2,9 millions de tonnes de déchets électroniques générés en Afrique en 2019 : l’urgence d’agir maintenant !
mardi 7 juillet 2020
L’Afrique a généré 2,9 millions de tonnes de déchets d’équipements électriques et électroniques en 2019. Soit 2,5kg par habitant dans 49 pays africains. Ces D3E comportaient des matières premières d’une valeur de 3,2 milliards de dollars. En plus, seuls 13 pays africains sur les 43 analysés détiennent une politique nationale de régulation et de gestion des déchets d’équipements électriques et électroniques (D3E).
C’est ce qu’on peut lire de la troisième édition de l’étude baptisée Global E-waste Monitor 2020, publiée le 03 juillet 2020 par le Global E-waste Statistics Partnership. Mais jusqu’ici, très peu de pays africains mesurent la gravité de ce fléau et prennent des mesures idoines. Cette étude a le mérite de nous montrer et de nous rappeler l’importance et l’urgence de l’action face à ces D3E.
Le Global E-waste Monitor 2020 offre en réalité un aperçu intéressant pour relever le défi mondial des déchets électroniques. Il faut préciser que le Global E-waste Monitor 2020 est le fruit d’une collaboration entre l’Union internationale des télécommunications (UIT), le programme SCYCLE (Sustainable Cycles) actuellement co-organisé par l’Université des Nations Unies (UNU), l’Institut des Nations Unies pour la formation et la recherche (UNITAR) et l’Association internationale des déchets solides (ISWA).
Au niveau mondial, il y a de plus en plus de D3E. Du fait de l’augmentation des revenus disponibles, de l’urbanisation et de l’industrialisation dans de nombreux pays en développement qui entraînent une augmentation des quantités importantes d’équipements électriques et électroniques (EEE) et, par conséquent, des quantités de D3E.
Toujours plus de déchets électroniques dans le monde
En 2019 donc, un record de 53,6 millions de tonnes métriques (Mt) de déchets électroniques – des produits mis au rebut avec une batterie ou une prise tels que les ordinateurs et les téléphones portables – ont été générés dans le monde, relève l’étude. Soit une augmentation de 9,2 Mt en cinq ans.
L’étude précise que des substances toxiques et dangereuses telles que le mercure, les retardateurs de flamme bromés (BFR) ou les chlorofluorocarbures (CFC) se trouvent dans de nombreux types d’équipements électroniques et présentent un risque grave pour la santé humaine et l’environnement si elles ne sont pas manipulées de manière écologique.
Le nouveau rapport prévoit également que les déchets électroniques mondiaux atteindront 74 Mt d’ici 2030, soit presque le double du chiffre de 2014, en raison de taux de consommation électrique et électronique plus élevés, de cycles de vie plus courts et d’options de réparation limitées.
En 2019, seuls 17,4 % des déchets électroniques étaient officiellement répertoriés comme officiellement collectés et recyclés. En 2018, l’organe politique suprême de l’UIT, la Conférence de plénipotentiaires, a fixé comme objectif de porter le taux mondial de recyclage des déchets électroniques à 30 % d’ici 2023. Pour atteindre cet objectif, le taux de collecte et de recyclage officiel devrait augmenter à un rythme beaucoup plus rapide.
Lenteur dans les réglementations et mise en place des programmes de recyclage en Afrique
Le nombre de pays qui ont adopté une politique, une législation ou une réglementation nationale en matière de déchets électroniques est passé de 61 à 78 entre 2014 et 2019. Toutefois, précise l’étude, dans de nombreuses régions, les progrès en matière de réglementation sont lents, l’application de la législation est faible et la collecte et la gestion des déchets électroniques sont insuffisantes.
Plus encore, et c’est à déplorer, l’on se demande pourquoi certains pays africains qui ont adopté des réglementations et des programmes de recyclages pour faire face aux D3E tardent à implémenter ces programmes et réglementation. C’est par exemple le cas des pays comme le Togo, le Ghana, le Bénin et la Côte d’Ivoire.
