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De l’âge d’or au déclin, au profit des téléphones portables : Chronique d’une disparition précipitée des cybers et télé-centres

jeudi 10 mars 2022

Il fut un temps où les cybers café poussaient comme de petits champignons et faisaient partie du quotidien des sénégalais, à l’image des télé-centres et récemment des studios de photographie. Ces deux espaces de travail et de rencontre qu’étaient les cybers et télé-centres, grouillaient de monde du matin au soir et étaient fréquentés par toutes les tranches d’âges. Mais maintenant, force est de constater qu’ils ont disparus : les premiers au profit des smartphones qui ont balayés, d’un revers de main, leur existence, après la disparition plus tôt, au début des années 2000, avec l’avènement du téléphone portable simple.

Ces espaces qui ne sont plus qu’un vieux souvenir, avec comme conséquences plusieurs milliers d’emplois perdus, sont transformés à des lieux de ventes tels que des librairies, cosmétiques ou des points de transfert d’argent ou multiservices pour les gérants/propriétaires ayant réussi une reconversion.

Les cybers café de même que les télé-centres qui avaient connu un âge d’or appartiennent désormais au passé ou à l’histoire, au Sénégal. Alors que les seconds ont déjà souffert de la "démocratisation" de l’accès aux téléphones portables (cellulaires) simples qui ont mis fin à leur business et leur existence, les premiers qui ont pu résisté tant bien que mal seront finalement étouffés par les smartphones qui ont envahi le marché de la télécommunication. Ce dernier outil (smartphones) permettant de se connecter à tous moments et en tous lieux ou presque, les cybers ne verront plus de clients, leur raison d’exister.

A l’époque les détenteurs des téléphones, on les comptait du bout des doigts. C’est pourquoi, les cybers et les télé-centres ne désemplissaient guère, même si les qualités des échanges restaient à désirer, à cause des caprices du réseau ou de la connexion. A longueur de journée, les gens passaient leur temps devant des machines fixes, pour l’essentiel des ordinateurs de seconde main venant d’Europe ou autres pays développés.

JADIS DES ESPACES POUR CONNECTER ET RAPPROCHER LES PERSONNES

A l’image des télé-centres, à leur début, les cybers café étaient devenus des espaces de rendez-vous pour se connecter, rapprocher des personnes, saisir et envoyer des mails ou des textes/articles notamment pour des journalistes en déplacement, communiquer, chatter ou discuter... par Skype etc. Et cela faisait l’affaire de nombreuses familles, surtout d’émigrés, ayant un des leurs à l’étranger, particulièrement les épouses et enfants de ces expatriés.

Mais quand des jeunes s’en approprient pour des motivations "douteuses" ou peu claires pour les parents, c’est l’inquiétude dans des familles. Et d’autres fuyaient les cours pour fréquenter aisément les cybers avec l’argent du petit déjeuner. Combien de jeunes se sont vues trainés de force hors des cybers café par des parents, "obligés" d’agir ainsi après plusieurs mises-en-garde ou appels sans succès ?

Quant aux télé-centres, les clients faisaient des vas-vient avec leur éternel agenda ou un bout de papier sur lequel était griffonné un numéro. L’unité étant de 100 à 75 FCFA, c’est selon, les appels pour les proches, se limitaient au strict minimum. Et avec les émigrés, plusieurs tentatives s’imposaient avant de les joindre et la discussion tournait autour de la situation au bercail.

Mais avec l’avènement des téléphones cellulaires devenus accessibles à toutes les bourses désormais, plus besoin de fréquenter ces lieux, au risque de laisser des données personnelles sur une machine ou de se faire entendre lors des échanges, surtout dans les cabines téléphoniques où il n’y avait pas de discrétion. Du coup, ces deux espaces ne sont plus que de vieux souvenir aujourd’hui.

DES SMARTPHONES IMPOSENT DISPARITION, RECONVERSION ET TRANSFORMATION...

Et leur disparition n’est pas sans conséquences, puisque des milliers de personnes (propriétaires et gérants) de ces espaces se sont retrouvés au chômage. Même si quelques-uns auront réussi une reconversion ou adaptation à la nouvelle donne, beaucoup de ces espaces sont aujourd’hui transformés en des points multiservices, de transfert d’argent, en des librairies, cosmétiques ou même salons de coiffure... Bref certains anciens gérants se sont reconvertis dans d’autres métiers plus fructueux.

Alassane Wade, un ancien gérant de télé-centre nous fait savoir que les smartphones ont dévasté leur travail. "A l’époque, les appels téléphoniques nous faisaient gagner énormément d’argent. Mais avec le développement de la téléphonie mobile, la clientèle s’est progressivement réduit jusqu’à ce qu’ils désertent complétement les lieux. Voilà ce qui a gâché notre business", explique Alassane qui, aujourd’hui, est devenu vendeur de buvette dans un CEM.

A Usine Benn Tally, l’un des cybers les plus réputés, est transformé en cosmétique, mais toujours tenu par la même personne. Khadija Ndiaye qui, à l’époque, avait du mal à gérer la clientèle qui prenait d’assaut son cybercafé, n’a qu’un vieux souvenir de son ancien métier. "Il fut un temps où j’avais du mal à gérer tous les clients par ce qu’il y’avait tout le temps du monde.

Parfois, je me perdais et j’étais obligée de faire appel à mon frère qui m’aidait dans la vente des tickets ou le réglage de la connexion, pour ceux qui avaient un problème" avec leur pass, renseigne Dija. Avant de poursuivre : "le métier marchait à merveille et j’étais bien payée à l’époque. Mais depuis l’arrivée des téléphones (portables) qui ont tout chamboulé, on a d’abord fermé le cyber, avant de le transformer en une boutique cosmétique", fait-elle savoir.

ET ENTRAINENT LA PERTE DE MILLIERS D’EMPLOIS ET CHOMAGE

Selon Cheikh Kandé, le déclin des télé-centres et cybers café avait entrainé beaucoup de pertes d’emplois. "Beaucoup de jeunes se sont retrouvés sans emploi parce que les cybers et télé-centres ne marchaient plus comme avant", explique Cheikh. Car, dit-il, "avec l’arrivées des téléphones (portables simples puis des smartphones-Android, ndlr), tout a arrêté. Les employeurs étaient obligés de fermer boutiques et renvoyer le personnel car ils n’avaient plus de clients pour générer de l’argent", fustige M. Kandé qui a tourné le dos à ce métier depuis fort longtemps, avant de se lancer dans la vente de prêt-à-porter.

Pour Fanta Konté, le smartphone joue les deux rôles à savoir "appeler et se connecter" sur Internet. Donc, elle ne se rend dans les cybers, qui aujourd’hui font du multiservices, que pour scanner des dossiers. "Avec mon téléphone, plus besoin de fréquenter les cybers. Je n’y pose les pieds que pour scanner des dossiers, de temps en temps. Les téléphones sont plus discrets, même s’ils comportent aussi des risques", confie cette jeune fille.

Les cybers café et télé-centres ne sont plus d’actualité. Ils ont perdu leur notoriété avec l’avènement du téléphone cellulaire, surtout la révolution des smartphones qui ont changé la donne. Ce qui fait que beaucoup de gérants sont allés voir ailleurs, tandis que d’autres ont transformé leur espace en salon de coiffure, multiservices, boutique cosmétique...

Amsatou Gano

(Source : Sud Quotidien, 10 mars 2022)

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