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Matar Silla, ancien directeur de la Rts : Investir le champ des chaînes de télévision hertziennes privées en clair

mardi 13 juin 2006

A la tête des chaînes privées camerounaises du groupe Stv, Matar Silla qui est en passe de réussir le pari de l’intégration audiovisuelle, poursuit son rêve d’aider à élargir le paysage médiatique sénégalais. Dans la deuxième et dernière partie de l’entretien qu’il nous a accordé (voir édition Walf 42 66 du mardi 6 juin) l’ancien Dg de la Rts dévoile, entre autres points, ses ambitions de conduire à la création d’un axe audiovisuel Dakar-Douala. Mais Mactar Silla revient d’abord sur les ‘tractations’ qui l’ont conduit à la tête des chaînes camerounaises.

Mactar SILLA : Il n’y a pas eu de tractations particulières. Déjà, lorsque j’étais à la Rts j’ai toujours reçu des propositions africaines et internationales. Il en est de même présentement au Cameroun. Et ce n’est pas seulement dans le domaine des médiats, il s’agit aussi des télécommunications, de la culture en général et du tourisme. J’ai pu en plusieurs années avoir un réseau d’amitiés et de reconnaissances professionnelles, par la grâce de Dieu, promptes à me solliciter chaque fois que de besoin. C’est dans ce cadre qu’il faut inscrire l’expérience camerounaise avec des amis et frères qui voulaient d’abord m’offrir une sorte de respiration extérieure par une simple invitation à quitter l’univers local immédiat.

Walfadjri : Mais vous êtes resté un moment au Sénégal avant de rejoindre le Cameroun. Est-ce à dire que la proposition ne vous enchantait pas ?

Mactar SILLA : Cette invitation n’a pu être honorée dans les délais que les partenaires camerounais souhaitaient du fait de la naissance de ma fille cadette quelques heures après ma passation de service de départ de la Rts. L’invitation a été finalement honorée quatre mois plus tard. Je m’étais donné le temps de souffler, après tant d’années de travail sans répit ; et de créer (comme mon défunt père m’y avait toujours invité) ma propre société dans mon pays. Avec le concours de gens qui me sont très chers : Ismaël Lô et Pape Ibrahima Ndiaye, l’illustre maître tailleur du Triangle d’Or à Paris. Avec le Cameroun, c’était une invitation fraternelle à travers laquelle, mes amis voulaient me garantir que tant qu’ils seront là, ma famille et moi-même, pourrions compter sur leur soutien permanent. Cette invitation a conduit à un échange de vues sur les projets en cours dont celui de deux chaînes de télévision. Mes partenaires camerounais gèrent la principale société privée de communication du Cameroun. Celle-ci détient 30% de Mtn Cameroon, le leader local de la téléphonie cellulaire. Le groupe Spectrum sert de régie à de grandes entreprises dont Mtn et Guinness.

Walfadjri : Si une licence d’exploitation vous étiez accordé, est-ce que vous développeriez ce concept au Sénégal ?

Mactar SILLA : Mon projet pour le Sénégal s’inscrit en droite ligne et dans la philosophie de ce que je contribue à construire au Cameroun et qui est une première en Afrique et dans le monde : deux chaînes de télévision hertziennes privées en clair. Je ne souhaite vraiment pas décliner mon projet pour le Sénégal. Ce serait vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué.

Walfadjri : Dans la première partie de cette interview, vous disiez pourtant être prêt pour l’exploitation d’une télé privée au Sénégal, sur quel arsenal vous appuyiez vous ?

Mactar SILLA : Tout projet de la sorte fait évidemment l’objet d’un business plan que nul ne décline ou dévoile dans un tel contexte. Ce qui est important à ce stade est la manifestation d’intérêt, l’énoncé de la vision et des objectifs majeurs. Ils se résument à créer, à assurer la montée en puissance et la pérennité d’un groupe de chaînes à vocation nationale, panafricaine et internationale. Ce sera à l’image et en cohérence avec ce qui est en train de se réaliser et de s’affirmer jour après jour au Cameroun.

Walfadjri : Etes-vous disposé à quitter votre pays d’accueil le Cameroun, si cette licence vous étiez accordée ?

Mactar SILLA : L’option d’une dualité Cameroun/Sénégal ou d’une combinaison de plusieurs espaces et aires géographiques est la plus plausible pour différentes raisons stratégiques qui découlent de notre vision globale. L’idée serait alors un axe fort Douala-Dakar au service de l’Afrique. Les technologies aidant, on peut partout dans le monde, avec une bonne connexion savoir, avec des images et des sons, ce qui se passe minute après minute dans chaque site géographique. De plus, la stratégie de panafricanisation permet des économies d’échelle, de la syndication, du benchmarking , des adaptations locales et originales et au bout du compte davantage d’efficacité et de chances de réussite

Walfadjri : Cela veut-il dire que vous répondrez positivement à un appel du pouvoir en place, malgré les circonstances inélégantes qui ont précédé votre départ de la Rts ?

