« Le numérique est une chance pour l’Afrique. De par son accessibilité, le web est un outil qui pourrait rendre aisé la promotion des cultures locales et aussi les échanges débouchant sur l’intégration des peuples à l’intérieur du continent. »
Nous avions traité, en ces termes, dans un article publié dans les colonnes du journal Le Quotidien et encore disponible sur le web, de la problématique de la « Place des acteurs culturels africains dans la société de l’information ». C’est toujours dans cette logique participative que nous posons, cette fois-ci, la question des Tic dans le cadre de la problématique de la revalorisation du patrimoine culturel et linguistique africain. La question de savoir à quoi sert la linguistique en Afrique a été largement et bien traitée par d’éminents linguistes. Ce qui fait qu’aborder la thématique de son utilité, sous cet angle, devient soit redondant, soit impertinent (...). Toutefois, certains aspects des rapports sociolinguistiques, tel celui ayant trait à l’appartenance ethnique, permettent de mettre en évidence les incidences liées à la langue et leurs implications dans la réflexion linguistique. Au Sénégal, par exemple, comme le souligne Makhtar Diouf (dans son ouvrage de référence, Sénégal, Ethnie et Nation), « c’est la langue qui tend de plus en plus à être le facteur le plus pertinent de l‘identification ethnique ». Considérons aussi que face à la crise généralisée des valeurs et de l’identité, les peuples projettent leur sentiment d’appartenance sur leur langue qui représente un symbole probant de leur identité menacée. Cela nous incite à avoir une conscience supérieure des enjeux d’une meilleure prise en compte de ces langues. Ce qui nous permet alors d’aborder autrement la question des enjeux : A quoi sert une meilleure connaissance des langues africaines dans un contexte de Mondialisation ? (...) Une revalorisation convenable du patrimoine linguistique africain nécessite une implication responsable des linguistes diplômés pour éviter de tomber dans l’ethnicisme, généralement engendré par l’ignorance.
Paradoxalement, l’implication des linguistes, spécialistes bien formés dans la gestion administrative et opérationnelle de la promotion des langues nationales, est encore très timide. Cette situation étouffe les esprits les plus féconds et les plus innovateurs qui sont ainsi contraints de s’exiler vers d’autres cieux où ils espèrent jouir de conditions d’existence et de travail favorables. Saignée socio-intellectuelle ! Résignation ou aliénation ? En Afrique, la pauvreté est devenu le trait de civilisation le plus visible et le plus saillant. En dehors de l’instabilité économique, qu’est-ce qui pousse les intellectuels africains et les jeunes linguistes en particulier à opter pour l’exil ?
La vulnérabilité économique des jeunes chercheurs et intellectuels africains est l’une des causes les plus décisives, et le plus souvent, avancées pour expliquer cette forme d’émigration. Les conditions économiques précaires ne sauraient à elles seules suffire à expliquer la tendance à l’exil. S’y ajoutent en effet les difficultés socio-structurelles comme les problèmes de l’intégration professionnelle dus à l’exclusion sociale et l’impossibilité de s’épanouir intellectuellement. C’est pourquoi, malgré les périls et la désillusion auxquels ils sont souvent confrontés au niveau des pays d’accueil (avec la montée de racisme et de nationalismes incongrus, de la xénophobie et j’en passe), les candidats à l’exil sont plus que jamais obnubilés, hypnotisés par les charmes des images-mirages diffusées par une propagande non-contrôlée, en provenance du Nord, largement publié à travers les médias. De fait, les défis pratiques, aussi bien idéologiques et épistémologiques auxquels nous sommes confrontés en Afrique, sont de consommer les ruptures qui s’imposent pour une meilleure promotion de la recherche et une revalorisation du patrimoine linguistique et culturel.
Internet est l’une ou même la plus importante manifestation de la Mondialisation au niveau des télécommunications. C’est pourquoi une participation conséquente de l’Afrique dans la société de l’information, réside actuellement dans la création de contenus, de logiciels et de supports multimédias aptes à rendre fidèlement nos langues et cultures sur « le réseau des réseaux ». C’est devenu même un impératif stratégique, la seule alternative fiable pour ne pas être englouti par le matérialisme « vampire » déferlant de l’Occident. Ces contenus pourraient aussi servir de base de données aux échanges multiculturels pouvant favoriser un enrichissement mutuel Sud/Nord.
Notons toutefois que l’Afrique est peu et mal représentée sur le web. Rares sont les contenus multimédias qui parlent objectivement du continent africain. Et ces rares contenus sont soit le fait d’africanistes fantaisistes (parfois sincères !) ou de vendeurs d’illusions en quête d’exotisme (image de carte postale de l’Afrique mythique... faussement paradisiaque), soit des productions caricaturales des médias afro-pessimistes occidentaux (guerre, famine, Sida... bref de la misère à la une) et enfin celle des Africains de la diaspora coupés de leurs racines. Le balbutiement de l’engagement des Africains (basés en Afrique !) dans le secteur des Tic, en dépit du coût prohibitif de la conception et de la gestion de site web et de contenus multimédias, doit être accompagné et soutenu adéquatement par les pouvoirs publics.
La Mondialisation accélérée favorise une meilleure propagation des langues et cultures occidentales au détriment de celles des pays pauvres. Les cultures et civilisations en provenance des zones défavorisées sont travesties ou simplement anéanties, aussi riches et variées soient-elles. Et si des mesures efficaces ne sont pas prises pour réduire l’impact négatif d’une telle invasion culturelle, la destruction des diversités culturelles va naturellement coïncider avec la naissance d’extrémismes, sources de dérives.
Papa Oumar FALL
Acteur Culturel
Assistant Culturel à la Direction de la Vie Estudiantine et des Relations avec la Cité (D.Verc/Ucad)
styloculture@caramail.com
(Source : Le Quotidien 4 juin 2004)
Bande passante internationale : 172 Gbps
4 FAI (Orange, Arc Télécom, Waw Télécom et Africa Access)
19 266 179 abonnés Internet
Liaisons louées : 3971
Taux de pénétration des services Internet : 106,84%
3 opérateurs : Sonatel, Expresso et Saga Africa Holdings Limited
382 721 abonnés
336 817 résidentiels (88,01%)
45 904 professionnels (11,99%)
Taux de pénétration : 1,67%
3 opérateurs (Orange, Free et Expresso)
21 889 688 abonnés
Taux de pénétration : 123,34%
3 050 000 utilisateurs
Taux de pénétration : 17,4%
Facebook : 2 600 000
Facebook Messenger : 675 200
Instagram : 931 500
LinkedIn : 930 000
Twitter : 300 000