2STV et EUTELSAT « constatent le vol de leurs fréquences » par TFM
mardi 1er juin 2021
En voilà une affaire qui va alimenter les causeries dans le paysage médiatique sénégalais loin de se mouvoir sous un ciel serein. Seneweb vous propose l’intégralité du papier de Lii Quotidien sur le « vol de fréquences achetées à EUTELSAT » dont la 2STV accuse TFM.
Depuis 2018, la concurrence s’avère farouche entre les chaînes de télévision sénégalaises. Chacune essayant de trouver la meilleure stratégie pour développer ses audiences. C’est dans ce cadre que certaines télévisions se sont engagées dans l’achat de lot de fréquences pour le rapatriement d’images en vue de faire du direct. La 2STV en est l’exemple patent. La télévision du groupe Origines SA a signé un contrat en bonne et due forme, régulièrement renouvelable, avec Eutelsat pour acquérir les fréquences Afrique-Afrique.
Pertes d’images
Mais, il y a problème. La 2STV commence à noter des pertes d’images. Les incidents deviennent fréquents au fil du temps. C’est alors que El Hadji Ibrahima Ndiaye, président directeur général du groupe Origines SA, s’en ouvre à son partenaire Eutelsat. Ce dernier, après avoir étudié le problème, l’informe que quelqu’un est en train de pirater sa fréquence. Après quelques investigations, M. El Hadji Ndiaye constate que les pertes d’image n’interviennent que lorsque la 2Stv est en live avec la TFM, la télévision de Youssou Ndour, sur un évènement. Les exemples sont fréquents avec TFM RELIGIONS et d’autres événements.
Quatre mois d’enquêtes
La 2STV commande alors une étude auprès d’Eutelsat qui remonte à 2018. Pendant quatre mois, des enquêtes et recherches effectuées ont permis de savoir qu’effectivement la TFM volait les fréquences de la 2STV. La preuve ? Le 16 mai dernier, à 16h30, la TFM retransmet les courses hippiques à Thiès à partir des fréquences piratées de la 2STV. El Hadji Ndiaye décide alors de saisir la Section de Recherches et continue de multiplier ses preuves. La dernière, plus flagrante, lui est parvenue, avant-hier dimanche, à l’occasion du drapeau du chef de l’Etat. La TFM vole, pour la énième fois, la fréquence de la 2STV pour honorer le contrat qu’il a signé avec le CNG de lutte.
2STV paie, TFM pirate !
De la même manière que la télévision de Youssou Ndour a procédé avec le CNG de courses hippiques. Et à chaque fois qu’Eutelsat décide de couper le signal piraté, la TFM ne diffuse plus. Plus en tout cas en direct, remettant complètement en cause ses contrats avec ses partenaires. Sur le bouquet Canal plus par exemple, l’écran était tout noir, avant que la TFM ne se précipite pour rediffuser les images enregistrées plus tôt. Pire, cette situation permet à la TFM de gagner des contrats en demandant moins cher à ses clients, puisque n’ayant aucune charge à honorer. La 2STV paie Eutelsat, la TFM pirate. En terme plus cru.
« Scandaleux dans un pays de droit »
Interrogé au téléphone, El Hadji Ndiaye qualifie la situation de « scandaleux dans un pays de droit ». « Pendant que le CNRA veut remettre de l’ordre, pendant que l’Etat, à travers le ministère de la Communication, veut instaurer l’équité, pendant que l’ARTP veut fermer des chaines de télévision, la TFM vole des fréquences. Je veux que justice soit faite. Je ne peux plus rester passif alors qu’on continue de me voler mes fréquences. On a même débauché mes agents, des techniciens, pour qu’ils donnent les numéros de mes fréquences », assène-t-il.
« Que les responsabilités soient situées »
Avant d’ajouter : « C’est pourquoi, j’ai porté plainte contre X pour que les responsabilités soient situées. Nous espérons que l’Etat -à travers ses représentants (ministère de la Culture et de la Communication, CNRA et ARTP) va appliquer la loi. On ne peut vouloir fermer SEN TV pour des questions essentiellement politiques et laisser prospérer une telle injustice. Ce serait un exemple à l’endroit des patrons de presse pour que pareille injustice ne se reproduise ». En tout cas, cette affaire annonce de rudes confrontations entre les deux groupes de presse sénégalais.
(Source : Seneweb, 1er juin 2021)