3ème Forum « Investir en Afrique » : De hauts responsables proposent la piste du numérique
mardi 26 septembre 2017
Lors d’un panel de haut niveau sur « l’accélération du développement de l’Afrique » tenu à la première journée du « Forum investir en Afrique », les intervenants ont expliqué que l’Afrique doit insister sur le développement numérique pour réussir son bond économique. Le ministre de l’Économie, des Finances et du Plan, Amadou Bâ, a indiqué que le Sénégal s’est inscrit dans cette dynamique avec le renforcement du capital humain.
La première journée de la 3e édition du Forum investir en Afrique organisé conjointement par le ministère des Finances de la République populaire de Chine et la Banque mondiale a permis à de hauts responsables de réfléchir sur l’accélération du développement du continent. Autour du panel sur « l’accélération du développement de l’Afrique », les intervenants sont convaincus de l’importance du numérique pour le continent. Le numérique et la technologie pourraient permettre à l’Afrique d’effectuer des bonds en avant, voire de brûler des étapes dans le processus de son développement.
Le ministre de l’Économie, des Finances et du Plan du Sénégal, Amadou Bâ, est allé dans le sens de cette argumentation. « Nous sommes tous d’accord que les progrès technologiques doivent permettre à l’Afrique d’aller vers le développement. Mais le problème, c’est qu’il n’y a pas suffisamment d’investissements dans ce secteur du fait des urgences qu’il faut gérer au quotidien en Afrique. L’Afrique doit profiter de la technologie pour avoir un bond en avant plus vite que les longs processus de développement de l’Europe et de l’Asie », a déclaré Amadou Bâ. Pour l’argentier de l’État, c’est dans ce cadre que le Sénégal a décidé de renforcer le capital humain dans l’Axe 2 du Pse. Le Sénégal, dit-il, consacre 25 % de ses ressources à l’éducation. « L’Axe 1 du Pse prend en charge la question de la transformation structurelle de l’économie. Nos jeunes sont très intéressés par le numérique dans le secteur tertiaire », a affirmé le ministre des Finances du Sénégal.
La technologie pour opérer un bond économique
Abondant dans le même sens, Vera Songwe, Secrétaire exécutive de la Commission Économique pour l’Afrique des Nations unies, a déclaré que l’Afrique doit profiter des opportunités numériques pour le développement économique qui passera forcément par la technologie. Elle a invité les pays africains à s’inspirer de l’exemple du Rwanda où le président Paul Kagamé a lancé, depuis 1998, sa révolution des Technologies de l’information et de la communication (Tic) et est actuellement à son 5ème programme de développement numérique. La représentante de la filiale d’investissement privé de la Banque mondiale (Ifc), Nina, a rappelé que son groupe intègre le secteur africain en lui octroyant annuellement 4 des 20 milliards investis dans le monde. Elle a estimé à 17 milliards de dollars l’investissement nécessaire au développement technologique de l’Afrique avec les fibres optiques et toute l’infrastructure digitale.
S’inspirer du modèle chinois
Le président d’Exim Banque Chine, Liu Liange, a soutenu que son pays est prêt à soutenir le développement de l’Afrique. Pour lui, les responsables de sa banque sont conscients du dynamisme actuel sur le continent africain où les défis de financement sont très importants. Il a proposé un partenariat gagnant-gagnant entre l’Afrique et la Chine et a souligné que depuis le deuxième forum investir en Afrique, la Chine a injecté 60 milliards de dollars pour le développement du continent dont seulement 5 milliards de dollars de prêt.
Soutenant la même thèse, le vice-président exécutif de la Banque chinoise de développement, Yongsheng Wang, estime que l’Afrique doit améliorer ses capacités énergétiques. Dans cette dynamique, il a rappelé que le président Chinois, Xi Jinping, avait proposé 10 domaines de coopération avec l’Afrique dont l’énergie, l’agriculture, les Tic, l’éducation, les finances, entre autres. C’est ainsi, a-t-il noté, que la Chine a investi plus de 14 milliards de dollars dans une centaine de projets dans le domaine de l’énergie. Le vice-président exécutif de la Banque chinoise de développement a demandé aux États africains de s’inspirer de la Chine dans les domaines énergétiques et même agricoles pour réussir sa révolution.
Toujours dans le domaine du financement du développement africain, le Directeur général de l’Agence française de développement (Afd) a indiqué qu’il essaie de s’adapter au défi du financement en Afrique. Chaque année, l’Afd injecte 5 milliards d’euros en Afrique. Au Sénégal, l’Afd soutient le projet du Sénégal numérique, le Ter, etc. Selon M. Rioux, l’Afrique doit intégrer aussi l’innovation technologique pour réussir son développement mais également faire face aux changements climatiques.
Elh. I. Thiam et O. Kandé
(Source : Le Soleil, 26 septembre 2017)