Mactar SILLA : Je n’aime pas par principe et par nature les spéculations. Elles ne servent à rien et inconfortent les uns et les autres. Par principe, j’ai toujours répondu favorablement à tout appel de pays ou structures, notamment africains qui ont pensé que j’avais une expertise dans un domaine déterminé. Je l’ai fait au Kenya, au Ghana, en Côte d’Ivoire et dans les prochaines semaines en Zambie et au Malawi, Mauritanie, Burundi et Rwanda, entres autres. C’est dire qu’il est impensable d’opérer une quelconque discrimination envers mon propre pays, d’autant plus que malgré mon ‘nomadisme’ ma famille y reste et y vit encore. Tout est fonction de la nature de la sollicitation ou de la mission, des conditions de son exercice, de ma conviction personnelle à pouvoir atteindre et dépasser les résultats escomptés au service des bénéficiaires. Je dis souvent que la réussite, le succès c’est de pouvoir partir et que l’oeuvre que vous avez contribuée à édifier puisse survivre, se développer et se pérenniser.

Walfadjri : Sous quelle forme la collaboration avec les Camerounais devait-elle se présenter ?

Mactar SILLA : Au fil des échanges, nous avions convenu que je viendrais pour une courte période leur donner un coup de main. Les choses s’étant avérées plus complexes que cela paraissait, il a fallu envisager carrément une installation au Cameroun. Ce fut chose faite avec l’accomplissement des formalités nécessaires car conformément à l’article 27 du code du travail du Cameroun, le contrat de travail du travailleur de nationalité étrangère, doit, avant tout commencement d’exécution, être visé par le ministère du travail

Walfadjri : Peut-on avoir une idée du montage financier d’une chaîne privée ?

Mactar SILLA : Tout est fonction du projet, notamment de ses objectifs en terme de couverture (locale ou nationale) du mode de diffusion et de réception prévu, des choix technologiques, de l’environnement plus ou moins propices aux investissements avec l’existence ou non de mesures initiatives et d’exonération. Tout est également fonction des ambitions en terme de contenus, des obligations légales (emploi, droits d’auteurs, paiement des taxes, etc.), de la montée ou non sur un ou des satellites, de la qualité et du niveau du recrutement et des contrats offerts aux professionnels divers.

Walfadjri : A combien s’élève l’enveloppe qui a permis de mettre sur orbite la Stv ?

Mactar SILLA : En terme de chiffres et d’investissement global, nous sommes autour de 15 milliards de F cfa avec l’objectif de finaliser la couverture nationale au courant de cette année 2006. Mais à côté d’un tel projet, il existe un peu partout en Afrique des projets à ambition uniquement locale, aux standards moins élevés, aux programmations moins fortes, utilisant des technologies sommaires à défaut de cahiers de charges techniques contraignants. De tels projets avec des personnels à situation précaire et le règne du Dvd piraté, une diffusion approximative ne vont pas chercher loin en termes de coûts.

Walfadjri : Pensez-vous avec un tel investissement être à même de réaliser vos ambitions pour la Stv ?

Mactar SILLA : Le défi de Stv (deux chaînes qui diffusent 24h/24) repose sur la réussite d’une antenne où s’affirme le caractère national de la chaîne et son aspiration au développement panafricain et plus généralement international. Ce triple défi est le plus intéressant qu’il soit donné de rencontrer actuellement en Afrique subsaharienne à majorité francophone.

Walfadjri : Cela suppose un contenu accrocheur ?

Mactar SILLA : A chacun son costume. Mais à Stv nous sommes fiers d’acquérir les droits d’événements sportifs majeurs comme les championnats de Football du Brésil et des Pays Bas, l’Us Collège Basket Ball, les Friday Night Fights en Boxe, des télénovelas fraîchement produites entre 2004 et 2005, ou le Oprah Winfrey show. Il y a également le good morning Cameroon (bonjour le Cameroun) qui est la toute première expérience de show télévisé du matin, ou encore la série de près de 200 films et du Nigéria et du Ghana (des pays qui ont une vraie industrie en la matière) que nous diffusons.

Propos recueillis par Maïmouna Ndour FAYE

(Source : Wal Fadjri, 13 juin 2006)

Post-Scriptum

Pour lire la première partie de l’entretien cliquer ici

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