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Mobile money/Mobile banking : La guerre des transferts

vendredi 8 mars 2019

Très souvent associés, le Mobile money et le Mobile banking sont pourtant différents, malgré leurs traits de ressemblance. Selon M. Djibril Diallo, ancien directeur de Tigo Cash, le Mobile Money est l’ensemble des services qui tournent autour de la monnaie électronique et qui utilisent le téléphone mobile comme outil principal de transaction pour le client. A la place des outils traditionnels que sont les espèces, le chèque ou la carte bancaire, on utilise de la monnaie électronique et un téléphone portable pour effectuer des paiements, des transferts, ou aussi accéder à des transactions financières plus élaborées comme le nano-crédit ou la micro-assurance. « Nous parlerons généralement des Services financiers sur mobile (Mfs = Mobile Financial Services), car le mobile est l’outil indispensable pour l’offre de ce type de service. Le Mobile banking est, en revanche, un service qui se définit comme l’accès à la banque par le biais du téléphone mobile. Si le téléphone portable y est aussi l’outil de mise en relation avec la banque, il permet de facto d’effectuer des transactions de paie- ments, de transferts, voire autres (par exemple : une commande de chéquier ou de carte bancaire) », explique-t-il. Même si la téléphonie reste leur cœur de métier, les opérateurs de télécommunications accordent une place de plus en plus importante au Mobile money. Orange Money, Tigo Cash et, dans une moindre mesure, E-Money (ex- presso) ont envahi le marché de la monnaie électronique et ne cessent de grignoter des parts de marché. Pour en profiter au maximum et en toute légalité, ils se sont entourés d’un maximum de garanties en obéissant à la lettre aux nouvelles règles fixées par la Bceao. En effet, pour encadrer la montée en puissance du mobile money dans la zone Uemoa, la Bceao exige, désormais, que les opérateurs de télécommunications obtiennent un agrément d’Etablissement de monnaie élec- tronique (Eme), afin d’effectuer leurs activités dans un cadre de responsabilité étendue.

Les opérateurs se bancarisent

Selon Alex Corenthin, formateur en informatique à l’Ecole supérieure polytechnique et directeur des systèmes d’information de l’Ucad, avec cette nouvelle donne, « les opérateurs de télécommunications titulaires d’une licence de monnaie électronique n’ont aucun avantage à prêter leurs infrastructures pour gérer des transactions concurrentes. On ne peut pas parler de guerre, mais d’une concurrence exacerbée par ces nouveaux intervenants dans le système de transfert d’argent qui diminue le nombre d’acteurs dans la chaîne qui se limite à l’agence et à l’opérateur », analyse-t-il. En plus d’être en phase avec la réglementation, les opérateurs lorgnent sur d’autres niches. Samba Diop, chef du département gestion des partenaires de Sonatel, estime qu’« à travers Orange Money, l’objectif, c’est vraiment l’e-commerce, parce que la bancarisation et la monétisa- tion des contenus sur le web et sur les applications mobiles sont encore faibles au Sénégal ».

Ainsi, petit à petit, les opérateurs mettent le pied dans le jardin des banques. Mais, pour Oumar Diallo, spécialiste des Fintech, « le mobile Banking est plutôt un prolongement et une digitalisation de la banque. Il permet à la banque de réduire les délais de traitement des opérations classiques et offre une traçabilité des opérations. Le Mobile Banking a un champ d’application généralement restreint dans la clientèle de la banque. Par conséquent, il s’applique à un parc de clients déjà existant donc déjà bancarisé. Par contre, le mobile money a un champ d’application plus important avec une clientèle large car fonctionnant en Ussd ou par internet.

Les banques sonnent la riposte

Les banques voient de nouveaux acteurs envahir un secteur qui, jusqu’ici, était leur chasse gardée. Même si Souleymane Soumaré, directeur général de l’Association des professionnels des banques et des établissements financiers (Apbef), refuse d’admettre une concurrence entre les banques et les opérateurs, il reconnaît, toutefois, que « la concurrence n’est jamais loin ». Car, dit-il, « rien n’empêche à une banque d’être une institution de monnaie électronique ». Justement, ayant remarqué le marché que constitue le Mobile money, certaines banques ont commencé à mettre en place des services dédiés. Yup (Sgbs), Sûr (Bdk)… en sont des exemples.

En effet, avec l’agrément déjà obtenu, elles ont la possibilité de se lancer dans la monnaie électronique sans faire une nouvelle demande. Là où l’opérateur de téléphonie qui veut faire du Mobile money doit forcément souscrire à une demande d’agrément à la banque centrale. Aujourd’hui, avec Yup (Sgbs), Sûr (Bdk)… les banques rivalisent avec les opérateurs. Pour Fatoumata Bah, directrice marketing de Yup, à la base, « ce sont les opérateurs qui ont créé le Mobile money. En quelque sorte, ce sont donc les banques qui les ont rejoints (ce secteur, ndlr), mais avec des normes bancaires. Et vu que la réglementation se durcit, les opérateurs devront, à leur tour, se transformer pour se rapprocher du modèle bancaire », indique-t-elle.

Moyen d’inclusion financière

Malgré la forte présence des structures bancaires, l’inclusion financière reste un gros défi. De l’avis d’Alex Corenthin, c’est cette niche que les opérateurs ont exploré pour en tirer le maximum de profits. Aujourd’hui qu’ils ont l’agrément d’Etablissement de monnaie électronique (Eme) délivré par la banque centrale, les opérateurs, renforcés par leur fort taux de couverture et l’accroissement exponentiel de la téléphonie mobile et des Smartphones, offrent des produits et services financiers à toute leur clientèle. « De ce point de vue, le Mobile money est un outil extraordinaire d’inclusion financière », indique M. Corenthin. Directrice de Yup, plateforme mise en place par la Sgbs pour occuper le segment Mobile money, Fatoumata Bah considère que les banques ont compris la nécessité d’allier Mobile money et Mobile banking pour toucher le maximum de monde. Car, estime-t-elle, le Mobile money permet d’enrôler des personnes non bancarisées et d’offrir des services adaptés, qu’elles n’ont pas avec les banques classiques ». A en croire Oumar Diallo, spécialiste des Fintech, « les banques commerciales, du fait de certaines exigences, sont inaccessibles à une partie de la population, alors que le mobile, aujourd’hui, est dans tous les foyers. C’est ce qui a encouragé la création du M- paiement et les opérateurs s’en donnent à cœur joie. Le Mobile money est, sans nul doute, le meilleur moyen d’inclusion financière ». Quoi qu’il en soit, la donne est claire. Aujourd’hui, en plus de leur cœur de métier respectif, chaque secteur a ajouté une corde à son arc pour une bataille qui s’annonce rude.

Les limites du Mobile money

Ancien directeur de Mobile Cash Sa et de Tigo Cash, Djibril Diallo est spécialiste de la monnaie électronique. Selon lui, les limites du Mobile money sont inhérentes à son mode de fonctionnement : valeur des montants des transactions relativement faibles, simplification à l’accès, etc. « On ne peut pas recourir au Mobile money pour le financement de projets importants ou complexes, le paiement de fortes sommes ou pour effectuer des opérations financières complexes », explique l’actuel directeur de Transferto. Cependant, dit-il, grâce aux innovations technologiques et services associés, le mobile money a tendance à repousser ces limites.

« Aujourd’hui, des services que personne n’imaginait, il y a une dizaine d’années, lors de la naissance du Mobile money, sont désormais monnaie courante ; les transferts transfrontaliers, par exemple ».

O. Fédior

(Source : Le Soleil, 8 mars 2019)

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