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Mamadou Aïdara Diop, Coordonnateur de l’intersyndicale de la Société Nationale des Télécommunications (SONATEL) : « Moustapha Guirassy m’a dit qu’il était contre la surtaxe, mais comme il est ministre ... »

jeudi 1er septembre 2011

Pressé par la bataille engagée contre l’Etat sur la surtaxe des appels internationaux entrants, Mamadou Aïdara Diop, secrétaire général du Syndicat des travailleurs de la Sonatel (Syts), par ailleurs Coordonnateur de l’Intersyndicale de la Société nationale des télécommunications, ne mâche pas ses mots. Dans cet entretien, il liste les maux qui peuvent découler de l’application du décret sur la surtaxe des appels internationaux entrants...Me Wade, Iba Der Thiam et Momar Ndao en prennent pour leur grade.

Vous multipliez les rencontres avec les responsables syndicaux et politiques pour les sensibiliser sur la bataille que vous menez contre la surtaxe sur les appels internationaux entrants. Où est-ce que vous en êtes avec cette mobilisation ?

Nous sommes en train de faire la revue des troupes. Nous l’avions entamée depuis quelques semaines, car depuis que le Président nous a dit qu’il ne reculait pas sur l’affaire de la surtaxe sur les appels internationaux entrants, nous avons pris nos dispositions. Nous avons fait des réunions avec les délégués pour harmoniser nos positions. Nous avons également tenu une réunion avec la plénière des délégués le vendredi 16 août et, à l’issue de cette réunion, nous avons décidé de déposer un préavis de grève le 24 août, avec deux jours de retard. Histoire de rétorquer au Président de la République, Me Wade, qui a signé le décret le 24 août, que nous ne reculerons pas.

Est-ce qu’il y a une adhésion des sénégalais derrière cette bataille contre la surtaxe sur les appels internationaux entrants que vous engagez contre l’Etat du Sénégal ?

Il y a une adhésion des travailleurs. Nous sommes en train de faire le travail de communication externe. Nous revenons d’une rencontre (l’entretien s’est déroulé le lundi, Ndlr) avec une délégation de la Confédération nationale de travailleurs du Sénégal/Force du changement (Cnts/Fc) et nous sommes en parfaite convergence sur cette question. Nous sommes en train de rencontrer les autres partenaires, car les télécoms sont l’affaire de tous les Sénégalais. C’est un patrimoine national, quelle que soit la configuration du Capital. Donc, nous sommes là et, samedi dernier, nous avons été à la rencontre avec le Mouvement du 23 juin (M23 ) et il y a des choses que nous avons retenu de faire ensemble. Nous partons à la rencontre des Sénégalais pour échanger, discuter, compléter les informations, harmoniser et répondre aux questionnements qui nous sont soumis. Et à chaque fois que nous nous expliquons, les Sénégalais soutiennent la cause que nous défendons.

Est-ce que le fait de vous être mis à dos une association de consuméristes (Ascosen de Momar Ndao) ne risque pas de saper le travail de sensibilisation que vous êtes en train de mener auprès des populations ?

Non du tout ! Nous avons une association de consommateurs qui est en phase avec la position du président de la République et qui en est, bizarrement, le porte-drapeau. J’aurais bien aimé que ce projet soit porté par le ministère des Finances, par exemple, parce que c’est une question d’argent. Dans un pays normal, c’est le ministère des Finances qui aurait dû être porteur de ce projet. Cela ne nous dérange pas. Nous aurions pu être avec lui. Pour la lutte contre la surtaxe, la Rutel, l’Etat a mis une taxe de 2% depuis 2008 et en août dernier, les autorités étatiques en ont profité pour augmenter la Rutel de 2 à 5%. C’est de la poche des Sénégalais et rien que pour la Sonatel, cela fait un impact de 12 milliards de F cfa que l’Etat va prendre de la poche des Sénégalais. Nous aurions bien engagé la bataille autour de cette question, malheureusement, nous ne sommes pas dans cette logique. Parallèlement, nous sommes en bonne intelligence avec une douzaine d’association de consommateurs. Je pense que c’est l’Entente nationale des associations de consommateurs (Enac) et ils ont signé un communiqué pour se démarquer de la position de l’Association des consommateurs du Sénégal (Ascosen).

