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Pr Abdou Khadre Sanogo : « C’est une dépravation des mœurs, des l’instant où... »

lundi 2 mars 2020

Qu’est-ce qui explique cette tendance à envoyer des images et vidéos à caractère sexuel dans le cadre d’une relation intime ?

Il faudrait d’abord poser un premier principe. C’est que cela relève du privé. Du point de vue purement de principe, il faut le reconnaitre, dans une relation d’intimité, surtout une relation à caractère sentimental, les deux parties ont généralement besoin de brandir un certain nombre d’indices, de preuves, d’actes pour pouvoir davantage convaincre l’autre par rapport à ce degré d’engagement extrême dans cette relation.

Maintenant, je dis bien extrême parce que souvent, comme on le dit dans ces relations-là, on a tendance peut-être à ne pas avoir de contrôle parce que la raison n’intervient pas trop. Parce que tout ce qui nous intéresse, c’est de pouvoir laisser libre cours à nos désirs, à nos émotions, à nos sensations.

Or, les concepts que je viens de décliner ici ne sont pas sous le contrôle de la raison. C’est peut-être après coup qu’on se rend compte de l’excès de l’acte que l’on vient de poser.

Généralement, par apport aux intentions, c’est vrai qu’elles peuvent être plurielles, mais dans une relation sincère, sentimentale, c’est juste une histoire peut-être de montrer à l’autre la preuve de la sincérité de ses sentiments.

Maintenant, la question qu’il faudrait se poser, et il faudrait que nous nous posions tous cette question-là, c’est qui, dans un cadre intime, en relation avec son objet aimé, n’a pas eu peut-être succomber à ces tentations ?

Maintenant, qu’une situation puisse quitter la sphère privée pour peut-être venir à un niveau public, c’est de ça qu’il s’agit.

Moi, je parle de situations où les personnes ne l’ont pas fait dans le sens de choquer, dans le sens de heurter la sensibilité des uns et des autres. Mais, c’est peut-être strictement lié à un rapport bidirectionnel entre des êtres qui ont des relations sentimentales mutuelles.

Je ne parle pas des photos de pornographie ou d’autres. Je dis, la tendance c’est aujourd’hui, avec l’avènement des réseaux sociaux, que les gens ont l’impression que c’est un nouveau phénomène. Mais je regrette !

Aujourd’hui, vous parlez d’envoyer des photos, mais il y avait auparavant aussi cette propension à écrire des lettres très érotiques à son objet aimé.

Maintenant, avec les réseaux sociaux, les choses ont pris de l’ampleur. Mais, pour moi, c’est juste généralement une histoire de séduction. Tout le monde sait que la société sénégalaise est une société de séduction.

Qu’on soit du côté masculin ou du côté féminin, les gens ont tendance à parler de « fèmes » (mot wolof désignant des stratégies et astuces de séduction, ndlr). Souvent, c’est une culture trop développée, trop excessive de la sensation du culte de l’impression ; une culture de la séduction qui découle sur ce genre de pratique.

La pratique ne traduit-elle pas une dépravation des mœurs ?

C’est une dépravation des mœurs, dès l’instant où on parle de la modernité, de l’accession de l’Internet dans notre quotidien ; oui, c’est une dépravation des mœurs.

Mais, il ne faudrait pas tout mettre au compte de la dépravation des mœurs, puisque très objectivement, dans la vie courante des choses, ce qui se passe dans l’intimité n’est pas censé être connu par les gens qui sont dans l’espace public. Il ne faudrait pas simplement se focaliser sur les images.

Et, à propos des mots, aujourd’hui, dans le répertoire linguistique sénégalais, il y a beaucoup de termes que nous utilisons dans le grand espace qui renvoient au sentiment érotique, qui sont des mots très dépravés, qui appartiennent à notre répertoire linguistique.

Et aujourd’hui, du point de vue culturel, du point de vue du port vestimentaire traditionnel, c’est vrai mais ça reste dans un cadre intime, les manières dont la femme sénégalaise confectionne ses pagnes, ses linges de corps sont articulés, du point de vue artisanal couturière.

Mais on ne peut pas parler de dépravation de mœurs et Dieu seul sait que... suivez mon regard. Par contre ça reste dans le cadre intime.

Tant que ça reste dans le cadre intime, en soi, ce n’est pas trop grave. Mais dès l’instant qu’on quitte l’espace privé pour investir l’espace public, là-bas, il y a un véritable problème de mœurs qui se pose, une question même d’attentat à la pudeur.

N’y a-t-il pas une faille dans l’éducation souvent reçue par les jeunes ?

L’éducation, c’est la base. Mais, attention, n’oubliez pas aussi que la jeunesse est un âge très difficile à traverser.

Il y a ce qu’on appelle la crise de l’adolescence où on est enclin à aller braver les interdits. Nous sommes tous passés par l’adolescence, certains ont eu la chance grâce à une éducation stricte.

Mais, la jeunesse en question aussi, il y a un adage qui dit : « il faudrait que jeunesse se passe ». Je ne dis pas que jeunesse doit se passer dans un créneau ou dans un cadre où on bafouille les valeurs culturelles, mais peut-être qu’il devrait y avoir de la sensibilisation.

Les gens devraient être beaucoup plus portés dans le sens de ne pas fuir le débat avec les jeunes.

De leur dire qu’il est vrai que c’est une phase très compliquée, mais on peut bel et bien vivre cette phase-là sans pour autant verser sur la débauche ou autres, ça c’est possible. Ce travail de sensibilisation, bien évidemment, ce n’est pas simplement les parents.

Ce sont les écoles, les médias, les réseaux sociaux qui, du reste, devraient aussi « androgéniser » leurs pratiques par apport aux valeurs de leur pays.

Nous sommes au Sénégal, on peut faire aussi dans les réseaux sociaux, mais qu’on puisse mettre en place des systèmes de code, des systèmes de filtre ou bien même interdire carrément les uns et les autres qui ont un âge moins avancé d’avoir accès à ce genre de mécanisme ou d’outils.

Ndèye Anta Dieng

(Source : Sud Quotidien, 2 février 2020)

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