Bien le merci Président, s’il est vrai que vous avez tonné du haut de la présidence sénégalaise pour, d’abord, dire ce que vous pensiez de cette fanfaronnade servie par les très peu respectueux opérateurs, ensuite demander à ce qu’ils soient dégagés de la course de l’acquisition de la 4G dont on dit qu’il est 10 fois plus rapide que la 3G mais dont les usages techniques, les fameux Fair Use, ne seraient pas multipliés par autant.
Au mieux, ces Fair Use dont ne veulent plus entendre parler certains opérateurs, ont été doublés, voire triplés en France par exemple ; et on imagine, qu’au Sénégal, on nous fera prendre des vessies pour des lanternes en nous parlant de forfait qui concerneront des Mo, 500 Mo pour ne pas dire les choses.
On nous vantera les mérites de la 4G avec un Fair Use minuscule nous faisant croire à un G4, qui n’existera en fait que de nom, puisque dans la pratique de tous les jours et pour chaque usager, il faudra, non seulement, être régulièrement à proximité d’une antenne 4G, mais encore être dans l’attente de l’arrivée massive casse-tête de l’Internet mobile pour pouvoir profiter de tout le potentiel de la 4G, comme nous le fait remarquer un spécialiste.
Qui pourrait estampiller ceci de 4G !
Il est heureux que vous ayez secoué le baobab et fait comprendre aux opérateurs que le Sénégal n’est pas une terre de zozos qui barrent leur face de la banane pour rire jaune de l’insulte qu’on leur fait.
Des spécialistes en sont arrivés à dire que les opérateurs « ne jouent clairement pas le jeu » en proposant des abonnements qui ne permettent pas aux usages d’exploiter « tout le potentiel de la 4G ». Certains soutiennent même que les forfaits facturés par les opérateurs ne sont pas toujours compatibles avec l’esprit de la 4G. Quand on sait que la 4e génération mobile permet de télécharger plus vite et d’envoyer plus rapidement des fichiers en lignes, on image en théorie ce que les nouveaux usages et fantassins de l’émergence peuvent tirer pour bénéficier de la démocratisation de la connaissance et de la technologie grâces aux nouveaux usages : streaming, vidéo en HD (cours magistraux universitaires…), voire en en ultra HD, envoi des fichiers lourds en lignes, synchronisation des fichiers en permanence.
Le transfert des technologies tant pleuré par Senghor et ses paires africains après les premières heures des indépendances est en train de devenir la vérité la mieux partagée dans l’ère de la société de l’information et du numérique, à laquelle ne peut se soustraire le Sénégal qui a très tôt fait le pari de l’intelligence artificielle. La Douane sénégalaise en l’illustration parfaite.
Monsieur le Président, qu’on ne vienne surtout pas vous dire et nous faire croire qu’il est possible d’avoir un forfait de la 4G avec 500 Mo de Fair Use. Un tel abonnement est possible pour notre économie au jugement de notre pouvoir d’achat, nous dira-t-on, mais il serait tout aussi largement insuffisant pour tous les usages et inadéquat à l’effort de l’émergence.
Après avoir dit ce que vous pensez de ces irrespectueux opérateurs, faites en sorte qu’on ne vende pas aux Sénégalais et à nos entreprises une Ferrari dont le réservoir ne permettrait de faire qu’un seul petit kilomètre.
Charles Faye
(Source : L’Observateur, 22 janvier 2016)