Sur approximativement 2 millions 500 000 émigrés sénégalais, il y a seulement 160 000 électeurs inscrits selon le ministre de l’Intérieur, Cheikh Sadibou Fall. Ce problème qui nuit à la démocratie sénégalaise a été abordé par le député Abdoulaye Babou, de l’Alliance des forces de progrès (Afp), lors de la séance plénière de l’Assemblée du 9 juin. Par le biais d’une question orale au gouvernement, relative au vote des émigrés via Internet, le député de l’Afp a voulu évoquer cette « implication politique dérisoire des expatriés », après de nombreuses requêtes de ces derniers. Il souligne que les efforts financiers importants consentis par les pouvoirs publics se sont avérés inutiles. Il considère que, face à ce constat, le vote par la toile cumule plus d’avantages que d’inconvénients.
Cette faible implication politique, précise Me Babou, réside dans l’éloignement des résidences par rapport aux lieux de vote. Une distance pouvant parfois atteindre « des centaines de milliers de kilomètres ». Sur ce point, le vote via internet pourrait être une solution car Me Babou estime que les problèmes récurrents de votes multiples, de bureaux fictifs et de fichiers électoraux falsifiés n’existeraient plus. Le ministre Cheikh Sadibou Fall reconnaît les avantages du vote par Internet notamment en termes de temps et de distance. Il évoque une nécessaire institution d’un fichier spécial suivi par une commission administrative. Un système d’identification et d’authentification avec la mise en place de codes secrets et de bureaux de vote virtuels. Mais il insiste sur les inconvénients, dont les coûts de cette nouvelle technique. « Cela nécessiterait une grande capacité de traitement et un équipement d’enregistrement électoral ». De surcroît, cela peut représenter « une menace pour la confiance et la transparence du système électoral ». En exemple, le ministre parle du risque de délégation ou de vente du vote à une tierce personne ou la possibilité de violer le code secret. La sécurisation du système ne serait pas totale. Il considère aussi que « beaucoup d’émigrés sont des analphabètes » ; ce qui explique leur non-implication. Le ministre de l’Intérieur a insisté sur le fait que les pays développés comme la France ne l’envisageaient pas, et le Parlement européen n’y songe que pour 2009. Alors si le recours au vote via le Net n’est pas envisageable à court terme, le ministre compte remédier à la situation par la multiplication des lieux de vote et une facilitation juridique. marcball@lequotidien.sn
Marc BALL
(Source : Le Quotidien 10 juin 2004)
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