabinets’’. C’est Micro Economics qui est adossé à Béta Finances qui est un cabinet sénégalais. Nous avons lancé un appel d’offres en fin d’année 2014 et nous avons sélectionné un cabinet sénégalais qui est partenaire de Micro Economics », précise-t-il.
Quant à la durée de la concession, « sur le plan international, elles varient généralement entre 15 et 20 ans. En Côte d’Ivoire, la concession a été renouvelée pour les 3 opérateurs. Orange a obtenu 16 ans et les autres opérateurs 17ans », indique M. Sall. Et sur le prix, il n’est pas bas rétorque-t-il : « Il y a une confusion entre les 70 milliards et le renouvellement de la concession. A l’époque, il s’agissait de vendre les actifs, les actions de Sonatel. Ce n’était pas dans le cadre d’une licence à proprement dite. Aujourd’hui, vous ferez le Benchmark, notamment dans beaucoup de pays africains, vous verrez que le Sénégal a fait une très bonne opération. Si on oblige les opérateurs à couvrir le territoire national, à couvrir les populations, c’est parce que nous avons les sénégalais et les consommateurs au centre de nos préoccupations », précise le Dg de l’Artp.
Youssouf Sané
(Source : Seneweb, 21 juin 2016)