Soupçonnez-vous Momar Ndao de l’Ascosen de deal avec l’Etat ?

Au Sénégal, on reconnaît facilement les gens qui se mobilisent pour des intérêts crypto-personnels, mais cela n’engage que lui. Je ne sais pas ce qui le lie à l’Etat. C’est un ardent défenseur de ce projet qui va augmenter le tarif des appels. C’est la première fois que je vois une association de consommateurs soutenir un projet qui va avoir comme conséquence immédiate l’augmentation des tarifs. Lui (Momar Ndao) dit que ce sont les consommateurs de la diaspora et qu’ils sont plus riches et les riches doivent supporter les moins riches. Le jour où cette décision va être appliquée, les tarifs vont augmenter à partir du Sénégal.

Que répondez-vous à Momar Ndao qui accuse la Sonatel de s’enrichir sur le dos des sénégalais ?

Il raconte des histoires, il n’a rien compris. On ne peut pas être expert en tout. Malheureusement dans ce pays, les gens sont experts en tout. Le réseau national est déficitaire. Nous investissons dans l’Adsl, Internet. Ce sont des techniques de pointe. Les Sénégalais doivent avoir accès au meilleur réseau au monde. Au moment où je vous parle, ces types de réseaux sont subventionnés par les recettes que la Sonatel tire des autres services. La Sonatel tire l’essentiel de ses activités sur l’international qui est un maillon essentiel de ce qui fait sa croissance. Nous recevons beaucoup de trafics extérieurs pour les refiler dans d’autres parties du monde. Notre réseau a la capacité requise, les exigences de qualité de standard international. Nous avons le meilleur niveau de compétitivité en matière de prix au monde. C’est ce qui fait que Sonatel a un statut du Hub, que la décision du président de la République va fragiliser. Si nous n’avions pas eu les balances du Mali, de la Guinée, nous n’aurons pas pu faire 100 milliards de FCFA d’investissements. L’année dernière, nous avons investi à peu près 125 milliards de FCFA. Nous faisons des bénéfices de 185 milliards de FCFA et nous versons à l’Etat 175 milliards d’impôts, de taxes et de dividendes.

Avec tout cela, une partie de l’opinion ne comprend toujours pas pourquoi syndicalistes de la Sonatel « s’entêtent » à s’ériger contre cette décision du président de la République sur les appels internationaux entrants ?

Si nous nous érigeons contre cette décision, c’est parce que nous défendons nos emplois, notre avenir. C’est notre pain qui est menacé, le Président veut nous ôter le pain de la bouche. C’est une réaction légitime. Nous sommes syndicalistes et la définition d’un syndicat, c’est la défense des intérêts matériels et moraux des travailleurs. C’est aussi simple que ça. Le Président a pris une décision et dans quatre, voire cinq ans, cette décision va fragiliser l’une des mamelles qui font les résultats de la Sonatel. Des résultats qui nous permettent de faire les investissements que nous faisons, qui nous permettent de rémunérer autant les actionnaires, de maintenir les niveaux de salaires pour lesquels nous ne sommes pas encore satisfaits. Donc, si nous nous battons, c’est justement pour préserver cette entreprise et notre avenir.

Est-ce, comme certains le pensent, qu’il y aurait des cadavres dans les placards de la Sonatel, parce qu’en France, en Espagne, au Ghana, en Mauritanie la surtaxe y est appliquée sans susciter le moindre tollé ?