En effet, plusieurs parmi ces pays africains ont adopté le programme SGS Renovo® qui apparaît aujourd’hui en Afrique comme une meilleure réponse pour faire face aux D3E. Car non seulement elle collecte une écotaxe, mais également elle recycle dans les règles de l’art ces D3E et crée aussi des emplois.
En réalité, plus du fait que les pays africains produisent des D3E, tous les Etats africains ne disposent pas toujours des mécanismes efficaces de contrôle de l’état des équipements importés d’Europe qui sont largement déversés en Afrique. Face à ces déficits et face au manque des techniques de destruction de ces déchets électroniques en respectant les normes environnementales et de santé, comme le propose les experts, le groupe suisse SGS SA a mis en place le programme Renovo® qui a déjà démarré et/ou validé au Ghana, en Côte d’Ivoire, en Guinée et au Burkina Faso.
SGS à travers SGS Renovo®, propose aux pays africains de concevoir, de planifier et de mettre en place un système autofinancé de gestion de ces D3E à grande échelle pour les pays. Cela passe par la collecte d’une éco-redevance anticipée. Le service couvre toutes les étapes : de la production à la récupération, du recyclage à l’élimination durable des déchets.
Dans ce programme, SGS se propose également, grâce au partenariat signé avec deux entités des Nations Unies (l’ONUDI et l’UNITAR), de former et d’encadrer le personnel local nécessaire pour traiter tous les types de déchets (appareils électriques et électroniques, pneus usagés et véhicules arrivés en fin de vie).
Ce qui permettra par ricochet la création de nouveaux emplois, mais également la création d’un nouveau secteur générateur de recettes et d’une base solide permettant d’accroître la sensibilisation aux comportements écologiques et au recyclage. « Le tout, pour donner lieu à une croissance significative », explique le groupe.
Pourquoi la lenteur et les retards ?
Mais, l’on se demande encore pourquoi des pays africains comme le Ghana, le Bénin, le Togo ou la Côte d’Ivoire prennent du retard dans la mise en place de ce programme SGS Renovo®.
C’est à se demander si ce ne sont pas des lobbys des équipementiers et/ou des importateurs qui empêchent la mise en œuvre de ce programme ou alors incite les gouvernements africains à manquer d’intérêt à la gestion de ces D3E.
En tout cas, l’étude Global E-waste Monitor 2020 rappelle les bénéfices de l’économie circulaire que peuvent générer les D3E, (possibilité d’extraction dans les normes requises des matières premières d’une valeur de 3,2 milliards de dollars sur les 2,9 Mt de D3E produits en Afrique en 2019), mais aussi et surtout montre les dangers de leur mauvaise gestion comme c’est le cas actuellement dans de nombreux pays africains devenus dépotoirs de pays européens en matière de D3E.
De graves dangers pour la santé humaine
Le Global E-waste Monitor 2020 précise à nouveau que de nombreuses études continuent à mettre en évidence les dangers pour la santé humaine de l’exposition à des toxines bien étudiées, comme le plomb. On peut lire dans ce travail de recherche que des études ont fait état d’associations entre l’exposition au recyclage informel des déchets électroniques et des résultats défavorables à la naissance des enfants (mortinatalité, naissance prématurée, âge gestationnel plus bas, poids et longueur de naissance plus faibles et scores APGAR plus faibles), une croissance accrue ou réduite, un développement neurologique altéré, des résultats d’apprentissage et de comportement défavorables, le fonctionnement du système immunitaire et la fonction pulmonaire.
Aussi, de nombreuses autres études ont examiné l’impact de l’exposition aux déchets électroniques sur la fonction thyroïdienne des enfants, mais ont fait état de résultats incohérents. Un petit nombre d’études ont aussi suggéré que des dommages à l’ADN, des changements dans l’expression des gènes, des changements dans la régulation cardiovasculaire, une coagulation sanguine rapide, une perte d’audition et de mémoire olfactive peuvent être associés avec exposition à la gestion informelle des déchets électroniques.
De quoi inciter les gouvernements africains à agir avec urgence pour limiter les dégâts, mais aussi, par ricochet, pour créer des emplois !
Par Beaugas Orain DJOYUM
(Source : Digital Business Africa, 7 juillet 2020)