2017 : une année rythmée par de bonnes nouvelles et des dérives sur les réseaux sociaux
dimanche 31 décembre 2017
Sur le plan légal et réglementaire, l’année 2017 a débuté avec l’adoption de la loi n° 39-2016 modifiant le Code des télécommunications qui soumet désormais l’activité de fournisseurs d’accès à l’Internet (FAI) au régime de l’autorisation et non plus à celui de la licence comme réclamé depuis longtemps par le secteur privé. Le processus d’actualisation du cadre juridique du secteur des télécoms et des TIC a également été lancé et un document de stratégie nationale de cybersécurité a été validé. Sur le plan politique, Abdoulaye Bibi Baldé a été nommé Ministre de la Communication, des Télécommunications, des Postes et de l’Economie numérique en septembre 2017 en remplacement de Yaya Abdoul Kane qui n’aura guère marqué le secteur de son empreinte. En matière de régulation, le Bénin, le Burkina Faso, la Côte d’ivoire, la Guinée, le Mali, le Sénégal, la Sierra Leone et le Togo se sont entendus afin de supprimer progressivement les frais d’itinérance dans le cadre de l’initiative « Free roaming ». De plus, le secteur du mobile a vu l’Agence de régulation des télécommunications et des postes (ARTP) retenir les candidatures du Groupe Futurs Medias (GFM), d’Origines Sa et de Sirius Télécoms, respectivement associés à Orange, Expresso et Tigo, pour opérer comme opérateurs mobiles virtuels (MVNO). S’agissant des infrastructures, la SONATEL a poursuivi l’extension de la couverture 4G dans les différentes régions du pays et entamé le déploiement de la fibre optique chez le client. Deux datacenters ont été inaugurés, l’un par la Sonatel à Rufisque et l’autre par Tigo à Diamniadio ce qui, combiné avec la mise en service du SENIX, le point d’échange Internet (IXP) du Sénégal, devrait encourager la production et l’hébergement de contenus locaux et contribuer à une optimisation de la bande passante Internet internationale. Ces actions, auxquelles il faut ajouter le lancement de la Sonatel Academy, sur le modèle Simplon.co, sont autant d’éléments positifs en faveur du développement de l’écosystème numérique. En 2017, ce dernier a cependant été négativement secoué par l’affaire du rachat de Tigo par Wari. Annoncé par Wari au début du mois de février 2017, le processus a été stoppé par Millicom à la fin du mois de juillet 2017, en raison du non-respect par Wari des délais de paiement liés à cette opération. Millicom a aussitôt entrepris des discussions avec un consortium composé de l’opérateur Free dirigé par Xavier Niel, du Groupe Axian et du groupe Télyom de Yérim Sow, provoquant une bataille médiatico-juridique avec Wari. L’année a également été marquée par des remous autour de la monnaie électronique, la Banque centrale des états de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) ayant, d’une part, décidé d’interdire à Orange Money de procéder à des transferts internationaux d’argent et, d’autre part, dénoncé le lancement d’un produit dénommé « e-CFA », initiative dont elle s’est nettement démarquée demandant l’abandon de l’appellation et précisant qu’elle n’envisageait nullement la création de monnaie numérique. De son côté, le Ministère de l’Intérieur a instauré de nouvelles cartes d’identités biométriques, conformes aux recommandations de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), comportant une puce électronique non visible contentant les données biométriques. Dans le champ de la société civile, le chapitre Sénégalais d’Internet society (ISOC-Sénégal) a élu un nouveau Comité directeur présidé par Ndèye Maïmouna Diop qui prend ainsi la suite d’Alex Corenthin qui présidait aux destinées du chapitre depuis sa création. Enfin, 2017 a été marquée par des dérives sur les réseaux sociaux telles l’affaire Oulèye Mané avec la diffusion d’un photomontage associant l’image du Président de la république à une photo nue, la diffusion d’une vidéo montrant une fillette, entourée d’adultes et tenant des propos orduriers, la diffusion sur Internet par Amy Collé Dieng d’un enregistrement sonore contenant des propos jugés offensant pour le Chef de l’État, les injures à caractère ethniciste proférées par Penda Ba dans une vidéo diffusée sur YouTube sans oublier les insultés répétées proférées contre le Président de la République par Assane Diouf sur Youtube à partir des Etats-Unis. Certaines de ces affaires ont débouché sur des inculpations et des arrestations, laissant croire à certains que la liberté d’expression était menacée mais il faut bien reconnaitre que, dans la plupart des cas, la ligne rouge avait été franchie et qu’il fallait sévir. L’année 2017 aura donc été plutôt positive même si elle n’a pas vu la mise en œuvre effective de la stratégie nationale « Sénégal numérique 2025 » adoptée depuis 2016.
Alex Corenthin
Secrétaire aux relations internationales