(Il coupe) C’est faux ! Vous pensez que si cette affaire était aussi simple, aussi banale à faire, Sonatel serait restée depuis combien d’années... Depuis 1985, nous existons. Est-ce que nous sommes les plus nuls en télécoms en Afrique ? Nous sommes la première société de téléphone en Afrique de l’Ouest sur tous les plans : infrastructure, résultats et rentabilité. Cette affaire n’a été appliquée qu’au Ghana, en Guinée, en République démocratique du Congo (Rdc) et récemment en Mauritanie. Cette mesure sur la surtaxe sur les appels internationaux entrants a failli être appliquée en Côte d’Ivoire, mais dès que Laurent Gbagbo (le Président déchu de la Côte d’Ivoire, Ndlr) a compris où ça allait être appliqué au Gabon, mais ils ont finalement annulé. Ces pays sont-ils des références en matière de téléphone ? La Mauritanie et le Ghana sont-ils mieux que nous en télécoms ? Je reviens du Ghana, la semaine dernière, pour appeler au Sénégal, l’appel est routé sur l’Espagne, à partir de l’Espagne, ils renumérotent et quand vous recevez l’appel, le téléphone affiche un numéro d’Espagne. Au Sénégal, on peut appeler n’importe où avec son portable. Donc, il faut que les gens arrêtent de raconter des inepties.

Pourtant, le Ghana a empoché 10 milliards de FCFA en une année sur les appels internationaux entrants ?

Je reviens de ce pays. Comment le Ghana a permis gagné 10 milliards de F Cfa ? Vous savez, la minute de communication du Ghana aux Etats-Unis, c’est 3500 F Cfa. Si les Sénégalais font la comparaison, ils verront l’énorme différence. J’étais au Ghana avec le président du Syndicat des télécoms. J’y suis resté de dimanche à mercredi dernier et les techniciens de la Sonatel étaient en relation avec moi, tous les jours en essai pour tenter de savoir par où je devais passer pour aboutir au Sénégal, parce que le réseau est complètement perturbé sur l’international. C’est l’impact direct de l’installation de Global Voice. Vous allez en Guinée ou en République Démocratique du Congo, le trafic international a baissé de plus de 90% entre 2008 et 2010, après l’installation de Global Voice. Ils sont à 6000 minutes de trafic normal arrivé. Tout le trafic qui arrive là-bas est de la fraude, les gens téléphonent en République Démocratique du Congo (RDC) par des voies frauduleuses. L’opérateur historique ne voit plus rien en trafic, c’est cela la conséquence. Si on applique cette affaire-là dans six mois, les opérateurs ne verront pas du trafic normal, car cela va se réduire considérablement comme peau de chagrin. En plus, le trafic de fraudes va se développer à une distance incommensurable et cela va profiter à deux ou trois personnes qui vont avoir deux ou trois ordinateurs qu’ils vont installer dans une chambrette. Ensuite, ils vont acheter quelques puces à Sonatel et à Expresso et vont commencer à faire de la rémunération.

Est-ce que cette décision de l’Etat sur la surtaxe va remettre en cause la suprématie de la Sonatel dans la sous-région ?

Dans cette affaire, les gens confondent beaucoup de choses. Quand nous nous battons contre la surtaxe sur les appels internationaux entrants, nous ne nous battons pas pour la Sonatel, mais nous nous battons pour le secteur des télécoms et sa viabilité. C’est vrai que Sonatel est leader, car il a 70% de parts de marché. En plus, Sonatel a un trafic international à l’aller comme au retour sur le réseau de la Sonatel, mais c’est le secteur des télécoms qui est en jeu. Un secteur des télécoms qui produit 8% du Produit intérieur brut (Pib) du Sénégal, un secteur qui donne à l’Etat près de 13 à 14% de ses recettes budgétaires. C’est ce secteur qui est en jeu et non la Sonatel. Ce que nous voulons, c’est un secteur stable pour une Sonatel performante, idem pour Tigo (Milicom) et Expresso (Sudatel). Parce que, c’est ça qui donne de la valeur et qui donne de la profitabilité au secteur.

