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Pour mieux intégrer la Société de l’information : Encourager l’éducation aux Nouvelles technologies

vendredi 26 septembre 2003

En Afrique, nous aimons dire - parce que c’est bien commode - que les Nouvelles technologies vont nous faire rattraper l’énorme retard que nous avons pris sur « le reste du monde », mais ce n’est au fond qu’une croyance si l’on se réfère au rythme auquel nous progressons actuellement, comparé à ce « reste du monde » qui continue d’innover, de produire et d’avancer en ce domaine. Vu ainsi, ce n’est probablement pas demain la veille que l’Afrique atteindra le même niveau que le monde développé en tant qu’acteur qui compte dans les Nouvelles technologies. Résumant l’impuissance globale de notre continent, un chauffeur de taxi me disait l’autre jour, parlant du monde développé : « Pour les rattraper, il faut les apercevoir, or nous ne les apercevons même pas, comment les rattraperions-nous ? ». Aujourd’hui 20% de la population mondiale détiennent 93% des accès à l’Internet ; les 80% qui ne détiennent que 7% de ces accès se situent essentiellement en Afrique. C’est peut-être là que l’idée, émise par le président Abdoulaye Wade, d’un fonds de solidarité numérique, apparaît intéressante. Le président Wade a probablement ressenti qu’au rythme où vont les choses le fossé numérique ne sera jamais comblé. Pire, les faits révèlent qu’il ne cesse de s’amplifier. D’où la nécessité de fonds spéciaux destinés aux zones qui accusent du retard dans le domaine des Nouvelles technologies. Principalement l’Afrique, même si ce n’es pas l’Afrique seulement.

Certes, une telle proposition n’est pas encore acceptée par l’ensemble de la communauté mondiale. Mais le Sénégal et l’Afrique entendent la défendre dans les instances internationales comme ils l’ont fait récemment au cours de la troisième réunion préparatoire (PrepCom 3) au prochain Sommet mondial sur la société de l’information (SMSI), qui vient de se terminer à Genève, Suisse. Ce sont des pays comme les Etats-Unis et quelques autres qui émettent des réserves sur cette idée de fonds de solidarité numérique. Selon une dépêche de l’Agence de presse sénégalaise, reçue la semaine dernière, « plusieurs voix discordantes se sont levées au cours de cette réunion préparatoire à l’image du Japon, des USA ou encore du Canada, entre autres, qui estiment qu’il existe actuellement suffisamment de structures permettant de financer partout à travers le monde les projets de vulgarisation des technologies de l’information et de la communication auprès des populations à la base ». Hélas ! ceux qui émettent ces réserves sont des ténors des Nouvelles technologies et il sera difficile, voire impossible, de mettre en place le fonds sans le soutien actif de ces pays clés. Il faut espérer que le temps et la persuasion contribueront à infléchir leurs positions.

Cependant, il est bon d’attirer l’attention sur le fait que ce ne sont pas seulement la disponibilité de fonds, fussent-ils importants, qui va faire de l’Afrique un continent aussi « numérique » que les autres. Pour que le fossé numérique soit comblé, il faudra plus que des paroles, des bonnes intentions et des financements. Les objectifs du SMSI, exprimés lors des sommets préparatoires visent, entre autres, à raccorder tous les villages du monde d’ici à 2010, à raccorder toutes les universités d’ici à 2005, tous les établissements d’enseignement secondaire d’ici à 2010 et toutes les écoles primaires d’ici à 2015, enfin à connecter tous les hôpitaux d’ici à 2005, et tous les centres de santé d’ici à 2010.

Mais raccorder et connecter des villages, des écoles, des hôpitaux, des entreprises n’est, à vrai dire, qu’une partie du problème, même si c’est bon pour les statistiques (tant de villages, tant d’écoles, tant d’hôpitaux connectés). On en oublie l’autre aspect de l’Internet, qui ne relie pas que des matériels, mais …des hommes et des femmes. Car le réseau mondial intègre deux aspects : primo la technologie (les matériels reliés) et, secundo, les hommes qui sont derrière pour communiquer à travers ce matériel. Or c’est dès maintenant que l’Afrique devrait préparer ses habitants à évoluer dans le monde numérique de demain. Un hôpital peut avoir 100 ordinateurs, mais si les personnes qui y travaillent ne se servent pas de ces machines pour mieux travailler, où se trouve le progrès ? S’ils n’utilisent pas les ordinateurs et le réseau pour traiter les malades (au plan administratif comme au plan médical) de manière plus efficace, où est l’avancée ? Les « statistiques » concernant l’équipement informatique seront certes bonnes, mais la réalité (utilisation de ces équipements) beaucoup moins rose.

Voilà pourquoi les pays africains ne doivent guère plus attendre pour mettre l’accent sur l’éducation aux Nouvelles technologies et à leur utilisation : il s’agit de les ancrer dans les populations, particulièrement chez les jeunes. La seule manière de le faire de manière efficace est, pensons-nous, d’intégrer dès maintenant leur étude dans les programmes scolaires. Que l’informatique soit enseignée dans nos écoles et centres de formation au même titre que les autres matières scolaires, les mathématiques, la géographie, l’histoire ou les langues, entre autres.

En augmentant la connaissance globale des Nouvelles technologies, on favorise l’augmentation de la productivité et l’intégration de l’Afrique dans le monde. Beaucoup de nos entreprises disposent de matériels et de systèmes totalement sous-utilisés. Ces entreprises sont prêtes parfois à dépenser plusieurs dizaines ou plusieurs centaines de millions pour acheter des ordinateurs et autres matériels, mais rechignent souvent à investir sérieusement dans la formation des utilisateurs censés y travailler. Résultat : beaucoup de possibilités technologiques qui pourraient aider à mieux organiser le travail et à être plus productif sont sous-exploitées du fait du manque de formation des utilisateurs et par manque de définition d’un système d’information idoine. Alors même que le but normal de l’implantation des Nouvelles technologies dans un système de communication, c’est, comme dirait le blanchisseur de mon quartier, la production d’un « travail rapide et soigné », c’est-à-dire mieux et plus rapidement exécuté, avec une plus grande productivité. L’enseignement et la pratique de l’informatique dans nos écoles constituent une question qui devrait retenir notre attention et être résolue, le NEPAD aidant, à une échelle africaine ou au moins sous-régionale. Avec des objectifs bien précis : par exemple, faire en sorte qu’un jeune élève arrivé en terminale soit parfaitement à l’aise devant un clavier d’ordinateur (saisie), maîtrise les fonctions des deux ou trois principaux systèmes d’exploitation (actuellement Windows, Unix/Linux Mac OS), sache se servir de tous les services de l’Internet ainsi que de programmes comme le traitement de texte, le tableur et les bases de données, soit capable d’installer des logiciels et puisse même créer et alimenter un site internet. Un tel élève, loin d’être un analphabète numérique, sera véritablement apte à travailler, grâce à sa « culture informatique » dans n’importe quel environnement réseauté. Et prêt à affronter la société de l’information dont le SMSI est en train de définir les contours et dans laquelle l’Afrique aimerait jouer sa partition.

Cheikh Alioune JAW

(Source : Nouvel Horizon, 26 septembre 2003)

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