2006 : Un bilan mitigé
dimanche 31 décembre 2006
Dans notre premier éditorial de l’année 2006, nous avions mis en avant la nécessité de prendre des mesures fortes afin de donner une puissante impulsion au développement des technologies de l’information et de la communication (TIC) au Sénégal. En effet, depuis maintenant plus d’une décennie, ce secteur possédant de réel atouts et apparaissant comme uns des vecteurs potentiels du développement culturel, économique et social, n’est pas en mesure de réaliser pleinement les promesses de ses fleurs faute d’un environnement approprié. Au moment où l’année 2006 vient de s’achever, quel bilan peut-on tirer de l’évolution de ce secteur qui occupe une place importante dans l’économie du pays avec une contribution de 6% à la formation du PIB et qui s’est vu attribuer un rôle essentiel dans la Stratégie de croissance accélérée (SCA) en cours de finalisation ? Des avancées notoires ont été enregistrées dans différents domaines avec notamment une forte progression de la téléphonie mobile stimulée par l’existence de deux opérateurs, le lancement de la télévision sur ADSL, même si ce type de service ne s’adresse qu’à une infime minorité de Sénégalais, la mise en place de cartes d’identité et d’électeurs numérisées contenant des informations biométriques, la création d’un site Web sur les démarches administratives constituant un embryon pour l’e-administration, la poursuite du développement du secteur des centres d’appel avec l’installation du groupe TRG, le passage de la bande passante Internet internationale de 775 Mbps à 1,24 Gbps ou encore la mise en œuvre de mesures concrètes visant à développer le service universel dans les zones rurales. A côté de cela, il y a eu des choses nettement moins positives. Ainsi, les textes visant à adapter notre législation au nouvel environnement induit par la société de l’information se sont ensablés dans les méandres de l’administration, le dixième anniversaire de la connexion du Sénégal à Internet est passé totalement inaperçu alors que ce moment aurait pu servir de prétexte pour réunir les acteurs afin de dresser un bilan des réussites et des échecs et dessiner de nouvelles perspectives, la troisième licence de téléphonie n’a toujours pas été attribuée prolongeant de facto le monopole dont continue à jouir la Sonatel près de dix ans après sa privatisation, les mesures hardies attendues dans le cadre de la SCA pour dynamiser le secteur se font toujours attendre alors qu’en la matière la célérité est un gage de succès et last but not least l’année a été marquée par le décès de Michel Mavros qui a joué un rôle de premier plan dans la diffusion d’Internet au près du grand public avec le cybercafé Métissacana dans la seconde moitié des années 90. En matière de régulation, deux changement importants sont survenus avec d’une part l’extension des compétences de l’Agence de régulation des télécommunications (ART) au secteur des postes et sa transformation en Agence de régulation des télécommunications et des postes (ARTP) et d’autre part le remplacement du Haut Conseil de l’audiovisuel (HCA) par le Conseil national de régulation de l’audiovisuel (CNRA) alors que la convergence de plus en plus grande des télécommunications et de l’audiovisuel aurait voulu que l’on privilégie une approche globale et intégrée de la régulation de ces deux secteurs dont les frontières tendent à s’estomper. Enfin, les mesures législatives visant à rendre applicable le Principe de Genève en matière de solidarité numérique sont toujours attendues alors que le Sénégal a été à la pointe du combat pour son adoption à l’échelle internationale ! Au total, le bilan de l’année 2006 est pour le moins timide et si des progrès ont été enregistrés ça et là, aucun changement décisif n’a été opéré de manière à transformer fondamentalement les conditions de développement du secteur. En espérant que la nouvelle 2007 nous donnera de plus grandes satisfactions, je vous présente, au nom d’OSIRIS, mes meilleurs vœux pour 2007.
Amadou Top
Président d’OSIRIS