Qu’est-ce qui explique que le Vice-président à l’Assemblée nationale, Iba Der Thiam, aille jusqu’à vous soupçonner d’être manipulés pas le Directeur général de la Sonatel, Cheikh Tidiane Mbaye ?

Iba Der Thiam m’a posé la question de savoir si nous n’étions pas manipulés par le Directeur général de la Sonatel ? C’est vrai que quand on est susceptible d’être manipulé, on peut penser que tout le monde peut l’être. En tout cas, le président de la République nous connaît, le Directeur général de la Sonatel nous connaît, nous sommes ensemble depuis 1988, je pense que ceux qui ont étudié le développement sociologique de la Sonatel savent que de 1990 à 2001, Sonatel était la société la plus conflictuelle du Sénégal. Nous avons organisé la première grève et la première marche du gouvernement de l’alternance. Nous avons mené une grève de neuf jours dans ce pays, une marche nationale, une marche internationale jusqu’au siège de France Télécom.

Est-ce que ces propos venant de Iba Der Thiam qui a porté pendant longtemps l’étiquette de député du peuple, ne vous déçoivent pas ?

Dans ce pays, rien ne nous déçoit plus. Je suis arrivé dans ce pays à un stade où le ridicule ne tue pas. Heureusement que je n’ai pas perdu ma capacité d’indignation, mais rien ne me surprend plus dans ce pays. Les gens crient, agissent, hurlent comme les loups et font du n’importe quoi. De toutes les façons, nous sommes sur nos positions, celui qui veut varier peut varier, mais nous, nous restons constants. Quand les intérêts du pays sont en jeu à travers le secteur des télécoms, nous faisons face.

Iba Der est-il mal placé pour vous poser cette question ?

Non ! C’est son droit le plus absolu de poser toutes les questions possibles et inimaginables, mais nous avons le droit de ne pas manger dans certains plats. On peut nous prévoir sur des plats d’ordures, mais jamais nous n’y goûterons. Personnellement, j’ai discuté avec lui au téléphone, il s’est offusqué que des personnes aient dit que le Président était dans des postures démagogiques en abordant la nationalisation. Je lui ai répondu que je faisais partie de ces personnes, car j’ai dit que le Président avait des postures démagogiques sur la nationalisation. Le chef de l’Etat fait de la diversion, car la nationalisation ne l’intéresse pas mais c’est la surtaxe qui l’intéresse. Il agite tout simplement cette idée de la nationalisation pour donner un os à ronger pendant ce temps, il déroule son plan sur la surtaxe. Ce qui l’intéresse, c’est l’argent. Si la nationalisation l’intéressait, il n’allait pas aborder la question de cette manière aussi légère. C’est à partir de ce moment qu’il a souhaité qu’on puisse se rencontrer, nous avions retenu une date depuis le dimanche denier, ça n’a pu se faire. Entre-temps, j’ai voyagé et j’ai dit que mes camarades sont là et que personne n’est indispensable. Et il (Iba Der) nous a rencontrés à deux reprises jeudi dernier, ensuite il est allé voir le Premier ministre, puis il a été informé de la signature du décret et nous nous sommes revus le samedi. Il nous a posé au total six questions auxquelles nous avons répondu. Il nous a demandé par la suite de lui faire un petit mémorandum sur nos argumentaires, car il y a beaucoup de questions qu’il ne comprenait pas.

Pensez-vous que M. Iba Der Thiam est un interlocuteur crédible à vos yeux, capable de porter les grandes lignes de votre mémorandum au président de la République ?

Dans notre démarche, nous parlons avec tout le monde, nous avions rencontré le Mouvement du 23 juin (M23), comme nous avions rencontré à l’époque Benno Siggil Senegaal, le Professeur Iba Der Thiam, la Cap 21. Il est de tradition au niveau des syndicats de Sonatel que quand il y a une question qui concerne le secteur qui est d’un intérêt national, nous prenons notre bâton de pèlerins pour rencontrer tous les secteurs de l’opinion. Par contre, si nous avons des préoccupations salariales ou de primes nous les réglons à l’interne. Nous les traitons nous-mêmes. Dès que ça prend une dimension que nous considérons comme nationale, nous rencontrons tout le monde. C’est ainsi que nous avons rencontré le Conseil national du patronat (Cnp), la Confédération nationale des employeurs du Sénégal (Cnes), l’Unacois, Benno Siggil Senegaal, la Cap 21, le groupe parlementaire du Pds etc. Sur ce dossier, nous avons rencontré tout le monde, parce que nous partons du principe que nous avons des hypothèses et nous n’avons pas le monopole de la vérité. Maintenant, que quelqu’un soit crédible ou non pour porter la parole auprès du président de la République, nous considérons qu’à chaque fois que nous pouvons accéder au chef de l’Etat, nous accédons à lui.

Avez-vous été surpris de l’accusation du Président disant que vous étiez le bras armé de France Télécom ?

Seul le ridicule ne tue pas dans ce pays. Cela montre que c’est le monde à l’envers, c’est ce que je lui ai répondu. Quand il m’a dit cela, je lui ai dit : « M. le Président, c’est le monde à l’envers. En 2009, c’est vous qui voulez vendre la Sonatel à France Télécom. » Je le lui ai dit les yeux dans les yeux. Je lui ai dit que « c’est que c’est vous qui voulez vendre 10% à France Télécom pour en faire l’actionnaire majoritaire et transformer Sonatel en filiale. Et, c’est nous qui y sommes opposés pour vous dire que ce n’est pas bon et que nous ne souhaitons pas devenir une filiale de France Télécom ». Aujourd’hui ceux qui s’opposaient à la transformation de Sonatel en filiale sont devenu par extraordinaire les apatrides. Et, ceux qui ont voulu vendre, pieds et poings liés (sic) Sonatel à France Télécom sont devenus les patriotes. C’est le monde à l’envers.

Après vingt et un ans à la tête de la Sonatel, Cheikh Tidiane Mbaye est-il marqué par tout le tollé que la surtaxe suscite ?

Cheikh Tidiane Mbaye serait mieux placé que moi pour vous répondre, Ce n’est pas de bon ton d’avoir contribué à mettre en place une entreprise, jusqu’à la hisser au rang de première entreprise au Sud du Sahara. Meilleure entreprise sur tous les plans, tous secteurs confondus et voir les autorités, des actionnaires prendre des initiatives qui, si elles sont appliquées, vont casser l’entreprise, cela fait mal. Ca nous fait mal, comme ça fait mal aux retraités. Aujourd’hui, cette bataille n’est plus celles des actifs. Tous les retraités, sur toute l’étendue du Sénégal, vont se mobiliser et se faire entendre. Et dans cette bataille, nous avons la conviction que nous allons la gagner, parce que nous avons reçu leurs bénédictions.

Ne craignez-vous pas une démission de Cheikh Tidiane Mbaye, si cette bataille perdure ?

Je ne sais pas. Il faudrait peut-être accéder à Cheikh Tidiane et échanger avec lui sur ces questions. C’est lui qui est en mesure d’y répondre. Maintenant, démissionner de la Sonatel ou pas, il est libre d’apprécier. Je pense qu’il doit rester et se battre. L’Etat a pris une position qui ne l’agrée pas, je pense qu’il doit rester et se battre. En tout cas, au niveau du syndicat, nous allons nous battre. Il aurait été très simple pour moi de prendre mes cliques et mes claques et de faire un départ préretraite. Je suis dans les conditions de prendre mes sous et de partir. Mais, je considère que ce serait trahir tout le legs du mouvement syndical de l’ex-Opt (Office des postes et télécommunications) à Sonatel. Nous avons été forgés dans la bataille pour préserver notre outil de travail. Je pense que cette posture doit être celle de Cheikh Tidiane Mbaye.

Que pensez-vous de l’annonce faite par le ministre de la Communication et des Tic, Moustapha Guirassy, de la mise en place d’une commission de contrôle des appels internationaux entrants ?

C’est difficile dans ce pays. Je pense que le ministre Guirassy va lire mes propos. Lui-même n’est pas d’accord dans cette affaire. Je suis au regret de le dire, mais ce pays est fait de telle sorte que c’est dommage. J’ai discuté avec Guirassy. Nous étions à l’aéroport et je lui ai dit que le Président veut revenir sur cette affaire de la surtaxe sur les appels internationaux entrants. Il m’a dit : ‘Ce n’est pas possible. Le Président ne peut pas. Cette affaire-là, il faut l’abandonner ». C’était à l’Aéroport. Je lui ai dit : « Rapprochez-vous de vos commandes au niveau de la Présidence (de la République). » Et, il m’a dit : « Jamais le Président ne va remettre cette affaire. » Guirassy ne croît même pas à cette affaire, mais il est obligé parce que, dans ce pays, les gens sont obligés de défendre des choses... Et c’est dommage.

Vous voulez dire que le ministre Guirassy s’est renié sur ce dossier...

Je ne sais pas s’il s’est renié ou pas. Il est dans une discipline gouvernementale. Il est obligé, d’autant plus que le président de la République a dit dans son décret que le ministre des Télécommunications est chargé de la mise en œuvre de ce décret. Donc, il est dans sa posture de ministre, mais c’est pitoyable d’être ministre dans ce pays. J’ai assisté à deux réunions avec le président de la République sur cette affaire-là, mais j’ai pitié de certains collaborateurs du Président. J’ai pitié et je ne reconnais pas mon pays. J’étais malade, quand je suis sorti de ces rencontres avec le chef de l’Etat. Le niveau est tellement bas et le meilleur collaborateur est celui qui chante le mieux les louanges. Alors qu’ils sont dans des postures où ils doivent influer sur les arguments, sur les orientations avec une vision claire des ambitions de l’Etat. Mais, les gens n’ont d’ambitions que d’applaudir le président de la République. J’étais malade quand j’ai vu des personnes se mettre dans des postures élogieuses autour du président de la République. J’ai dit : « Oh mon dieu ! Où va mon pays ? » Et, cela m’a renforcé dans ma conviction de me battre avec les autres Sénégalais. Il faut qu’on se batte, parce que le pays ne mérite pas cela.

C’est à la limite un discours d’opposant...

Non ! Ce n’est pas un discours d’opposant, mais plutôt celui de citoyen. C’est le citoyen qui parle. Notre pays ne mérite pas cela. Nous avons des ressources humaines de qualité, nous avons une expertise avérée, reconnue à travers le monde. Il suffit de sortir du pays pour s’en rendre compte. Le Sénégal a des ressources humaines très enviées. Nous ne méritons pas le sort que nous fait vivre ce gouvernement. Ils sont en train de nous torturer comme pas possible.

Est-ce un risque pour Me Wade d’insister à appliquer la surtaxe sur les appels internationaux entrants ?

J’en appelle à sa sagesse, à celle de ses conseillers et à ceux qui sont autour de lui, parce qu’il a dit qu’il ne va pas reculer et nous aussi, nous n’allons pas reculer. Je le dis solennellement, au nom de l’ensemble des salariés de Sonatel. Il ne reculera pas, nous ne reculerons pas. Même si, nous pensons qu’il y a encore des espaces de dialogue à prospecter en prenant en compte les intérêts du pays.

Entretien réalisé par Mor Talla Guèye

(Source : L’Observateur, 1er septembre 2011)

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